« On nous compare souvent au poker en nous donnant le surnom de poker basque, mais je ne suis pas très friand de cette appellation. Si c’est un mix entre la belote et le poker, le mus demande cependant une bonne dose de roublardise. C’est un élément culturel basque important, avec une dimension intergénérationnelle et familiale", présente Alain Lafontaine, qui s’occupe de la communication auprès de la Fédération française de Mus.
En 1963, le premier championnat de France organisé par l'Union Basque regroupait 387 équipes. Aujourd’hui, il en rassemble 850. Grâce au travail de sa fédération française le Mus connait en effet un véritable essor.
La portée internationale de ce jeu de cartes s’explique par l’importance de la population basque en France, en Argentine, au Canada, au Chili, en Espagne, aux États-Unis, au Mexique, la Navarre, au Pérou, en Uruguay, au Vénézuela, et en Belgique. Ces expatriés l'ont amené dans leurs valises. « Le Championnat du monde est avant tout un championnat du monde des communautés basques ».
Dans le Sud-Ouest, le Béarn des Gaves représente un important vivier de joueurs, qui a pris la bonne habitude d’envoyer régulièrement deux équipes aux finales du lundi de Pâques. Le Béarn compte désormais quatre centres : Oloron, Sauveterre, Navarrenx et depuis peu Salies-de-Béarn.
C’est le bar-restaurant "Le Repaire" qui accueillera les équipes du secteur pour disputer les phases qualificatives du 60e Championnat de France de Mus.
Christian Laborde, champion de France 2021, est à l’origine de ce nouveau centre et sera chargé de l’animer. Pour s’inscrire, il suffit de le contacter (06 02 35 58 98). Traditionnellement, on jouait au mus dans les bars de village, c’était le point de ralliement des habitants et souvent la seule animation pendant les froides nuits d’hiver. Le champion de France a donc tenu à la respecter.
Comment y jouer...
Pour rappel, le mus se joue par équipes de deux joueurs avec un jeu espagnol de 40 cartes, en trois manches de 8 hamarreko (de 40 points). Les enseignes (équivalant au trèfle, carreaux, pique et cœur) sont : les épées, les gourdins, les coupes et les deniers. Chaque enseigne est composée de 10 cartes : 1 (as), 2, 3, 4, 5, 6, 7, 10 (cavalier), 11 (dame), 12 (roi). On matérialise les points obtenus durant la partie avec des jetons.
Toujours dans la dimension lexicale, un point se dit un « ttantto », et l’ensemble de 5 points (ou 5 ttantto) est appelé un « hamarreko ». Le but du jeu est d’avoir les meilleures cartes, ou en tout cas, de le faire croire pour faire céder la partie adverse et obtenir le maximum de points. Les équipiers parlent ensemble à l’aide de signes : clin d’œil, levé de sourcil, pincement de lèvre…
Un peu d’histoire…
En 1962, le Pays basque est frappé par un exode massif des jeunes vers le Continent américain, entrainant une diminution des activités sportives et culturelles et notamment la pratique du jeu de Mus.
TC'est alors que trois jeunes Bayonnais, faisant partie de patronages, se réunirent et organisèrent en surmontant de nombreuses difficultés plusieures compétitions dans les communes des cantons de Mauléon, St Palais, Iholdy, Hasparren, Bayonne, Biarritz, St Etienne de Baigorry, Espelette, Ustaritz, Saint-Jean-de-Luz : 375 équipes furent engagées au total et les 10 équipes championnes des cantons ont joué le 21 avril 1963 au trinquet d'Hasparren la finale de « Mus ».
La Fédération française de Mus est née en 1978, pour répondre à l'engouement que suscitait cette compétition et créer la première compétition mondiale, qui s'est déroulée à Ascain, en septembre 1978, sous l'égide de la Fédération Française de Mus. Aujourd’hui, elle estime à 4.000 le nombre de joueurs sur le territoire français.
En 2013 grâce à l’action de la Fédération française de Mus, « le jeu de Mus au Pays basque » est inscrit à l’inventaire national du Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) en France et gagne en visibilité, jusqu’à imprégner les jeunes générations.
Les phases finales se dérouleront le 10 avril 2023 à Bidart. Les vainqueurs disputeront ensuite les championnats du monde au Chili.
Noémie Besnard
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