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FOCUSLes artisans de Nouvelle-Aquitaine entre incertitude et optimisme

Une fois de plus, la résilience caractéristique des artisans ne leur fait pas défaut. 73% prévoient de maintenir leur activité pour les six prochains, mois malgré la situation économique. L'action des chambres consulaire pour accompagner ce formidable réseau est décisive.
Deux artisans regardent leur ordinateur dans leur atelier.
La Nouvelle-Aquitaine compte 184.000 entreprises artisanales, dans les secteurs de l’alimentation, du bâtiment, de la fabrication et des services (qui représentent 37% des entreprises totales). Dans la région, l’artisanat représente 30 milliards de chiffre d’affaires par an et 200.000 actifs.

Au cours d’une enquête, 2.000 artisans ont été interrogés au cours des mois de juillet et d’août 2022. Gérard Gomez, Président de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat de Nouvelle-Aquitaine, a présenté les résultats de cette étude mardi 4 octobre au siège de la CMA régionale, à Bordeaux.

Si les voyants étaient au vert en début d’année, les artisans ont dû faire face à de nombreuses perturbations. « Les crises s’enchainent [gilet jaunes, Covid, guerre en Ukraine, inflation croissante, crise énergétique, incendies estivaux…], mais les artisans sont combatifs, ils l’ont toujours été. 65.9% des interrogés n’envisagent pas de céder leurs entreprises. L’artisanat est un secteur qui sait s’adapter aux mutations et aux périodes troublées », commente Gérard Gomez.

Les chefs d'entreprises artisanales restent ainsi combatifs et affichent même une forme d'optimisme au regard des bons chiffres du secteur, puisque sur les six derniers mois, on constate que 26% des entreprises ont quand même pu développer leur entreprise et 73.3% n’ont pas changé leur activité.

En constante hausse depuis 2020, la création d’entreprises artisanales poursuit son évolution en 2022, avec 5.000 entreprises supplémentaires créées au premier semestre 2022 en Nouvelle-Aquitaine. « C’est déjà un élément encourageant pour l’économie de notre région. On constate de plus en plus que les gens ont besoin et envie de faire ce qu’ils aiment faire, pour vivre de leur passion et donner un sens à leur vie à travers les métiers de l’artisanat », s’enthousiasme le président de la chambre consulaire régionale.

Une vision optimiste pour les prochains mois

Selon cette étude, 73% des artisans interrogés prévoient de maintenir leur activité pour les six prochains mois malgré une dégradation de la situation économique généralisée (43.7% sont inquiets, mais restent optimistes et 21.8% sont très inquiets).

« On ne peut pas payer les factures à leur place, mais nous pouvons leur proposer des diagnostics pour faire baisser leur consommation d’électricité, les aider à comprendre et à appréhender les dispositifs mis en place par le gouvernement, les accompagner dans leur recherche de financement pour du matériel moins énergivore », précise Gérard Gomez.

En termes de projections dans les mois à venir, 54.1% des entrepreneurs interrogés misent sur la stabilisation de leur activité. Ce qui montre qu’ils ont conscience qu’il faut rester prudent pour « sauver les meubles et pérenniser leur activité ».



Former et se former, une solution d’avenir

Toujours en tête des préoccupations des artisans, les difficultés de recrutement persistent. ¼ des entreprises (42.6% dans l’alimentation et 31% dans le bâtiment) se disent prêtes à recruter en 2023, ce qui représenterait près de 500.000 emplois.

Pour répondre à cette problématique, la solution phare de la CMA régionale reste la formation. Actuellement, 12.800 jeunes formés dans les 16 sites du CFA apprentissage, soit 23% des apprentis de la région (+6% des contrats d’apprentissage pour cette rentrée 2022).

« Aujourd’hui l’apprentissage est considéré comme une vraie voie de réussite. La réforme de la formation professionnelle de 2018 a permis un essor considérable de l’apprentissage. Les CMA y ont pris part avec des résultats importants en dépit des crises sanitaires et économiques. C’est un impératif pour répondre aux besoins de main-d’œuvre qualifiée de nos entreprises artisanales dans un contexte de forte tension pour de nombreux secteurs et métiers », se félicite le président.

Affiche de promotion de la formation de la CMA de Nouvelle-Aquitaine

Il faut dire que les chefs d’entreprise jouent le jeu : 21.7% des entreprises se disent prêtes à accueillir un ou plusieurs apprenti(s) dans les six prochains mois. Les secteurs de l’alimentation et du bâtiment sont les principaux demandeurs. « À une époque, nous n’avons pas su favoriser certains secteurs et nous n’avons pas assez formé d’apprentis dans le bâtiment par exemple, c’est peut-être cela que l’on paye aujourd’hui. Prendre un apprenti, c’est investir dans l’avenir, donc les entreprises sont plutôt optimistes sur cette thématique », poursuit-il.

D’autre part, les chefs d’entreprise ont souligné un besoin de se former pour faire face aux problématiques qu’ils rencontrent. 21.6% d’entre eux ont suivi une ou plusieurs formations en 2021 ou 2022 pour s’adapter à ce monde en mouvement.

En parallèle, 1/3 des interrogés disent avoir besoin de formation en 2022, pour développer leur connaissance dans le numérique, la gestion de l’entreprise et la compréhension des règlementations. « Nous sommes véritablement sur une tendance de fond. Les chefs d’entreprises artisanales ont compris que pour faire évoluer leur structure, il faut s’adapter en se formant régulièrement ».

« Au mois de janvier, on voyait le bout du tunnel, aujourd’hui, le bout du tunnel semble encore loin. Malgré tout, on reste confiants et on voit toujours cette lumière au bout du tunnel. Les coûts de l’énergie ont beau être élevés, on va tout faire pour que cette lumière reste allumée et que les artisans continuent de la voir », explique-t-il.

Noémie Besnard

Site internet Artisanat Nouvelle Aquitaine

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