« Avec Line Renaud et Hugues Auffray, il était l'un des derniers représentants du music-hall », a témoigné un proche qui honore la mémoire de cet « artiste complet, capable de faire sourire et rire, de faire réfléchir ou pleurer ».
Marcel Amont avait célébré ses 90 ans sur la scène de l'Alhambra, accompagné notamment par Christophe, Serge Lama, Nicoletta et Michèle Torr. Il a ainsi exercé son métier jusqu’au bout.
Le fils du cheminot communiste Modeste Miramon et de l’aide-soignante catholique Romélie Lamazou commence à la radio où il prend le nom d’Amont. A 22 ans, il prend le chemin des cabarets à Paris.
« Pendant sept ans, ce maigrelet volubile se produit chez Patachou avec Jacques Brel, à la brasserie Graff avec Raymond Devos, au Liberty's où il rencontre Jacqueline Maillan, Gilbert Bécaud mais aussi Jackie et Fernand Sardou qui amènent en coulisses leur gamin joufflu, le petit Michel » rappelle le Figaro. « À la Villa d'Este sur les Champs-Élysées, il rencontre son grand ami avec qui il partage l'amour des chats, Georges Brassens. Il travaille comme un fou, vit dans des taudis, a souvent la faim au ventre et manque y laisser sa peau. »
C’est en 1956, que sa carrière explose, du jour au lendemain. « À 27 ans, il brille en première partie d'Édith Piaf à l'Olympia. Au parterre, Charlie Chaplin, Marlene Dietrich, Maurice Chevalier, Yves Montand sont bluffés ». Dans Le Figaro, Paul Carrière titre : « À l'Olympia, Édith Piaf et Marcel Amont. »
« Disques, film avec Brigitte Bardot, tournées en Europe, au Canada, en Afrique, au Japon, en URSS… Globe-trotter, il est la vedette n°1 du music-hall qui chante en plusieurs langues. Brassens, Nougaro, Aznavour lui écrivent des chansons ».
« Cinq ans plus tard, c'est le tsunami des yéyés. Il a bientôt la quarantaine. Petit à petit, et aussi parce qu'il décide d'écrire ses textes sous un pseudo, il perd ces grands auteurs. Il refuse de chanter des chansons qu'il juge trop populaire, préférant les chansons scéniques aux chansons radiophoniques. Pas de tube pas de radio. Il finance une comédie musicale qui sera un flop. Un bide monumental lors d'une première à Bobino en 1976 lui fait perdre confiance en lui ».
Marcel Amont a alors vécu une longue traversée du désert jusqu’au début des années 2000. Une épreuve qu’il décrit dans Les Coulisses de ma vie (Flammarion, 2019) : « C’est comme une partie de soi qui nous manque, l'amputation d'un membre, un parasite qui lentement s'insinue dans les moindres recoins de l'existence, dans chaque instant de la vie, la recouvrant d'un brouillard épais que rien ne dissipe ».
Son « come-back » a été d’autant plus spectaculaire aux côtés de talentueux « anciens ». « Un disque jazzy réussi avec Agnès Jaoui, François Morel, Gérard Darmon, Didier Lockwood. Et bingo. Son nom a brillé de nouveau en lettres rouges sur le fronton de l'Olympia où il a enchaîné les ovationsn accompagné de Maxime Forestier à la guitare. Ensuite, à 80 ans révolus, ce furent les tournées Âge Tendre avec sa grande copine Annie Cordy et ses camarades de loges, Gérard Lenorman et Hugues Aufray. Cerise sur le gâteau en 2018 : un dernier album joliment intitulé Par-dessus l'épaule où il chante Le Mexicain en duo avec Charles Aznavour, un titre que cet ami lui avait offert soixante ans plus tôt ».
Adieu l’artiste !
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