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Edito

La nouvelle puissance basque fait-elle peur ?

Après un combat acharné entre « pro » et « anti », les élus communaux ont tranché : le Pays basque sera réuni au sein d’une intercommunalité unique au 1er janvier 2017. A ce jour, 80 communes (sur 158) représentant 56,7% de la population se sont prononcées en faveur de cet Établissement public de coopération intercommunale (EPCI).

Et…

intercommunalite2paysbasqueCeux qui réclamaient depuis des décennies la création d’un Département basque n’y perdent pas au change, à condition bien entendu que cette nouvelle "institution" se mette en place dans de bonnes conditions et trouve sa dynamique.

En effet, les Conseils départementaux ont été dépouillés d’une partie de leurs compétences par la réforme territoriale et restent sous la menace d’une suppression pure et simple. Potentiellement, cet EPCI basque peut avoir un pouvoir qui dépasse largement celui qu’aurait eu un Département basque. Il devrait avoir la haute main sur des dossiers majeurs comme l’aménagement du territoire, l’habitat et la mobilité, le développement économique, la culture, l’environnement, l’action sociale…

Reste à savoir si cette institution basque sera gouvernable et gérable, ou si elle s’enlisera dans des conflits d’intérêts divergents entre les 158 communes, entre la côte et le Pays basque intérieur, entre les puissantes zones urbaines et les petits territoires ruraux. C’est ce qui fait peur aux « anti » qui pointent aussi le risque d’un repli sur soi trop identitaire.

Déjà, on mesure la difficulté de dynamiser les communautés d’agglomérations ou de communes actuelles. Le risque est que ce soit pire en fusionnant les 10 intercommunalités basque ; l’espoir est que ce soit bien mieux avec une ambition qui  s’élève au-dessus des égos.

Une chose est certaine, il s’agit d’un tournant historique pour le Pays basque qui pourra ainsi maîtriser assez largement les leviers de son évolution, même si l’Etat ne cesse de ponctionner les collectivités locales pour alimenter ses caisses vides.

PL DEPARTEMENTLe Conseil départemental doit-il avoir peur ? Oui, si cette entité basque unique décide de peser de tout son poids pour obtenir toujours plus du Département, au détriment de son rival béarnais. Oui, si elle s’attribue des prérogatives qui mordent sur celles du Département. Cependant, avec le transfert de certaines compétences vers la grande région Aquitaine (comme l’économie), c’est plutôt à cet échelon là que le bras de fer pourrait s’engager.

BEARN PARC NATIONAL 1Le Béarn doit-il avoir peur ? Oui, s’il se montre incapable de s’unir comme le fait son meilleur ennemi et néanmoins voisin. C’est, pour le moment ce qui se dessine, avec l’élargissement de ses intercommunalités et une concurrence attisée entre elles. Le Béarn se repose encore trop sur le confort que lui procure ses ténors, comme Total et les fers de lance de l’aéronautique. Avec un léger complexe de supériorité qui pourrait lui jouer de mauvais tours à l’avenir. L’exemple du projet de ligne ferroviaire à grande vitesse est un signe. Même s’il a du plomb dans l’aile, il n’a jamais pris en compte le Béarn pour se concentrer sur l’irrigation des Landes et du Pays basque.

spyrogire3mimizanLes Landes doivent-elles avoir peur ? Oui, ci cette entité basque se donne encore plus de moyens pour s’imposer sur ses frontières. Mais avec l’appui du Conseil départemental, les Landais de la côte, du Marensin et de Dax peuvent se donner les moyens de répliquer. La guerre est déjà déclarée au niveau des centres commerciaux géants, entre Ikea-Bayonne, les Allées Shopping d’Ondres et les projets de Saint-Geours de Maremne. Le danger est qu’elle s’étende à d’autres secteurs.

BAYONNE VUE AERIENNEEn attendant on suivra attentivement la mise en place de cet EPCI. La première étape interviendra début juin avec un arrêté qui déclenchera la fusion des dix intercommunalités basques, avec intégration de toutes leurs compétences. Il faudra alors définir précisément les compétences respectives de cette entité, des communes et des divers syndicats (95 actuellement qui doivent être réduits à une cinquantaine, théoriquement).

En septembre, un autre arrêté fixera le nombre de sièges attribué à chacune des 158 communes pour siéger au Conseil de l’EPCI composé de 232 élus (bon courage !). Et enfin, viendra le temps des dossiers concrets (et brûlants) comme la fiscalité.

Une sacrée aventure, à suivre de près…

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