« J’ai commencé en culottes courtes, plaisante le jeune retraité, en février 1975, et je suis parti à la retraite en mars 2020, soit 45 ans pile dans la même société. Elle s’appelait à l’époque “Garros”, du nom de son dirigeant, avant de devenir CDP Garros, et était spécialisée dans les produits de droguerie, quincaillerie et graineterie. Elle a ensuite été rachetée par Monsieur Doligé, et on s’est recentrés sur les bocaux Le Parfait, jusqu’à devenir leader national sur le marché de la conserve ».
Gérard a pris l’habitude de dire “on”, lorsqu’il parle de son parcours professionnel, tant son évolution semble intimement liée à celle de l’entreprise. Il faut dire que d’entrée, Michel Doligé a repéré son potentiel et lui accorde toute sa confiance.
Je lui ai dit : « Gérard, vous connaissez les produits, vous connaissez les clients, soyez représentant ! »
« Durant son service militaire, Gérard avait eu l’intelligence de passer son permis poids-lourds. Quand j’ai racheté l’entreprise, il allait livrer sur toute la région Midi-Pyrénées. Je lui ai dit “Gérard, vous connaissez les produits, vous connaissez les clients, soyez représentant !”» raconte celui qui, à 80 ans, est toujours président de CDP Distribution, sans envisager une seule seconde de prendre sa retraite.
« C’est ce que j’ai fait » reprend Gérard. « Je manipulais ces produits qui me passionnaient tous les jours, et j’allais livrer dans les villes et les campagnes ; c’est ce qui m’a permis de me sentir à l’aise dans mes nouvelles responsabilités. C’était un peu un défi pour moi, puisque je n’avais jamais fait d’école de commerce, mais j’ai eu droit à des stages et des formations. Et puis on a évolué, on a pris de l’ampleur… Dans les années 95, j’ai aussi été nommé chef des achats ; j’avais la double casquette avec celle de directeur commercial ».
Tout le monde voulait aller de l’avant
Ce qui motivait le plus Gérard, c’était de faire partie de cette famille de 12 à 15 salariés, où tous se donnaient à fond pour construire autour de ces bocaux de nouvelles gammes pour les conserves l’été, et les outils de transformation des viandes et pâtés pour l’hiver.
« Tout le monde voulait aller de l’avant. En plus de la confiance accordée par Michel Doligé, qui n’hésite pas à tomber la cravate pour aller sur le terrain, nous étions sur un marché porteur, avec de nouvelles évolutions dans la société. Ça donnait envie. Avec l’équipe, nous avons constitué un catalogue de près de 800 références… ».
Et c’est aussi Gérard qui était chargé d’aller en Chine régulièrement pour sélectionner les nouveaux produits. « Il connaissait par cœur ce qu’il fallait acheter ! Le seul problème, c’est qu’il ne parlait pas anglais… Mais quand on a du bon personnel, on a intérêt à le garder. C’est pour ça que j’ai créé en 2000 l’intéressement dans la société, ça n’existait pas à l’époque » souligne celui qui fut aussi président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Gers pendant 18 ans, et président des Banques Populaires de Midi-Pyrénées.
Alors bien sûr, si la décision de prendre la retraite a été repoussée de deux ans, Gérard reconnait qu’à 64 ans, les déplacements étaient devenus un peu plus fatigants, en plus des mails qui s’accumulent, du téléphone qui devient envahissant… Après 45 ans de bons et loyaux services, c’est décoré de la médaille Grand Or du travail qu’il a dit « Au revoir » à ses collègues. Juste « Au revoir », car impossible pour lui de ne pas les retrouver régulièrement pour prendre des nouvelles, et discuter encore un peu des dossiers…
Marielle Fourcade
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