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    Feuilleton de l’étéEnfin le Tibet, jour 7

    Laya et PresseLib’ vous font voyager au coeur de l'Empire du Milieu. Il était une fois des narcotrafiquants mexicains en Chine, et des pandas…
    Musée de Taiyuan
    C’était ce qu’elle détestait le plus dans les voyages : devoir quitter des lieux qu’elle avait aimés sans savoir si elle pourrait y revenir un jour. Wutaishan, ce n’était pas tout à fait la porte à côté… En cela, elle se savait piètre voyageuse.

    Musée de Taiyuan Musée de Taiyuan

    Une vraie bourlingueuse aurait enchaîné les lieux sans états d’âme, toujours avide de découvrir mieux et plus loin. Elle, elle avait cette nostalgie des lieux qui la hantait. Elle voulait toujours partir, certes, mais le plus souvent pour revenir à un endroit aimé. Ça compliquait les choses. Parce que cela rendait impossible de s’arrimer à un endroit, à une terre, à un confort de vie, bref le déménagement était perpétuel. Découvrir un nouveau pays, c’était vouloir y revenir un jour, ici, pas là, plutôt là-bas… Hélas dans ce monde, il y a toujours un lieu où l’herbe est plus verte. Jusqu’à découvrir le suivant…

    Mais elle se dit aussi que, même si le Tibet devait la décevoir, même si elle tombait malade maintenant et ne pouvait pas accéder au Toit du monde, eh bien, son pèlerinage n’aurait pas été vain. Wutaishan resterait longtemps (il ne fallait pas dire « toujours » ou « jamais », n’est-ce-pas ?) dans son cœur comme un lieu à part. Un de ces endroits du monde où l’on a envie de poser les valises, de dire « chez moi ». Mais vaille que vaille, il fallait partir, destination Taiyuan à nouveau, avant de prendre l’avion pour Chengdu. Peu à peu, on approchait de la frontière fatidique avec le pays des rêves. Comme le vol ne serait qu’en soirée, les organisateurs avaient prévu la visite du Musée Provincial de Taiyuan. Cependant, on tint à les avertir : « dans musée provincial, il y a provincial, donc ne vous attendez pas à un musée extraordinaire. »

    [caption id="attachment_88134" align="alignright" width="265"]Musée de Taiyuan : Calligraphie chinoise Musée de Taiyuan : Calligraphie chinoise[/caption]

    Eh bien, si c’était ça un musée provincial chinois ! Quatre étages de pures pépites, moderne, bien pensé, l’un des plus beaux qu’elle ait vus ! Bien entendu, l’histoire bouddhiste amplement contée, racontée, démontrée, avec des statues à faire pâlir d’envie Bodhgaya (le lieu sacré où le Bouddha historique trouva l’Eveil, elle vous y amènerait peut-être un jour).

    Mais aussi la construction des pagodes et des bâtiments à la chinoise, leurs toits aux angles recourbés, l’adaptation à l’environnement, le confucianisme, le taoïsme, le tout avec une mise en scène artistique des plus élégantes.

    Le voyage de Laya en Chine : Enfants

    A la sortie, un groupe scolaire d’enfants fut fasciné par ces Occidentaux aux yeux non bridés, et s’approcha, dans la spontanéité de la jeunesse. Il y avait peu de tourisme international, on ne parlait même pas anglais. Un petit garçon vint se planter sous son nez, et poussa un cri halluciné et joyeux. Elle comprit qu’il racontait au groupe la couleur de ses yeux. Évidemment, tous les avaient noirs.

    En file indienne, ils vinrent donc admirer ses yeux, qu’elle fit rouler de façon comique pour leur complaire. Un moment charmant et férocement comique.

    En quittant Wutaishan : Aéroport avec pandas

    Surtout, l’aventure du jour, ce fut de prendre l’avion. Alors que le groupe faisait la file pour embarquer, et enregistrait les bagages, elle s’entendit héler par l’épouse de leur maître.

    "Hey, Laya, t’as vu ? T’es déjà célèbre en Chine… Y a ton nom qui clignote sur tous les portiques… Whaou, prends une photo, tes lecteurs vont adorer…"

    En effet, son nom apparaissait en lettres de dragon de sang sur tous les terminaux de l’aéroport. Mais le temps qu’elle dégaine son appareil pour immortaliser l’instant de gloire, voilà que le nom s’était substitué par celui de l’épouse du maître, celle-là même qui l’avait interpelée juste avant.

    "Ah, ah, ma chérie, c’est ton tour d’être repérée, on dirait… Je prends une photo ?" demanda-t-elle hilare.

    "Oh oui, s’il te plaît !"

    Elles n’avaient pas fini de plaisanter sur le sujet qu’apparut Bruce, le guide en chef chinois, qui était échevelé, transpirant et avait perdu toute physionomie de calme asiatique.

    "Follow me, follow me, security, security…"

    [caption id="attachment_88115" align="alignleft" width="286"]En quittant Wutaishan En quittant Wutaishan[/caption]

    On les poussa jusqu’à une salle arrière de l’aéroport, sans aucun ménagement. Et là, cernées de policiers-douaniers-agents-du-gouvernement-bourreaux-tortionnaires-(c’est à peine exagéré), on leur expliqua dans un anglais très chinoïsé que quelque-chose, on ignorait quoi, apparaissait au scanner comme dangereux. Elles surent enfin ce que c’était qu’être considéré comme un narcotrafiquant mexicain quand il passe la frontière pour aller serrer la paluche à Donald (pas celui de Disneyland, l’autre, Trump). Leurs valises éventrées, petites culottes mélangées aux souvenirs, matériel pour l’Everest emberlificoté dans les soutien-gorge, (oh des cacahuètes piquantes, elle les cherchait partout…) Un sourire amusé au flic qui fronça les sourcils en guise de réponse. Ok, ok, ça va, cool mec, te mets pas dans des états pareils, c’est pas bon pour ton cœur… Au bout de minutes aux allures d’heures interminables, elle trouva. C’était la batterie (mini, mini, mini) de rechange de sa caméro Go-Pro. "Lithium no good, no good, gueulait le flic chinois."

    En quittant Wutaishan : plateau repas

    Quant à sa compère d’infortune, c’était un pauvre briquet qui avait failli la mener en prison de haute-sécurité. Elles sortirent de là aussi exténuées que si elles venaient de tester Guantanamo pendant 48 heures. Heureusement, le reste du voyage jusqu’à Chengdu se passa sans encombre.

    Le plateau-repas était constitué d’un verre d’eau et de riz avec des œufs brouillés, et une sauce condimentée à la chinoise. Pas gastronomiquement renversant, mais pas monstrueux non plus.

    Arrivée à ChengduChengdu venait d’être arrosé par un des premiers orages de l’été, donc l’avion se posa avec deux heures de retard. On avait laissé le bougon Mickaël à Taiyuan, et on fit la connaissance de Jack, taquin et rieur. Il était bientôt minuit, et dans le bus, on découvrait la ville qui semblait ne pas vouloir dormir. Les échoppes de fruits, les restaurants, les boutiques d’électronique, tout était encore ouvert. On décida, malgré la pluie, malgré l’heure tardive et la fatigue, qu’on aimait bien Chengdu, la ville des Pandas. Jack se saisit du micro dans le bus : « Hola, hola, my name is Jack, wake-up, wake-up » … Vrai que les visages témoignaient d’une certaine lassitude.

    Encore une journée bien remplie… Avec toujours une moyenne de 10 à 12 kilomètres de marche, et une trentaine d’étages grimpés. Si sa cellulite résistait à ça, c’était à n’y rien comprendre.

     

    Anecdotes et petits plus…

    Le Musée Provincial du Shanxi : C’est son vrai nom. Il est situé au centre, sur la Qifeng Jie, dans un ancien temple taoïste consacré à l’un des huit immortels chinois, Lu Dongbin, un personnage qui vécut sous la dynastie Tang. Le Petit Fûté nous apprend qu’il renferme « une belle collection de sculptures et de stèles datant de la dynastie des Han à celle des Tang. Il y a aussi la galerie des bronzes, des porcelaines des Ming, une section de peintures sur rouleaux, de broderies, de laques, de cloisonnés… »

    Chengdu : C’est la capitale de la province de Sichuan, au centre-ouest de la Chine (plus près du Tibet comme on vous dit). Elle fut capitale du pays sous le royaume de Shu, au IVe siècle avant J.C. Vous connaissez peut-être son nom pour deux raisons : parce que le poivre du Sichuan est mondialement célèbre (délicieux !), et aussi parce que la ville abrite, entre autres, le Centre de Recherche sur le Panda Géant, animal considéré comme un emblème national.

    Les Pandas et la France : Souvenez-vous, les deux pandas géants prêtés en 2012 au Zoo de Beauval en France pour dix ans renouvelables, venaient de Chengdu. Le climat du Loir-et-Cher n’étant pas très éloigné de ceux de leur Chine originale. Il s’agit de Yuan Zi (fils de celui qui a la tête ronde), le mâle de 110 kilos et de la femelle Huan Huan (seulement 100 kilos, son nom signifie « joyeuse »). Se nourrissant de 20 kilos de bambou par jour, les adolescents ont donné naissance à des bébés jumeaux pandas en 2017 (un événement dans le monde des pandas), et surtout attiré beaucoup de visiteurs supplémentaires à Beauval.

    Diaporama

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