Je vous préviens d'emblée, aujourd'hui on ne va pas rigoler du tout. Je viens de piquer une rogne terrible, et bien entendu, c'est vous qui allez en faire les frais (qui d'autre ?).
Une histoire de nouvelle façon d'orthographier les mots pour éviter le sexisme. Avec des points, des accords débiles, et des consonances qui choquent mes délicates oreilles. Et mon neurone surdéveloppé (Hep, tu te tais, d'accord ? C'est moi que je cause !)
Et…
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes HCEfh) qui l'assure dans un livret présenté la semaine dernière au ministère de la Santé, pour "lutter contre les stéréotypes de sexe".
Et d'emblée ça démarre mal, puisqu'on lit une nouvelle façon de s'exprimer, soi-disant correcte désormais : "Les représentations auxquelles (Nda : dans l'original, ils oublient le "x" de auxquelles, mais apparemment, si le sexisme est leur dada, l'orthographe l'est moins !) les citoyen.nes sont constamment exposé.e.s renforcent les stéréotypes de sexe et les inégalités entre les femmes et les hommes", justifie LA rapporteur (euh, on dit pas plutôt "rapporteurE" du coup ? Hey, je pose une question juste, on arrête de s'énerver) de ce guide, Gaëlle Abily. Ouahou, c'est fort de café, ça encore !
Donc il ne faut plus dire "madame le directeur" mais "madame la directrice", là c'est basique. Par contre, ça commence à se compliquer avec non pas "Madame le Préfet" mais "Madame la Préfète". Au lieu de dire le terme générique de "les sénateurs", il vaudra mieux écrire "les sénateur.rice.s" Allez donc expliquer aux gamins (et pas question de leur coller une mandale, on a dit déjà ! C'est traumatisant) qu'ils écrivent une bourde quand ils vont vous rendre leur copie avec "aujourd'hui, les sénateurrices ont rendu leur décision concernant... bla bla bla" !
Et quand les mots sont épicènes (du calme, il s'agit des mots dont la forme ne varie pas entre masculin et féminin), on écrira "un.e élève" ou un.e fonctionnaire". Plus de mademoiselle, de nom de jeune fille ou de nom d'époux ou d'épouse sur les documents d'acte civil, c'est sexiste ! De la même façon qu'on a retiré l'expression "bon père de famille" ou "chef de famille" qui renvoyait à des rôles sociaux traditionnels. Bigre.
C'est donc décidé, par exemple, on dira "une écrivaine" et pas un "écrivain" en parlant d'une femme. Personnellement, j'ignore pourquoi mais ça me hérisse le poil quand on me traite d'écrivaine. Ou pire encore "d'auteure". C'est moche, voilà c'est dit.
Une femme chercheur, n'est pas "chercheuse" mais "chercheuRe", quelle horreur ! Et tout ça est d'une monstrueuse hypocrisie sur le fond. Ou l'art de planquer les vrais problèmes. Parce que votre "chercheuRe", elle aura beau avoir un joli titre (ça reste à voir), elle sera toujours moins payée qu'un chercheur, et avec bien davantage de difficultés à conjuguer sa vie familiale et professionnelle. Alors l'intitulé exact et non sexiste de son métier, c'est bien le cadet des soucis, non ?
A mon humble avis, le vrai sexisme, c'est que le nombre de plaintes pour violences conjugales soit en constante hausse, que les viols entre époux soient encore considérés comme des "sous-viols", que les violeurs soient toujours moins punis par la justice que pour d'autres délits, que les hommes doivent se battre pour avoir la garde de leurs enfants et en arriver à des extrémités désespérées, que les femmes doivent s'enfuir et tout perdre quand elles font face à un mari névrosé, qu'il y a toujours quelqu'un pour dire "ah oui, mais ils sont comme ça, LES mecs... Tous des égoïstes et des lâches", et d'autres pour rétorquer : "ah ouais, mais elles sont comme ça, LES gonzesses... Toutes vénales et hystériques." Ca, ce sont des propos sur lesquels on aurait quelque chose à dire.
De la même façon, le sexisme, le vrai, c'est considérer qu'une nana s'est bien cherché une agression sexuelle quand elle portait une mini-jupe. Et de façon plus légère, le sexisme c'est de coller uniquement des prénoms de femmes aux ouragans ! Je préférerais un livret de 30 pages sur comment éviter les généralités idiotes sur les hommes et les femmes, que ces approximations horribles sur l'intitulé générique des professions des un.e.s (bon sang, je m'y ferai jamais) et des autres.
Déjà, on nous avait sérieusement piponché avec les nouveaux termes pour "personne à mobilité réduite" au lieu de "handicapé" et tout le saint-bazar sur les couleurs (leur faute d'ailleurs si on n'a plus jamais mangé de "Têtes de nègres" délicieuses à la pâtisserie, ah vous ne vous souvenez pas de ces meringues crémeuses recouvertes de chocolat noir, bou diou que c'était bon ! Ben en supprimant le terme péjoratif, ils nous ont dégagé le gâteau dans le même temps, UNE HONTE manifeste ! Alors que personne n'a rien dit à propos des "Religieuses" au café. Dia, tu vas voir qu'avec le truc du sexisme, vont aussi nous les supprimer. Là, moi je dis NON, et je prépare la Révolution, je vous préviens ! Attends, attends, ces "Pets de Nonnes" délicieux de mémé, ils sont mal barrés aussi !)
Si vous avez souri à la lecture de ce billet, c'est que j'ai vraiment tout loupé, parce que je n'étais pas d'humeur, mais après tout, tant mieux. Si je vous ai collé la rogne aussi, c'est parfait, qu'on soit pas énervé.e.s les un.e.s sans les autres !
Mais bon, moi j' dis ça, j' dis rien... Et on a du bol, cette formule étant asexuée, je ne suis pas obligée de la modifier, on l'a échappé.e (!!) belle. Déjà que tout le monde l'utilise à tour de bras, qu'on soit pas en plus obligé(e.s. ?) de la dénaturer.
Gracianne Hastoy
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