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    Edito

    Principe de précaution dévastateur pour le Sud-Ouest ?
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    Evidemment, vous avez entendu parler de cette terrible grippe aviaire qui a touché notre région avec… 69 palmipèdes infectés par un virus qui ne représente aucun danger pour l’homme, si l’on en croit les autorités. Et pourtant cette petite poignée de cas a déclenché une tornade qui va déstabiliser gravement toute la filière des volailles grasses, l’un des fleurons du Sud-Ouest.

    Et...

    4.000 élevages (75% de la production française) sont concernés par la décision gouvernementale de créer un « vide sanitaire », c’est à dire de les fermer pendant de très longues semaines. D’après les premières estimations, les conséquences économiques pourraient atteindre 300 millions d'euros. Sans compter la situation dramatique à laquelle vont être confrontés des centaines et des centaines de familles d’agriculteurs ou de personnes vivant de cette filière dans notre région : couvoirs, fabriques d’aliments, de produits vétérinaires ou de matériel, entreprises de transport…

    Mais, le virus le plus dangereux n’est-il pas celui qui nous frappe de plus en plus fréquemment, avec violence : le principe de précaution. La question se pose, tellement les déclarations contradictoires qui entourent « l’influenza aviaire » sont contradictoires. Cette mesure de « vide sanitaire » généralisée sera t-elle efficace ? Va t-elle vraiment éradiquer ce virus qui, pour certains, est endémique et devrait réapparaître rapidement sous différentes versions ?

    De nombreux producteurs et professionnels ont proposé un vide sanitaire plus court ou tournant sur plusieurs zones, afin d’éviter une dangereuse paralysie de toute la filière. Ils n’ont pas été entendus. On en saura plus dans les prochains jours, mais les dégâts vont, de toute manière, être extrêmement lourds.

    Plusieurs centaines de petits producteurs tomberont sous les effets de ce gel de leurs élevages. Le canard les faisait vivre en grande partie et, en plus, certains venaient d’investir lourdement pour répondre aux nouvelles normes du « bien-être animal ». Le système d’indemnisation est encore bien flou, alors que ces familles vont se retrouver très rapidement sans revenu de cette activité.

    La fermeture des élevages crée le danger à de nombreux niveaux avec des conséquences en cascade. Ainsi, les 300.000 tonnes de maïs, utilisées pour la nourriture de ces palmipèdes, vont se retrouver sur le marché mondial, provoquant une baisse des prix. La pénurie de foie gras et de magret labellisé d’origine « Sud-Ouest », annoncée dès le printemps, va faire perdre les ventes estivales. Mais, elle pourrait aussi compromettre la fin d’année (elle doit se préparer dès maintenant), qui représente 80% des ventes annuelles, en ouvrant la porte à l’importation de canards des pays d’Europe de l’Est. Le risque de perte de parts de marché est réelle.

    Heureusement, on peut compter sur la capacité de réaction du monde agricole et des acteurs de la filière pour trouver des solutions pertinentes capables de limiter les catastrophes qui s’annoncent. Espérons donc que tout cela n’est pas uniquement dicté par un principe de précaution poussé à son extrême.

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