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INFO INCONTOURNABLETarba en Canta enchante la ville

À partir d’aujourd’hui, et jusqu’à dimanche soir, le festival international de polyphonies s’empare du cœur de la cité bigourdane.
4 personnes d'un groupe de musique posant avec leurs instrumentsAlberi Sonori
Chanter, vibrer, partager des émotions profondément ancrées dans les mémoires pour les ouvrir à l’avenir… C’est ce que propose de vivre cet événement né dans la ville de Tarbes il y a douze ans déjà.

« À l’origine, Gérard Trémège, le maire, m’a sollicité pour savoir s’il était judicieux d’organiser un festival de polyphonies ici » raconte Pascal Caumont, directeur artistique de Tarba en Canta. « Nous avons organisé une première édition, sorte de test, peu de temps après, en 2010, avec les moyens de bord. La deuxième a été portée l’année suivante par Tarbes Animations, ce qui nous a permis d’atteindre plus rapidement une vitesse de croisière » poursuit ce professeur de musique, spécialité chant, qui exerce aujourd’hui au conservatoire et à l’IFMI-Université de Toulouse Jean-Jaurès.

C’est une musique qui fait partie du quotidien ; elle appartient à tout le monde

Le public ne s’y trompe pas, et prend plaisir à se retrouver immergé au cœur même de la cité, en plein marché, à la terrasse des cafés, sur les places, dans les jardins… « C’est une musique qui fait partie du quotidien, elle n’est pas réservée uniquement à des spécialistes lors de concerts. Les gens l’ont entendue, elle était chantée par leurs parents, leurs grands-parents ; elle appartient à tout le monde ».

C’est sans doute une des raisons qui font le succès des fameuses “cantèras” du soir. « C’est le meilleur exemple du chant traditionnel, ouvert à tous, même aux débutants et à ceux qui pensent qu’ils chantent faux. Ils y trouveront une aide spontanée. Il n’y a pas de hiérarchie dans ce cercle, qui ne demande qu’à grandir, à s’ouvrir… C’est une sorte de “société horizontale”, propre surtout aux polyphonies des Pyrénées ou d’Italie » souligne Pascal Caumont.

Le chant polyphonique est une forme musicale qui s’actualise

Mais les atouts de Tarba en Canta viennent aussi d’une programmation de qualité, soigneusement élaborée avec la présence de groupes locaux et de contrées plus lointaines, comme la Corse, l’Espagne, la Grèce, la Bulgarie… En plus d’être savamment équilibrée entre groupes d’hommes, de femmes, ou, plus rares, mixtes, à l’image cette année du duo Aèdes, ou des Italiens d’Alberi Sonori.

« Nous voulons montrer aussi que le chant polyphonique est une forme musicale qui s’actualise. Il y a chaque année de nouveaux groupes qui proposent une dynamique, du Portugal à la Bulgarie en passant par l’Occitanie, qui sont à la fois dans un savoir-faire ancien, avec une création sans cesse renouvelée. Par exemple, pour “Milharis”, que nous proposons le 8 juin, j’ai eu la chance de retrouver, au bout de longues recherches, la musique qui avait été chantée dans les années 1950. À partir de là, nous avons associé voix traditionnelles, quatuor à cordes, musique électronique, guitares électriques et vidéos. Le spectacle est un mélange de ces confluences musicales pour évoquer cette très ancienne légende, à travers une ambiance et un univers différents ».

Une autre pépite attend les festivaliers lors de la conférence “Reclams de Peluts, les voix retrouvées des Poilus gascons” le samedi 11 juin. Jean-Jacques Castéret y proposera les enregistrements (découverts il y a peu au Musée de Berlin) de Poilus venus de Bigorre et du Béarn, qui avaient été faits prisonniers durant la Première Guerre mondiale. « C’étaient les débuts de l’ethnomusicologie, les Allemands voulaient enregistrer les autres peuples. Ces prisonniers avaient déjà chanté dans des chœurs orphéoniques avant de s’engager. C’est assez émouvant de les entendre… » confie Pascal Caumont.

De jeunes élèves du conservatoire de Tarbes reprendront à leur façon ces chants, démontrant ainsi qu’ils sont toujours bien vivants, après plus d’un siècle.

Photos : Pascal Caumont / Crédit : Alberi Sonori

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