Photo : Kryo Ice Cube.Respectivement commercial dans l'énergie, et professionnel dans les assurances, Killian et Kevin Guivarch ont eu l'idée de se lancer ensemble après un constat fait lors des fêtes de Bayonne 2019. « C'était le samedi soir, il devait être minuit, et l'un des plus gros bars est tombé en panne de glaçons... Les gens partaient, et ça nous a interpellés, on se disait que c'était trop bête de terminer sa soirée à cause d'un manque de glaçons... ».
La graine était plantée dans l'esprit des deux frères qui n'attendaient plus qu'elle éclose. « Un jour j'ai vu un reportage sur l'industrie du glaçon en France, et j'ai eu envie de creuser le sujet. Autour de chez moi, c'était déjà pas mal exploité, mais il n'y avait rien dans les Landes », explique Kevin, bitterois à ce moment, qui s'est donc rapproché d'une région qu'il connaissait très bien puisqu'il y avait de la famille.
« Il y a peu de fabricants en France, beaucoup de glaçons sont importés notamment d'Espagne qui est un énorme producteur ». Kryo Ice Cube, fondée en 2020, ne passait d'ailleurs pas à côté de ce marché pharamineux qu'est celui de la péninsule ibérique, jusqu'à l'année dernière. « Notre objectif final a toujours été de proposer du 100 % local. La pénurie européenne de l'année dernière a accéléré le processus. Nous pouvons être fier de participer, à notre petite échelle, à la réindustrialisation en France d'un métier oublié ».
Le duo s'est alors équipé de machines dédiées à cette production, pour produire jusqu'à une tonne de glaçons par jour. « Nous recevons sous peu un nouvel outil qui nous permettra de produire trois tonnes supplémentaires, pour faire grimper notre production à quatre tonnes par jour ». Une quantité astronomique de petits blocs de glace qui sont principalement destinés aux professionnels (grandes surfaces et épiceries pour la revente, bars et restaurants pour les boissons), même si des particuliers peuvent faire affaire avec l'entreprise.
Mais alors qu'est-ce qui différencie des glaçons fabriqués en grande quantité comme le font Kevin et Killian Guivarch, des glaçons que l'on peut faire, chez soi, pour prévenir d'un apéro entre amis ? « Notre plus-value, c'est que l'on utilise une eau traitée. Chez soi, on va utiliser de l'eau du robinet, potable, mais qui a un goût. Avec notre méthode de production, les glaçons n'ont pas de goût, et n'altèrent pas avec la boisson ». C'est aussi pour répondre à une véritable demande, les professionnels n'ayant pas le temps, ni les moyens de produire un grand nombre de glaçons pour leurs activités. « Et même les particuliers ! Combien de fois on se retrouve à recevoir du monde et à ne pas avoir préparé de glaçons en amont... ! ».
Au-delà de la fabrication de glaçons, Kryo Ice Cube s'affaire aussi à la location de congélateurs, souvent inclus dans l'achat de glaçons, à la production de glace pour les poissonneries, de glace pilée pour les cocktails, et offre même une possibilité haut-de-gamme grâce à la vente de clear ice, des glaçons totalement transparents utilisés dans des établissements de luxe, ou pour de la sculpture sur glace. « C'est un artisan bordelais qui la fabrique, et nous la distribuons. Nous trabaillons d'ailleurs avec un artiste parisien pour la sculpture sur glace ! Nous sommes ses fournisseurs du sud de Bordeaux jusqu'à la frontière espagnole ».
Cette zone est d'ailleurs celle que visent les deux frères. « Notre vocation c'est de devenir une référence dans le Sud-Ouest. C'est là que l'on retrouve la grande majorité de notre clientèle : dans les Landes, mais aussi en Gironde, dans le Béarn, sur la côte, etc. ».
Aujourd'hui à deux, malgré des périodes estivales bien chargées, ce n'est pas suffisant pour permettre aux gérants de vivre. « Killian réalise du courtage en énergie, surtout l'hiver. De mon côté, je complète aussi pendant la période creuse avec du montage de pivots d'irrigation, et d'autres business. Cela demande du temps et de l'implication, donc l'objectif c'est de pouvoir recruter quelqu'un qui y serait dédié, parce qu'actuellement on travaille seuls, et une fois que les glaçons sont produits, on les ensache manuellement, on stock et on distribue nous-mêmes ! ». La fratrie regorge d'idées pour pouvoir développer son activité, à l'année, et paradoxalement, ils préfèrent les garder bien au chaud...
Timothé Linard
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