Aux dernières nouvelles, c’est donc l’enseigne expulsée de son bâtiment d’origine (construit en 1907) par un violent incendie en avril 2016, qui devrait revenir en grandes pompes sur la place Clemenceau. Si l’on en croit le maire de Pau et premier ministre, la réouverture est programmée pour septembre 2027, 11 ans après. On croise les doigts.
Souhaitons que ce projet ambitieux puisse voir le jour et, surtout, dans de bonnes conditions. Il n’y aurait rien de plus cruel pour les collaborateurs de cette enseigne, hébergée tant bien que mal au Centre Bosquet, depuis près de 9 ans, que de vivre une grosse déconvenue. Souhaitons également que les Palois, qui participent au financement de cette opération très lourde (plus de 25 millions d’euros HT), via la Société d’économie mixte Pau-Pyrénées, n’aient pas une mauvaise surprise.
Il faut dire que les aléas sont encore nombreux et la situation de l’enseigne commerciale est particulièrement complexe. En 2018, Michel Ohayon, avec sa société Hermione, a racheté au Groupe Galeries Lafayette 26 de ses magasins, dont ceux de Tarbes, Bayonne et Dax. À Pau, c’est finalement la SEM Pau-Pyrénées qui a fait l’acquisition de cet ensemble immobilier à l’abandon au prix de 750.000 euros, fin 2022, tandis que l’homme d’affaires bordelais gèrait l’activité.
Coup de tonnerre début 2024, le groupe de Michel Ohayon, en grande difficulté sur ses grandes marques commerciales, est obligé de vendre plusieurs d’entre-elles et de réduire drastiquement la voilure concernant "ses" Galeries Lafayette. Après avoir obtenu un important abandon de créances (70%) de la part du Groupe Lafayette et l’engagement de continuer à fournir les magasins, un plan a été proposé devant le Tribunal de commerce de Bordeaux, prévoyant la poursuite des sites de Tarbes, Bayonne et Dax, mais… la fermeture définitive de Pau, à court terme. C'était il y a seulement quelques mois.
L’avenir du projet palois dépend donc de trois partenaires et de l’évolution de leurs impératifs et ambitions : l’Agglo de Pau (via la SEM) qui assure les travaux et devra au minimum récupérer un million d’euros de loyers annuels pour n’avoir pas à ponctionner les contribuables ; la société Hermione qui devra relancer l’activité des Galeries Lafayette (endormie depuis près de 9 ans) de manière spectaculaire afin de pouvoir s’en sortir économiquement, jouer son rôle de locomotive et payer sa part de loyers ; le Groupe Lafayette qui ne pourra tenir ses engagements que si l’ensemble des autre sites propriétés de Michel Ohayon tiennent les leurs.
Clairement, dans le contexte actuel, le défi à relever n'est pas simple, ce qui explique la prudence ressentie derrière les annonces. Même si tout le monde veut y croire, cette fois-ci.
Un projet à adapter…
Le cabinet d’architecte Chamss Arouise et la SEM Pau Pyrénées, propriétaire et maître d’ouvrage, ont annoncé qu’ils abandonnaient l’option d’activités mixte, comprenant même de l’hôtellerie, tel qu’elle avait été présentée il y a un peu plus d’un an.
Lire notre article du 26 novembre 2023 - Le serpent de mer des Galeries Lafayette de Pau a un nouveau visage
L’objectif est de créer un espace annoncé comme « unique en Europe » : un lieu hybride mêlant commerce, restauration, espace de découverte, d’animation, d’expérimentation, de convivialité (ateliers, pop-up store, incubateur commercial, animation d’une communauté d’utilisateurs, salon de thé…).
L’enjeu est de proposer un environnement autour de l’acte d’achat en mettant en avant l’architecture du bâtiment et en proposant une programmation riche et diversifiée.
La SEM réalise et finance la réhabilitation, tandis que la SPL des Halles et République sera l’exploitant du site et sera chargée de l’animation commerciale. L’entité sous-louera donc les locaux au groupe Hermione.
Le bâtiment entièrement rénové et transformé proposera, sur un peu moins de 5 800 m2 de surface au sol : un espace commercial de 3.030 m2 de surface de vente dédié aux Galeries Lafayette et son salon de thé intégré ; un restaurant en roof top et sa terrasse pour une surface de 400 m2. Ce dernier sera accessible à la fois depuis l’intérieur du magasin, mais aussi indépendamment depuis la façade Clemenceau.
Affaire à suivre, comme on dit…
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