« Mais si l’aînée venait à épouser un homme d’un autre village, les habitants voyaient d’un mauvais œil cet héritage leur passer sous le nez ! Les jeunes Campanois fabriquaient alors des mounaques – de l’Occitan “monaca”, issu de l’espagnol “ muñeca” qui signifie poupée- à l’image des mariés, sous forme de caricatures amplifiant leurs défauts, pour aller les installer devant la porte de la future épouse. Tous les soirs, ils venaient manifester leur mécontentement à grand renfort de cloches lors du “charivari”, jusqu’à ce que les promis leur donnent de l’argent pour faire la fête. Cela valait aussi pour les veufs qui refaisaient leur vie, les filles mères ou enceintes avant le mariage. Le jour de la cérémonie, ils retrouvaient leurs mounaques devant l’église, en plus d’un tas de ronces qu’ils devaient enjamber. Tout cela n’était pas très gentil, et cette tradition, qui n’appartenait qu’à Campan, a été abandonnée, car parfois, le charivari se terminait mal… » explique Claudine Pecondo-Lacroix.
« Tous les ans, nous changeons de thème… »
Aujourd’hui, ils sont 170 personnages grandeur nature à réinvestir régulièrement rues, jardins, balcons du village au mois de juin, pour être fin prêts lors des journées organisées par l’Association des Mariolles et Les Pastourelles - dont Brigitte Bascaules est présidente -, le deuxième week-end de juillet. Un événement cher aux Campanois, fêtant Gaye-Mariolle, légendaire Sapeur de Napoléon, natif du hameau de La Séoube, qui a donné lieu à l’expression « Faire le mariolle ».
« Tous les ans, nous changeons de thème, selon les vêtements que l’on nous donne, notre imagination ou l’actualité, comme les 400 ans de Molière par exemple. Il faut environ une semaine aux bénévoles pour confectionner une mounaque grandeur nature, le plus long étant les cheveux. Elles sont bourrées avec des chutes de laine des Pyrénées, que l’on récupère à l’usine de Cieutat, ce qui fait qu’en cas d’intempéries, elles sèchent très vite. Nous les restaurons ensuite si nécessaire ».
Si l’on retrouve aujourd’hui ces drôles de personnages, beaucoup plus sympathiques qu’à l’époque, c’est grâce à Maryse Bouyrie, ancienne commerçante, qui a su les sortir de l’ombre il y a environ trente ans. Le succès a été tel qu’il a donné lieu à la création de l’association “Mounaques et Compagnie” et de “L’Ateliers des petites mounaques”, situé au cœur du village à la maison “La Clairefontaine”.
« Ici, les poupées proposées à la vente sont plus traditionnelles. On retrouve pastoureaux, bergers, skieurs, écoliers, jardiniers, etc. Il est possible également de les confectionner à la demande, pour un événement familial par exemple, car Magalie, qui a fait les Beaux Arts, est capable de les créer à l’image des personnes concernées ».
Les belles journées du mois de septembre seront l’occasion d’aller découvrir ces drôles d’habitants spécifiques à Campan, puisque ceux-ci sont visibles jusqu’au 1er octobre, date à laquelle ils regagneront leur domicile en attendant l’été prochain. Sans oublier d’aller faire un tour “à la Clairefontaine”, pour y choisir sa mounaque préférée !
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