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    Je dis ça je dis rien...

    Pour tout Lexomil acheté, un livre offert... Ou l'inverse

    Chaque année, c'est pareil, la Rentrée littéraire est le moment d'apprécier un genre prisé entre tous, au succès jamais démenti : le bouquin le plus déprimant de l'année, qui te donne illico l'envie d'en finir. Vite. Des titres à se tirer une balle, et à en juger la diversité du genre, nos écrivains sont super balèzes dans ce domaine. Et y a pas que le titre, le contenu aussi te déprime.

    Il n'y avait pas de raison que 2015 fasse exception à la règle. Du coup, on n'est pas déçus, ah ça non alors. Pour réussir dans la vie, rien de tel que l'écriture neurasthénique, le best-seller suicidaire. Et si vous êtes bipolaire, c'est bien aussi... Allez, voyons large, on n'a rien non plus contre les psychopathes, les pervers manipulateurs, viendez, viendez tous nombreux.

    Préparez vos mouchoirs et vos Lexomil, voici le Top 10 des bouquins les plus déprimants, mention spéciale autolyse, de la rentrée littéraire 2015…

    La Fin du Monde (Boualem Sansal, Gallimard)

    BOUM. Bienvenue dans la rentrée littéraire 2015 ! C’est officiel, il nous reste donc 69 ans à vivre puisque cela se passe en 2084. Youpi. Le parallèle avec Orwell n'est pas fortuit. Ou comment dénoncer les dérives et l'hypocrisie du radicalisme religieux menaçant les démocraties. On est vraiment obligés d'attendre 2084 pour en finir ? Parce qu'après ce livre, on se demande si, là, tout de suite, maintenant, ce ne serait pas aussi une trèssssss bonne idée. Qu'on n'en parle plus... On ne veut pas voir ça.

    Un amour impossible (Christine Angot, Flammarion)

    On est loin des livres de développement personnel. Ici Christine nous dit ce que personne n'ose nous dire, à savoir que Chouchou ne nous rappellera jamais et qu'on va finir seule, abandonnée, grosse et moche. Et au milieu de tout ça, nous jette ses sujets de prédilection à la tronche : la lâcheté des hommes, le viol, et parce qu'elle tient la grande forme, le viol des enfants notamment. Ah ça m'a filé une de ces patatesssssssss, allez fais péter le Lexo, et à haute dose hein !

    Il faut tenter de vivre (Eric Faye, Stock)

    ...Pour éviter de se pendre notamment. Mais on n’est pas sûr d’y arriver par contre. Parce que cette histoire d'abandonner plusieurs "moi" derrière soi, et de prix à payer pour sortir du tunnel, ça ne nous satisfait pas pleinement. Il est bien ce tunnel, il est tout noir, tout sombre, aux allures de cocon sordide, on aime bien. Dis, on peut y rester encore un peu ? C'est tellement bon toute cette tristesse dans laquelle se vautrer...

    Chantiers (Marie-Hélène Lafon, Editions des Busclats)

    Un titre visuel enchanteur qui nous fait rêver de béton et d’échafaudages dès le retour de vacances. Un ouvrage qui donne des envies de voyages et d'évasion. Mais le vrai souci n'est pas là, les éditions des Busclats ont une façon de vous "vendre" le bouquin un peu terrifiante. On cite : "Sur les Chantiers de Marie-Hélène Lafon, tout fait ventre et matériau, les céréomnies (sic) de l'enfance paysanne et catholique, le quotidien des familles, les chansons enfouies, les gestes et les corps, les pantoufles de Suzanne au bain, Flaubert, Claude Simon ou Bill Viola... On rentre sous la peau de l'écriture et dans la chair du vivant." Moumoune, où tu l'as foutu ce hilh de pute de flingue ?"...

    Juste avant l’oubli (Alice Zeniter, Flammarion)

    Et on préfère vous prévenir : une fois qu'il est là c'est fini.

    Le synopsis : une île, un auteur de polars qui disparaît, pas d'autre habitant qu'un gardien taciturne, ou des spécialistes chargés d'enquêter sur la disparition du scribouillard, une Emilie, un Franck qui doit la rejoindre et lui dire son amour mais l'ombre de l'écrivaillon policier rôde toujours, et va s'immiscer dans le couple, même de l'au-delà. Tremblez, braves gens, tremblez, ceci fait peur, ceci est sombre, ceci est sponsorisé par Bromazépam, la molécule du Lexomil, qui vous fait déprimer à cent mille. Et si vraiment, vraiment vous êtes sages, on alternera avec du Prozac, soyons fous...

    Vie et mort de Sophie Stark (Anna North, Autrement)

    Merci pour le méga spoiler. Spoiler qui promet d'ailleurs un ouvrage plein d'entrain. Et puis d'ailleurs Jon Snow dans Games of Thrones, il est mort, na ! Ça, c'est dit. Et ici, les êtres sont sans succès, sans avenir, troubles et insaisissables. Vermisseau tu es, vermisseau tu redeviendras. Allez pleureeeeeeeeeeee...

    Là où tombe la pluie (Catherine Chanter, Les Escales)

    Sur le sol, on espère. Sur notre tronche, plus vraisemblablement. Emprise, secte et fanatisme, assassinat du petit fils, tension, peurs, tout y est. N'en jetez plus, on est déjà au fond du trou... Et il pleut toujours. Ah non, ce sont nos larmes, bouhouuuuuu...

    Sœurs de miséricorde (Colombe Schneck, Stock)

    On a hâte de les rencontrer celles-là ! Avec un peu de chance, elles nous feront oublier notre vie de merde. Mais ici Azul, la Bolivienne, n'a pas le choix. Elle doit partir, quitter sa terre, ses couleurs, oublier ses enfants, son mari, sa culture, et découvrir l'Europe. L'Europe ? N'en dis pas plus, c'est bon, trop la loose quoi, pas bon, pas bon, alerte rouge, encore des migrants, de la crise, des êtres perdus, un continent vieillissant, danger, tout ça...

    Voulons-nous vraiment l’égalité ? (Patrick Savidan, Albin Michel)

    Mention spéciale pour le petit côté culpabilisateur du titre : "Tu es sûr que tu la veux l’égalité ? VRAIMENT ? VRAIMENT ? Sûr de sûr ?" Sinon, là aussi, le synopsis nous a filé une de ces patates, merci Albin Michel : "Nos démocraties s'étiolent, la solidarité publique vacille, d'importantes inégalités se creusent..." Donc je réképépétte, je passe la corde dans la poutre, je fais un noeud et je fais basculer la chaise... Façon, on va tous mourir, pourquoi attendre ?

    Un jour avant la fin du monde (Sorour Kasmaï, Robert Laffont)

    Encore ? On ne va visiblement pas survivre à cette rentrée. Par contre il serait bon que tout ce beau monde se mette d'accord sur la date. Ici, l'affaire se passe à Téhéran, le premier hiver suivant la révolution islamique. Mariam découvre la date de sa mort dans le livret de famille... Voilà, donc si on peut nous caler une date et une heure, manière qu'on se rende disponibles ce jour-là. Moi, pas le 30 hein, because j'ai piscine, merciiiii...

    Et si avec ça vous n'avez pas une pêche d'enfer, moi je ne sais plus quoi faire pour vous, hein... Parce que, franchement, tout ça n'est pas bien grave. Pas autant que si on était dans une société tristouille, en crise économique, avec des migrants, des gens malheureux, de la misère et d'autres sérieuses raisons de déprimer. Non dans ce cas uniquement, ce serait gênant que le livre, merveilleux outil de voyage et de rêve sur papier vienne appuyer pile où ça fait mal. Tandis que là... Youpi, tralala, cotillons, serpentins, et danse des canards, hauts les coeurs, vive les billets gothiques !

    Mais bon, je dis ça, je dis rien...

    Gracianne Hastoy

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