Abonnez-vous
Publié le

1500 COUPS DE POUCEAnne-Laure et les bienfaits de la médiation animale

Passionnée d'animaux, elle a fondé son entreprise Grandis-Ose Médiation Animale (GOMA), et travaille avec eux pour favoriser le bien-être et le développement des personnes.
Anne-Laure avec un chat, issu de sa tribu de 23 animaux
Studiomajoa DR
Anne-Laure cherche aujourd'hui à sensibiliser les institutions comme la CAF, les MDPH ou encore la sécurité sociale à mettre en place des aides pour démocratiser la pratique de la médiation animale.
Un accompagnement thérapeutique

Les bienfaits des animaux sur les hommes ne sont plus à prouver. Outre le bien-être physique qu'il apporte à son maître, la présence d'un animal dans un foyer calme, rassure et apaise. Ainsi, le propriétaire sera bien moins sujet au stress ou à l'anxiété. De ce fait, vous aurez certainement pu constater ces dernières années l'apparition de nouvelles thérapies prodiguant du bien-être par le biais d'un intervenant et d'un animal : on appelle cela la médiation animale. A cet effet, nous avons rencontré Anne-Laure Bonnassie, éducatrice spécialisée qui a créé fin 2022 Grandis-Ose Médiation Animale à Lichans-Sunhar. Rencontre avec une passionnée des animaux qui en a fait son métier...

Pouvez-vous nous parler de vous avant la création de GOMA ?

Anne-Laure Bonnassie - J'ai effectué tout mon parcours scolaire en Normandie, jusqu’à l'obtention de mon baccalauréat STG (sciences et technologies de la gestion) option communication. J’ai ensuite travaillé un an en tant qu’assistante d’éducation dans un collège ZEP (zone d’éducation prioritaire) et SEGPA (section d’enseignement général et professionnel adapté), puis j’ai déménagé dans les Pyrénées dans la maison familiale au pied des montagnes dans le village de Lichans-Sunhar.

J’ai ainsi travaillé dans un lycée professionnel sur Oloron Sainte-Marie pendant 2 ans en tant qu'assistante d’éducation. Ne me voyant pas en faire mon métier, j’ai décidé de me tourner vers ce qui m’animait déjà à cette époque : le social. C’est pourquoi en 2014 j'ai repris les études à Etcharry puis Ustaritz afin de devenir éducatrice spécialisée. Depuis lors, et ce jusqu’à l’ouverture de l’entreprise en 2022, j’ai été éducatrice spécialisée, éducatrice d’internat, auxiliaire de vie sur le département.

En parallèle, de 2021 à juin 2022, j’ai suivi différentes formations comme l’ACACED et Intervenant en médiation par l’animal. Et c’est le 22 novembre 2022 que Grandis-Ose Médiation Animale a vu le jour afin d’allier ce qui m’anime : les humains et les animaux. Depuis, je continue à me former régulièrement sur le vivant qu’il soit humain ou animal.

Quelle est votre relation avec les animaux ?

A.L.B - Depuis petite, j’ai grandi avec des chats. Leur présence était importante pour moi. Puis sans provoquer les rencontres, les animaux en détresse sont toujours “venus à moi” (chats, chiens, oiseaux, hérissons, chauves-souris...). Je suis quelqu’un de sensible donc je tends à croire qu’ils l’ont compris. C’est d’ailleurs pour cela que je me suis investie dans des associations de protection de l’animal lorsque j’ai pu.

une activité assistée par l'animal
GOMA DR

De plus, j’ai travaillé en tant qu’éducatrice spécialisée dans des structures accueillant également des animaux. J’ai pu observer les bénéfices de leur présence auprès des publics accueillis. La relation avec les animaux est forte. A un moment dans ma vie j’ai pu moi-même aborder la médiation animale pour mon bien-être. Leur présence était importante, rassurante, douce et bienveillante. Actuellement, j’ai une tribu de 23 animaux dont 13 animaux de “sauvetage”. Il y a des poils et des plumes, chats, chiens, lapins, cochons d’inde et poules (pour le moment).

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la médiation animale et en quoi consiste votre rôle ?

A.L.B - La médiation animale, c'est une approche qui met en lien la présence d'un animal médiateur pour favoriser le bien-être et le développement des personnes. Les interactions lors des séances permettent de développer des compétences sociales, d'améliorer la confiance en soi, de réduire le stress et l'anxiété, de favoriser la communication et bien plus. Elle peut être pratiquée individuellement ou en groupe et est complémentaire aux prises en charge déjà en place.

Elle est accessible à tous, aux enfants, adolescents, adultes, personnes âgées ou encore aux personnes en situation de handicap. La triangulation intervenant, animal et bénéficiaire est le socle du bon accompagnement.

Mon rôle de zoothérapeute est de construire et proposer des séances où l’interaction avec l’animal se transforme en outil thérapeutique. Cela me permet d’observer les interactions de la personne sur l’animal. Ce qui favorise ma compréhension de ses difficultés, émotions, comportements pour pouvoir ajuster aux mieux mes séances futures. Je peux aussi réorienter les séances en direct en fonction de mes observations, favoriser les échanges, aiguiller lors des activités, encourager et valoriser la personne.

Anne-Laure et ses deux lapins
Studimajoa DR

Quels types d’animaux utilisez-vous dans vos séances de médiation et comment sont-ils sélectionnés ?

A.L.B - Pour commencer, je ne parle pas d’utilisation de l’animal. En effet, je mets un point d’honneur sur le fait que les animaux ne sont pas des objets. Ce sont mes partenaires de travail avec qui je co-travaille.

En fonction des séances et de l’endroit, je vais pouvoir pour l’instant faire de l’itinérance avec des lapins, cochons d’inde et ma chienne. Je peux également travailler avec les animaux déjà sur le lieu d’intervention (chevaux, lamas, brebis, chèvres, NAC...). D’où l’importance de continuer à se former sur l’éthologie des animaux.

A mon domicile les personnes peuvent également faire la rencontre des 5 chats, d’un autre chien et de 6 poules. Les animaux ont un temps d’apprivoisement avec moi afin de créer un lien sécure. Puis ils sont entraînés afin de devenir animal médiateur.

Les animaux qui interviennent principalement en médiation sont pour ma part des animaux de sauvetage. Abandonnés, maltraités... Si je choisis ces animaux c’est déjà pour leur permettre d’avoir une vie correcte mais également parce qu’ils font miroir lors des séances. Les bénéficiaires s’identifient à eux du fait de leur comportement, histoire de vie... L’animal est le médiateur dans la relation. C’est pourquoi je dois vérifier qu’il est bien apte à être animal médiateur. Qu’il ne représente aucun danger et que sa présence lors des séances est juste pour lui et confortable.

Pouvez-vous nous décrire une séance typique de médiation animale ?

A.L.B - Il est difficile de décrire une séance typique de médiation car elles sont toutes différentes en fonction de l’instant, de la personne et de son projet d’accompagnement. Aucune séance ne ressemblera à celle passée et celle future. Les enjeux ne sont pas les mêmes donc les séances seront différentes. Mais elles seront découpées en différentes étapes communes : la rencontre en début de séance, les activités et le temps avec l’animal puis la fin de la rencontre avec un retour sur la séance de la part du bénéficiaire et moi-même.

COUP DE POUCE

Outre la visibilité que l'article va vous donner, de quels type de coup de pouce auriez-vous besoin ?

A.L.B - Les familles, institutions ou associations me contactent pour prendre des renseignements. Malheureusement de nombreux projets ne voient jamais le jour de par le côté financier. C’est pourquoi j'aimerais bien que les acteurs comme la CAF, MDPH, sécurité sociale etc, se saisissent de ces services afin de proposer des aides.

Car nombreuses sont les personnes en souffrances qui n’osent ou ne peuvent pas franchir le pas. Cependant les accompagnements classiques ne conviennent pas forcément à tout le monde. C’est pourquoi il est intéressant que des thérapies complémentaires soient à disposition. De plus, des parents m’ont également contacté car leurs enfants sont victimes de harcèlement scolaire. C’est pourquoi, je trouverais intéressant que l’éducation nationale se mobilise également.

A ce jour, mes démarchages sont restés sans réponses. J’ai également des demandes de familles ou institutions pour des ateliers ludiques et pédagogiques en groupe. Cependant je ne peux pas accueillir 10 à 12 personnes à mon domicile. C’est pourquoi je cherche à créer des partenariats avec des associations, tiers lieux ou tout autre entité afin de pouvoir accueillir sur ces lieux, les groupes pour 1 voire 4h. Location ou prêt de salle, jardin, espace abrité...

Enfin, les animaux médiateurs ont des besoins physiologiques et notamment la nourriture. Je ne suis pas une association mais je ne suis pas une grande entreprise. Et la méconnaissance de ce métier dans mon secteur ne me permet pas de générer des finances convenables. C’est pourquoi avec la conjoncture actuelle, je cherche à créer des partenariats afin de récupérer des légumes qui ne sont plus vendable auprès de fermes, maraîchers, magasins...

Anne-Laure accompagnée de sa chienne
Studimajoa DR

Quels sont les principaux bénéfices que les participants retirent de la médiation animale ?

A.L.B - Les principaux bénéfices sont le bien-être, l’apaisement, la diminution de l’anxiété, la création de liens, la libération de la parole. La médiation animale est reconnue pour diminuer l’anxiété, le rythme cardiaque. Elle laisse un espace qui permet à chacun de trouver ce qui va lui permettre d’ouvrir des portes vers un mieux-être. Elle permet aux personnes de maintenir, recouvrer ou découvrir ses différents potentiels sur le plan émotionnel, physique, social, psychique... Les participants, peuvent sur ces temps, être qui ils sont sans avoir peur du jugement, avec leurs souffrances, traumatismes, questionnements, handicaps...

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui envisagent de se lancer dans la médiation animale, que ce soit comme praticiens ou bénéficiaires ?

A.L.B - En tout premier lieu je dirais : formez-vous ! Il y a pleins de formations partout en France. Personnellement je me suis formée chez Béarn Médiation Animale à Lées-Athas. Zoothérapeute ne s’improvise pas. Les connaissances et compétences acquises permettent de pratiquer ce métier de manière sécure et bienveillante. Chaque personne est unique, avec son propre bagage. Nous devons être à même de nous adapter à la personne dans son entièreté avec ses souffrances, handicaps, états émotionnels. Ensuite, il faut prendre en compte que ce travail demande beaucoup d'investissement. Préparation des séances, soins aux animaux, rédaction d’écrits divers, frais vétérinaire, échanges divers, démarchage, créations des supports pédagogiques, formations, comptabilité et j’en passe. Je conseille donc de bien préparer ce projet car c’est une belle aventure à ne pas prendre à la légère.

Pour les bénéficiaires, je dirais : Osez ! Venez franchir le pas pour commencer cette aventure vers un mieux-être. Aucun jugement n’est porté. Il n’y a pas de petites ou grandes souffrances. Si quelque chose entrave votre bien-être alors pourquoi ne pas essayer la médiation animale. Divorce, harcèlement, handicaps, perte de liens avec ses enfants, deuil, viol, phobies, perte de confiance en soi et j’en passe. Toutes demandes est étudiée et si cela n’est pas de mon ressort je saurais vous aiguiller vers un professionnel adapté à vos besoins.

AUTRE COUP DE POUCE

Afin d'aider Grandis-Ose Médiation Animale à se développer, Anne-Laure mérite vraiment des coups de pouce de notre part.

Comment ? N'hésitez pas à relayer cet article auprès de vos contacts et via vos réseaux sociaux, afin d'ouvrir de nouveaux horizons à cette thérapie de médiation animale en sensibilisant les grands organismes d'état comme la CPAM ou encore la Caisse d'Allocations Familiales pour intégrer dans leur offre cette alternative. En effet, les personnes en situation de handicap ou encore les personnes âgées en EHPAD peuvent tout à fait correspondre aux services proposés par Anne-Laure.



Propos recueillis par Sébastien Soumagnas

Un exemple de séance

Rémi (prénom inventé pour l'anonymat) est un enfant avec de nombreux troubles du comportement et est hyperactif. Ses parents m’ont contacté dans le but de l’accompagner. Objectif : l’apaisement, se canaliser, gestion des émotions et de la frustration. Lors de nos rencontres, nous prenons un temps pour prendre de nos nouvelles. Ensuite, j’explique le déroulé de la séance (qui pourra être remanié en fonction du déroulement de celle-ci) puis nous allons à la rencontre des animaux. Temps d’activité en lien avec l’animal (préparation de la nourriture et nourrissage par exemple). Il s’aperçoit rapidement que s’il est agité, les animaux ne vont pas vers lui. Alors que s’il s’assoit par exemple, prend le temps de les observer et de les appeler doucement et calmement, ceux-ci viennent à sa rencontre. En fin de séance, nous prenons un temps de discussion avant de mettre fin à cette rencontre. Les séances ne se ressemblent pas mais les objectifs restent les mêmes et peuvent évoluer. L’accompagnement se fait sur plusieurs mois voire années. Le but étant que la personne atteigne ses objectifs de manière pérenne et à son rythme.

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire

À lire aussi