Afin d’enrayer ce cercle vicieux, un plan de transformation des bureaux de tabac, en coopération avec CCI France, a été mis en place en 2019. Initié par Philippe Coy, vice-président de la CCI Pau Béarn et président de la Confédération nationale des buralistes, ce programme a pour objectif de faire naître un grand mouvement d’ampleur nationale, porté par les Chambres de commerce et d’industrie.
« Les bureaux de tabac sont des commerces de proximité, c’est souvent le dernier commerce restant dans les endroits les plus reculés. On l’oublie souvent, mais cette profession est créatrice de lien social », tient à souligner Didier Laporte, président de la CCI Pau Béarn.
En effet, dans les petites communes rurales, où les services et commerces ont tendance à se raréfier, les bureaux de tabac tiennent une place essentielle. Bien plus que de simples points de vente de tabac, ils jouent un rôle social et économique crucial pour les habitants.
En plus de la vente de tabac, de presse et de jeux, ces établissements proposent de nombreux services de proximité. Ils sont souvent les seuls points de vente de timbres, de cartes postales et de recharges téléphoniques. Ils peuvent également proposer des services de paiement de proximité, de dépôt de colis et de billetterie.
La nécessité d’un second souffle
« Les buralistes ont compris que la clé de leur survie est la diversification, que ce soit dans les services de proximité, dans la vente de fournitures de bureau, avec également : des casiers de Points Relais pour déposer les colis, des services de bar, de restauration ou d’épicerie… Aujourd’hui, le buraliste doit jongler avec de multiples casquettes et se diversifier », assure Jérôme Récapet, président de la Confédération des buralistes des Pyrénées-Atlantiques et buraliste à Navarrenx.
Depuis 2019 et la signature de la première convention de ce type, la CCI Pau Béarn a ainsi accompagné près de 43 de bureaux de tabac (sur les 145 adhérents en Béarn et Soule), via des audits destinés à engager la transformation de ces commerces. Le renouvellement de ce partenariat va permettre de transformer une quarantaine de bureaux de tabac sur une période de trois ans.
À travers cette convention, prévoyant une subvention plafonnée à 33.000 euros par buraliste, la CCI Pau Béarn propose un accompagnement complet et personnalisé : état des lieux, modernisation (intérieur et extérieur), réaménagement de l’espace de vente en fonction du commerce, de sa zone géographique et de sa clientèle, mise en place de nouvelles activités…
La chambre consulaire fait également bénéficier ces commerçants de son expertise sur les transitions indispensables : le digital, l’écologie, l’énergie. Elle identifie aussi les buralistes qui souhaiteraient préparer la transmission de leur point de vente…
« Même s’il ne nous a pas sauvé, ce plan de subvention nous a tout de même beaucoup aidé. Il apporte des idées nouvelles et un second souffle plus que bien venu. Le buraliste a une image très vieillissante pour la population : point de vente vieillissant, qualité d’accueil moyenne… Il a fallu remobiliser les professionnels, pour réfléchir à l’avenir du métier », reconnait Jérôme Récapet.
Patrick Etcheber établit le même constat. Buraliste depuis maintenant 27 ans, il a vu son métier évoluer en même temps que son commerce : le bureau de tabac-presse Le Brazza, installé au 4 rue Montpensier, à Pau.
Il a bénéficié de ce plan de transformation il y a un an et demi. « Tout a été refait et repensé pour redonner un coup de boost à mon commerce et mettre davantage en lumière la partie magazines/presse. En tant que buraliste, il est important de se diversifier, pour amener une autre clientèle à pousser nos portes. Même si ces travaux m’ont permis d’enrayer la chute de mon chiffre d’affaires, l’avenir reste toujours aussi incertain, car les gens fument et lisent de moins en moins », témoigne-t-il, fataliste.
Noémie Besnard
Mauvais temps pour les buralistes
La Confédération des buralistes de Béarn et Soule enregistre une baisse moyenne du chiffre d’affaires de 11% sur le premier trimestre par rapport à 2023 (qui été déjà une année médiocre). Cette tendance risque de s’amplifier avec l’entrée en vigueur, le 29 mars dernier, du décret sur l’importation de cigarettes dans l’Union européenne. Ce dernier autorise l'achat et le transport de quatre cartouches de tabac par personne (contre une seule auparavant) au sein de l’Union Européenne. Les Français peuvent donc aller dans les ventas espagnoles pour se fournir en tabac à moindre coût.
« La vente de tabac représente en moyenne entre 70 et 80 % du chiffre d’affaires d’un buraliste. Quand cette partie baisse d’année en année, il est important de savoir se diversifier pour vendre des produits sur lesquels on peut faire de la marge [NDLR : entre 14 et 20 % de marge sur la presse et les magazines, contre 8 % pour le tabac] », commente Jérôme Récapet.
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