Abonnez-vous
Publié le

Le fret ferroviaire à la relance dans les Landes

Trois chantiers : à Ychoux, entre Mont-de-Marsan et Barcelonne-du-Gers, entre Laluque et Tartas. De quoi désengorger un peu l’A63 et proposer des solutions aux coopératives agricoles…
FRET FERROVIAIRE 1
L’année prochaine, ces 3 chantiers ferroviaires, largement financés par la Région, seront lancés dans l’objectif de développer un fret sur rail adapté aux problématiques du département.

Ce n’est un mystère pour personne : le fret ferroviaire français est en souffrance depuis de longues années. Alors qu’il représentait encore 75 milliards de tonnes-kilomètres en 1975, il a entamé un interminable déclin. Encore à 55 milliards de t-km en 1998, il n’atteignait plus que 32,2 milliards en 2016. Et alors que ce mode de transport de marchandises pesait autrefois 25% du fret hexagonal, sa part serait aujourd’hui tombée à moins de 10%. La crise de 2008 n’a rien arrangé, puisque le secteur a en plus dû pâtir du recul général des activités de transport.

Cette délicate situation s’accompagne de difficultés pour les acteurs du transport ferroviaire de marchandises, en tête desquels Fret SNCF, qui détient 60% du marché et a réalisé un chiffre d’affaires de 903 millions en 2017, mais pour 120 millions de pertes…

La dette de l’opérateur tutoierait désormais les 5 milliards d’euros. Sa filialisation au sein de la SNCF, qui prendra effet début 2020, pourrait permettre d’en absorber une partie, même si l’avenir de cette branche fret suscite de nombreuses interrogations, alors que la fermeture de la fameuse ligne Perpignan-Rungis n’est pas sans faire grincer des dents.

20 millions d’euros investis cette année en Nouvelle-Aquitaine…

Flux transport routier

Pour autant, la longue décrue du fret par rail semble s’être un peu calmée ces dernières années. En amont du « pacte ferroviaire » adopté en juin 2018, le rapport Spinetta a déjà fait remarquer que « le fret se redresse depuis 2014 », bien qu’il « souffre tout particulièrement de la multiplication des chantiers sur le réseau et des contraintes croissantes sur les capacités dans les grands nœuds ferroviaires », affichant de ce fait « une qualité de service dégradée », avec un taux de régularité des trains de seulement 83% en 2015. Ce qui n’est pas sans provoquer certaines craintes de la part des clients potentiels.

En d’autres termes, la rénovation et les investissements dans l’infrastructure seraient un prérequis indispensable pour relancer le fret ferroviaire en France. Des investissements que nos acteurs du fret, fragilisés, ne sont pas en mesure d’assumer. Et tout ceci tandis que le trafic de poids lourds a grimpé de 20% dans les Landes entre 2014 et 2018 : 9.000 camions circuleraient chaque jour sur la portion landaise de l’A63. Sans compter le réseau secondaire…

Dans la Région, 20 millions auraient été investis en 2019 pour répondre à ces défis. Et 11 le seront dès l’an prochain dans les Landes, en vue de 3 grands chantiers. Pour 4,5 millions (dont un financé par l’État), c’est la ligne de Mont-de-Marsan à Barcelonne-du-Gers qui sera rénovée afin de relancer le transport de céréales des grandes coopératives de la région, activité bien en phase avec le mode ferroviaire.

Pas moins de 150.000 tonnes de céréales pourraient chaque année emprunter la voie ferrée. Le chantier s’articulera avec d’autres travaux côté occitan, qui pourraient permettre le prolongement de la ligne jusqu’à Tarbes.

Un chantier innovant du côté d’Ychoux…

Est ensuite concernée la ligne Laluque-Tartas, qui sera également rénovée pour 5 millions d’euros. Enfin, 1,7 kilomètre de voie sera modernisé du côté d’Ychoux pour 1,5 million d’euros. La société espagnole Berango, spécialisée dans le nettoyage de cuves, citernes et wagons de fret, envisagerait en effet une installation dans cette zone idéalement située entre Bordeaux, Bayonne et l’autoroute. À ce chantier d’Ychoux, qui sera mené dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la société d’ingénierie Systra, seront associées des innovations comme des traverses en béton bas carbone ou l’implémentation d’un système de géolocalisation des trains par satellite (avec le cluster mobilité Topos Aquitaine).

À moyen terme, ces chantiers pourraient permettre de relancer le fret ferroviaire dans ce département landais qui s’y prête tout particulièrement. Plusieurs entreprises seraient en réflexion sur le sujet, comme l’usine Smurfit Kappa de Biganos, spécialisée dans la cellulose du pin.

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire