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MINUTE POLITIQUEFace au coût de l’énergie, les piscines coulent

Une situation qui met en danger les services publics locaux. Avec comme illustration la société Vert Marine, qui assure que sa facture énergétique est passée de 15 à 100 millions d’euros.
5 Lignes d'eau avec nageurs dans une piscine munucipale©Communauté Agglo Tarbes Lourdes Pyrénées

Notre confrère France Inter a publié il y a peu une carte de France inattendue : celle des « piscines fermées à cause de la crise énergétique ». Sans rentrer dans les détails, le phénomène semble toucher la totalité de l’hexagone. La faute au coût de l’énergie, qui met en danger les services publics locaux. Avec comme illustration la société Vert Marine, qui assure que sa facture énergétique est passée de 15 à 100 millions d’euros, la contraignant à fermer sans préavis une trentaine de piscines dont elle assurait la gestion. Le début d’une vague de fond ?

Vert Marine, qui se présente en victime, tient à se justifier : « Entre juillet et septembre, les coûts mégawatheure (MWh) sont passés de 250 euros à 1 000 euros par mois. Avant crise, on était autour de 80 euros. Cela représente un surcoût de 200 000 euros par jour sur l’ensemble de nos équipements, et d’1,5 million d’euros sur une semaine. Le coût de la consommation du mois de septembre représente l’équivalent de ce que l’on payait pour un an… » La solution : multiplier par trois le prix d’entrée, pour a minima rentrer dans ses frais, ce qui est impensable en cette période d’inflation et de pénurie. À moins qu’un accord intervienne avec les municipalités, propriétaires des équipements, pour qu’elles les raccordent à un contrat d’énergie davantage favorable.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on voit mal comment les autres gestionnaires pourraient mieux s’en sortir, compte tenu que les collectivités ne sont propriétaires de pas grand-chose, en particulier de leurs bassins. Néanmoins, le groupe Récréa, qui gère 80 piscines et patinoires en DSP, tient à La Gazette des communes un discours plus rassurant : « Pour 2022, nous devrions doubler notre facture d’énergie, qui était de 20 millions (sur un chiffre d‘affaires en 120 millions). C’est important, mais nous réussissons à contenir les effets de la hausse, du fait de nos types de contrats qui, au moins pour l’électricité, nous assurent des prix fixes année par année. L’achat de 80 % de notre énergie via des intermédiaires comme Dalkia, Engie ou Veolia, nous expose moins aux fluctuations. Mais pour l’été 2023, nous prévoyons une multiplication par cinq du coût de l’énergie, par rapport à celui de 2019. »

Et d’énumérer des pistes : baisser la température d’un ou de deux degrés dans les bassins ; réutiliser la chaleur des eaux grises ; s’orienter vers la géothermie ; sensibiliser les salariés aux bonnes pratiques d’économie d’exploitation ; limiter la durée des douches pour les nageurs. Voire la mise en place de plannings de fermeture de certains bassins, selon les moments et les usages. Des cautères sur des jambes de bois, mais qui auraient le mérite d’éviter la généralisation des fermetures des établissements et de pénaliser le public, en particulier les enfants, qui ont déjà perdu bien du temps dans leur apprentissage de la nage. Selon des chiffres remontant à 2019, donnés par l’ex championne de natation devenue ministre, Roxana Maracineanu, un enfant sur deux ne sait pas nager en sixième. Cette crise des piscines, qui ne fait que commencer, ne va certainement pas arranger la situation… Petit tour de notre région cette semaine...

Dominique Padovani

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