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Un « naziometroa » pour sonder l’identité basque

Le laboratoire d’idées guipuscoan Telesforo Monzón et Parte Hartuz ont présenté un « baromètre de la souveraineté basque » qui fait déjà beaucoup parler. Explications...
IDENTITE BASQUE 0
D’après les résultats de cette enquête, près d’un quart des citoyens d’Iparralde seraient favorables à l’indépendance du Pays basque en cas de référendum.

Laboratoire d’idées guipuscoan établi à Bergara, Telesforo Monzón porte le nom d’un célèbre leader basque (1904-1981), partisan de l’indépendance et dirigeant du parti nationaliste basque dans les années 1930. Également dramaturge, Monzón dut s’exiler à la fin de la guerre civile espagnole, d’abord au Venezuela puis à Saint-Jean-de-Luz.

Avec le groupe de recherche en sciences sociales Parte Hartuz, qui regroupe une quarantaine de professeurs et de chercheurs de l’Université du Pays Basque, le « Telesforo Monzón eLab » est à l’origine d’un « baromètre de la souveraineté basque » dont une seconde vague de résultats a été dévoilée ce mercredi 9 juin.

Déjà largement relayés, commentés et parfois un peu « surinterprétés » par les médias locaux, ces résultats ne manqueront certainement de faire débat en terrasse, au comptoir ou en famille. Ils s’appuient sur un panel de près de 1.200 citoyens, sondés d’octobre 2020 à mars dernier : 589 en Alava, Biscaye et Guipuscoa, 405 en Navarre et 207 en Iparralde. Plus précisément, 447 personnes ont été interrogées dans l’agglomération basque française, mais leurs réponses ont été pondérées pour respecter la répartition de la population entre les différentes provinces basques, qui comptent on le rappelle un total de plus de 3 millions d’habitants.

Indépendance ou autonomie ?

Les sondés ont d’abord été interrogés sur leurs sentiments d’appartenance. Sur l’ensemble du panel, plus de 23% des sondés se sentiraient exclusivement basques, tandis que plus d’un tiers auraient des sentiments plus mêlés (basque et espagnol, basque et français, navarrais et espagnol). Seuls 5% se sentiraient plus exclusivement espagnols ou français. Si l’on en reste à l’Iparralde, près de 4 citoyens sur 5 (79%) déclarent se sentir français, et 52% basques. Un tiers des sondés se considèrent à la fois français et basques, mais seulement 6% se sentent exclusivement basques, et 21% exclusivement français.

Naturellement, le panel a aussi été questionné sur sa position vis-à-vis de l’indépendance et de la création d’un État basque. Là-dessus, le verdict est assez clair : seuls 27% des sondés sont pour ou tout à fait pour (24% en Iparralde), et 42% sont contre ou tout à fait contre (chiffre qui monte à 53% en Iparralde).

En revanche, on savait déjà que près des deux tiers des citoyens basques (63% fin 2020) exprimaient leur désir de décider eux-mêmes de leur avenir politique, lequel semble néanmoins devoir passer par un renforcement de l’autonomie des collectivités et gouvernements locaux plus que par une indépendance en bonne et due forme. En tout cas pour l’instant… Telesforo Monzón et Parte Hartuz prévoient d’ailleurs d’actualiser ce baromètre tous les 6 mois.

Côté français, 68% des sondés seraient favorables à la tenue d’un référendum si les autorités politiques des différentes provinces se mettaient d’accord… et 19% seraient contre. Sans doute faut-il en déduire que si l’indépendance est loin d’avoir la faveur d’une majorité de citoyens, l’aspiration générale à « plus de démocratie » touche aussi le Pays basque. On notera au passage que la création de la grande communauté d’agglomération basque française, il y a 4 ans, est aujourd’hui plébiscitée par 56% des habitants de ses 158 communes (avec cela dit 22% d’insatisfaits, et 5% de mécontents).

Des questions d’actualité…

Les sondés n’ont pas été interrogés que sur ces questions d’identité et de politique. La sensible thématique du logement, souvent abordée dans PresseLib’, faisait l’objet de différentes questions. Au nord de la Bidassoa, ce sujet du logement est sans surprise considéré comme un grand problème par 71% des sondés, et comme un problème de moyenne importance par 21% d’entre eux.

En résumé, c’est un problème pour plus de 9 citoyens d’Iparralde sur 10. Près des 3 quarts de la population de l’agglo française considèrent même que le problème a tendance à s’aggraver. Grand enseignement de cette série de questions : 59% des sondés estiment qu’il faut taxer plus fortement l’achat de résidences secondaires en Iparralde. Seuls 9% voudraient au contraire voir cette taxation réduite.

Plus anecdotique mais pas tant que cela, les habitants du Pays basque considèrent (à 63,5%) que leur équipe de football « devrait pouvoir disputer des compétitions officielles internationales ». En Iparralde, 56,5% sont aussi pour. L’Euskal Selekzioa, encore non-officielle, joue chaque année au moment de Noël. Des joueurs comme Bixente Lizarazu ou Xabi Alonso ont porté son maillot. On notera que plus des deux tiers des sondés (72%) seraient pour laisser les joueurs décider eux-mêmes entre la sélection basque et les sélections nationales (française ou espagnole).

Enfin, on ajoutera qu’il a été demandé aux sondés de choisir le nom du territoire regroupant les fameuses 7 provinces. Euskal Herria est ressorti en tête (50,9%) devant Euskadi (42,1%), País Vasco (32%) et… Pays Basque (18,2%). Mais là-dessus, comme dirait l’autre, qu’importe le flacon…

Plus d’informations sur le site internet, cliquez ici

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