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    Feuilleton de l’étéEnfin le Tibet, jour 5

    Laya et PresseLib’ vous entraînent dans l’univers d’une des montagnes sacrées de la Chine - Wutaishan : J’ai attrapé un coup d’je t’aime…
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    Alexandra David-Néel, Sous des nuées d’orage, Plon, 1940 - « Depuis longtemps, j’avais décidé de passer l’été à Wou Tai Chan, une des montagnes sacrées de la Chine où les circonstances ne m’avaient pas permis de me rendre, lors de mes précédents voyages. Wou Tai Chan (la montagne aux cinq pics) m’attirait à cause de la personnalité complexe du personnage, qui, depuis des siècles, y est vénéré par la multitude des pèlerins dont certains viennent des extrémités lointaines du Tibet ou de la Mongolie. »

    A peine arrivée à Wutaishan qu’elle sut que l’amour était au rendez-vous. Oui, elle sut immédiatement que cet endroit venait d’entrer dans son cœur et n’était pas prêt d’en sortir. Wutai Shan, littéralement le Mont aux Cinq Terrasses, est l’une des quatre montagnes sacrées bouddhiques en Chine. Il culmine à 3.058 mètres au Pic Yedou. Il est situé dans la province du Shanxi, et à moins de 300 km de Pékin. Il a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2009. Le site comporte 41 édifices religieux et 500 statues représentant les légendes bouddhistes. Des pratiquants de toutes les confessions bouddhiques, venus de toute l’Asie, y pratiquent des pèlerinages. Il est considéré comme le centre mondial du culte de Manjushri, Mandchourie.

    En 2007, Tenzin Gyatso, ou l’actuel Dalaï-Lama, déclarait : « La montagne aux Cinq Pics, ou Wutai Shan, en Chine, est renommée pour son association avec Manjushri, le Bodhisattva de la Sagesse. Mon prédécesseur, le XIIIe dalaï-lama, a pu se rendre en pèlerinage là-bas, et depuis mon premier voyage en Chine en 1954, je chéris l’espoir que je pourrai suivre ses pas. » Hélas, jusqu’à présent, les autorités chinoises trouvent toujours matière à refuser l’accès du lieu au Dalaï-Lama (habituez vous à l’appeler Voldemort ici, ‘celui dont on ne doit pas prononcer le nom’, vous verrez que ça va vous servir !). Un coup, c’est la route qui n’est pas en état, un coup il pleut ou il fait froid, ou il neige, bref, c’est non.

    Elle ressentit encore plus fortement le privilège, alors, d’être ici. D’autant que l’hôtel Marriott (encore) était juste époustouflant. Au pied d’une montagne verdoyante, avec la chaleur mais une agréable brise d’altitude, un petit lac, des poissons rouges, et des fleurs de lotus en fleur, que demander de plus ? Elle aimait le symbole bouddhiste de la fleur de lotus, si vénérée. Parce que cette fleur majestueuse, qui s’épanouissait sur l’eau, symbole de pureté absolue et d’Eveil spirituel, naissait de la vase ou de la boue. Comme notre esprit pouvait s’éveiller de n’importe quelle sordide condition.

    Une méditation, ici, au bord de l’eau calme du lac, fut le summum du voyage jusqu’à présent. Tous les membres du groupe étaient crevés, mais heureux. On ne s’était pas encore bien remis du jet-lag, et les jours de marche et d’activités pesaient déjà sur les mollets. En revanche, la bonne ambiance prévalait. Ce groupe était tout simplement merveilleux, chacun apportait sa singularité, ses forces et ses fragilités, mais tout s’harmonisait joliment. Rare !

    Pourtant, dès le premier jour à Wutaishan, le pèlerinage gagna en intensité. Le matin, un temple moderne. C’était son premier, et moderne ou pas, il l’émut au plus haut point. Les offrandes fraîches, les représentations du bouddha historique, Shakyamuni, ou celles de la Tara verte, les bougies, l’harmonieux Feng Shui étudié jusque dans le moindre détail de la disposition des espaces, le pieux recueillement des présents. Sans oublier le « maitre des lieux », autrement dit le Bodhisattva de la Sagesse, Manjushri.

    On prit l’habitude de faire le tour, ou une « circonvallation » de l’endroit. Un mot qui allait devenir principal dans leur activité des prochains jours. Circonvoluer, c’était tourner autour d’une statue, d’un stoupa, d’un lieu sacré, dans le sens des aiguilles d’une montre. Trois fois de préférence. Plus, si c’était possible. Les bouddhistes avaient inscrit ce mot dans leur vocabulaire général et quotidien. Les pratiquants circonvoluaient tout, absolument tout. Mâla (rosaire) en main, en faisant tourner les moulins à prières qui contenaient des mantras (formule sacrée dotée d’un pouvoir spirituel. Au Tibet, le plus fameux d’entre tous est celui de la compassion : Om Mani Padme Hum).

    Elle songea que ce voyage, en forme de tour du monde, était une circonvallation géante. Pourquoi circonvoluer, au fait ? C’était précisément le but d’un pèlerinage chez les bouddhistes. Par les circonvallations, les récitations de mantras, les méditations, les prosternations (pour certains pratiquants, le but était d’en comptabiliser 100.000 !), on purifiait le karma négatif accumulé sur plusieurs éons de vies passées, à tuer des animaux et des insectes, à utiliser des paroles blessantes, à ne pas éveiller son esprit. L’autre objectif étant d’accumuler des mérites pour les prochaines vies. Ce que les catholiques auraient pu appeler « de bonnes actions », qui tomberaient dans l’escarcelle au moment du ‘jugement divin’, ici la rencontre avec le Seigneur Yama, maître de la mort.

    On évoqua le fameux « mandala », pas seulement la jolie représentation artistique des moines tibétains, faite de sable, et détruite juste après son achèvement pour faire mesurer l’impermanence de toute chose. Mais surtout le mandala externe, ou notre projection du monde. Comment les êtres se relationnaient à leur environnement, autrement dit, côté émotions, côté actions. Et le mandala interne, articulé autour de trois axes : le corps, l’esprit, la parole. Car ces trois fondamentaux nous en faisaient faire (et dire) des bêtises ! Avec trois (encore) venins mentaux qu’étaient : la colère, le désir et l’ignorance.

    Après le premier temple, résolument moderne et récent donc, mais pas moins beau pour autant, on fila dans un monastère tibétain. Où il fallut grimper trois cent cinquante marches, pour accéder à un petit temple suspendu dans la montagne. Mais la récompense fut l’eau de cette cascade, administrée en bénédiction par un Lama fier que l’on soit monté jusqu’à lui.

    Puis dans l’après-midi, un autre monastère tibétain, et les 108 marches correspondant aux 108 perles d’un mâla, chiffre sacré en bouddhisme par excellence, puisque correspondant aux 108 épreuves que le Bouddha dut affronter avant de trouver l’Eveil. Il y a d’autres explications, du genre que l’Homme pourrait dire 108 gros mensonges durant sa vie (elle pensa à sa sœur qui aurait immédiatement rajouté : « tu rigoles ? 108 ? M’est avis qu’ils en disent bien davantage ! T’es sûre qu’il ne manque pas deux ou trois zéros à ton chiffre ? »), ou qu’il serait confronté à 108 désirs très terrestres (Sa sœur vint encore murmurer à son oreille : « Je te dis qu’ils sont faux tes chiffres. En matière de désirs terrestres, aussi, il manque des zéros. Tous les mêmes ! »).

    On dit même que l’alphabet Sanskrit -dont est inspiré le tibétain) compte 54 lettres, et que chacune ayant sa part féminine (Shakti) et masculine (Shiva), cela donne le chiffre 108. On aurait pu continuer encore longtemps sur le chiffre 108. Le pentagone dont tous les angles internes valent 108 degrés. Le Gange avec sa longitude de 12 degrés et sa latitude de 9 degrés, dont la multiplication aboutit à 108. L’astrologie et ses 12 maisons et neuf planètes. Multiplication = 108. Les 108 sentiments humains liés au temps (36 passé, 36 présent, 36 futur), etc., etc., etc…

    Ce n’est cependant pas le chiffre 108 qui la préoccupait, ni cette jeune fille occupée à faire ses prosternations sur les marches, toutes les 3 marches, mais bien la présence de monastères tibétains en terrain chinois. Preuve s’il en était que la révolution culturelle n’avait pas tout aboli, loin s’en faut, et que les liens ténus entre les deux civilisations existaient bel et bien, histoire ou pas, temps ou pas. Encore des aprioris qu’il faudrait faire voler de toute urgence…

    De toutes les addictions qu’elle était en train de découvrir, elle mesura soudain que la plus puissante était la nécessité de photographier… les portes. Depuis qu’elle était arrivée en Asie, elle était fascinée par les portes. Celles des monastères étaient sublimes. Bientôt, celles du Tibet aussi. Et même celles du Népal. Des portes… La symbolique de sa propre fascination la laissa rêveuse… Un psy en aurait fait son beurre (de yak ?). Allô, docteur ?

    Wutaishan 350 marches plus tard

    Temple Moderne de Wutaishan

    https://youtu.be/h6ywGVj9IAw

    Moments bouddhistes

    https://youtu.be/Kt_l4WWoFp0

     

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