Comme chaque année, la Chambre d’Agriculture des Landes publie son état des lieux et dresse l’inventaire de ce que le territoire a semé, récolté ou parfois perdu. Et en 2025, force est de constater que les Landes ont traversé un véritable parcours du combattant climatique : hiver sec, orages printaniers violents, été frappé par deux canicules et automne avare en pluies. À chaque étape, la météo a impacté les cultures.
Dans ce contexte instable, la vulnérabilité des systèmes agricoles landais s’expose au grand jour. Diversification des assolements, irrigation raisonnée, modernisation des filières : autant de leviers que la Chambre d’Agriculture rappelle comme incontournables pour espérer garder la tête hors de l’eau, ou plutôt, dans certains cas, en trouver suffisamment.
Le maïs perd son hégémonie
Ce n'est pas un scoop, dans le département, le maïs règne historiquement en maître. En 2025, les surfaces ont encore progressé, avec plus de 92 000 hectares. Mais la souveraineté de la culture n’a pas suffi à la protéger des aléas météorologiques. Entre semis mouvementés, épisodes de grêle et coups de chaud à répétition, les parcelles non irriguées ont particulièrement souffert.
Le rendement moyen plafonne à 87 q/ha, mais le chiffre cache des écarts énormes entre parcelles irriguées, qui tiennent la barre, et parcelles dépendantes de la pluie. La double peine se poursuit à la récolte : prix mondiaux au plus bas, stocks abondants, marges écrasées. La marge brute du maïs non irrigué chute ainsi de près de 92 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
Les maïs doux et maïs semence résistent mieux grâce à l’irrigation qui leur est obligatoire, mais les surfaces comme les prix contractuels poursuivent leur lente érosion. Là encore, les marges reculent, cette fois d’environ 8 à 10 %.
Les cultures de légumes quant à elles, offrent un tableau contrasté. Les pois affichent une bonne année technique, rendements solides, prix corrects, avec une marge qui grimpe de 10 %. Pour les haricots, en revanche, la chaleur extrême a comprimé les rendements malgré l’irrigation, faisant plonger la marge de 10 %. Une illustration de plus que même les cultures habituellement « sécurisées » peuvent être impactées face aux canicules successives.
Quant aux productions dites de diversification, elles battent un peu de l’aile. Soja, tournesol et sorgho reculent nettement, quand les céréales à paille progressent… sans pour autant dégager de marge conséquente. Le colza, en revanche, sort son épingle du jeu avec un rebond de 25 % des surfaces.
Cultures pérennes mi-figues mi-raisin
Dans la famille des cultures pérennes, certaines s'en sortent mieux que d’autres. L’asperge signe une année plutôt bien alignée : précocité, qualité, prix en soutien. Mais là encore, la réussite dépend des exploitations, car, sans maîtrise de la précocité, les résultats varient du tout... au rien.
Concernant le kiwi, il vit une crise profonde, miné par le dépérissement des pieds. Certains vergers ont en plus essuyé des orages destructeurs. Quant à la vigne, elle enchaîne les millésimes catastrophiques à cause du gel, de la grêle, ou encore des orages. En cinq ans, ce sont l’équivalent de deux années et demie de production qui se sont évaporées. La filière traverse l’une des crises les plus sévères de son histoire.
L’agriculture biologique elle non plus, n’échappe pas à ces secousses : perte de 750 hectares, surfaces en recul de 20 % en cinq ans. Quelques signaux de stabilisation apparaissent dans la consommation, mais la dynamique reste fragile.
Élevages : entre envolées de prix et coups de frein
Du côté des animaux, la filière bovine viande, bien que décapitalisée de 5 %, bénéficie d’un marché extrêmement porteur : les prix flambent (+31 % à +59 % selon les catégories), profitant aux éleveurs.
Concernant la filière laitière, elle, maintient des prix élevés et améliore sa marge… mais perd encore 5 % de ses ateliers, poursuivant une lente décroissance qui inquiète. L’ovin se porte mieux, mais voit peser une menace avec la fermeture de l’abattoir de Bazas, maillon essentiel d’une filière très ancrée en vente directe.
Les granivores présentent des tendances inversées : volailles de chair en recul, volailles festives en boom, filière œufs en croissance. Les palmipèdes à foie gras retrouvent leur niveau de 2020 grâce à la vaccination, malgré un contexte sanitaire tendu.
Seule ombre au tableau : la filière porcine, frappée de plein fouet par des prix en baisse de 16 %.
Les circuits courts, longtemps dopés par une consommation engagée, ralentissent un peu la cadence. Fréquentation en hausse sur les événements estivaux, mais panier en baisse. Les projets d’installation restent stables, notamment en maraîchage et volailles, mais la dynamique marque une pause.
Un revenu agricole laminé
Le revenu de la Ferme Landes chute de 38 % en un an, et de 53 % en deux ans : un verdict sans appel. Comparé à la moyenne des dix dernières années, il s’effondre de 43 %. Une pente glissante amorcée depuis une décennie, qui pose question quant à l’avenir de centaines d’exploitations.
Dans de nombreuses fermes, le compte d’exploitation est loin d'être au beau fixe. Et la capacité d’investir, d’innover ou de transmettre s’en trouve mécaniquement fragilisée.
Face à ces résultats parfois amers, la Chambre d’Agriculture des Landes rappelle les pistes incontournables pour éviter que le territoire ne perde son cap. Il faut s'orienter vers la diversification des cultures, les outils d’irrigation performants, l'accompagnement technique, la recherche de nouvelles filières, et monter en compétences et modernisation.
Sébastien Soumagnas






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