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LA MINUTE POLITIQUEAgression des maires. Un trop-plein, et un ras-le-bol

Partout, même dans les coins les plus reculés, les agressions d’élus et de maires explosent. Que faire ? Tour d’horizon du Sud-Ouest…
©Annuaire Mairie

Les faits remontent à pile poil un an, jour pour jour et vous vous en souvenez certainement. Le maire de Ledeuix (1 029 habitants), Bernard Aurrisset, avait été agressé par l’un de ses administrés devant l’école du village, et blessé au visage, nécessitant deux points de suture. On dit bien : Ledeuix, lieu paisible par excellence, pas le 9.3, la Duchère à Lyon ou les quartiers nord de Marseille. La conclusion s’impose d’elle-même : partout, même dans les coins les plus reculés, les agressions d’élus et de maires explosent.

Un chiffre résume la circonstance : un maire sur trois est aujourd’hui victime d’injures ou de menaces. Ainsi, sur les dix derniers mois, 1 835 procédures judiciaires ont été lancées pour atteintes aux élus, soit 650 de plus que l’an dernier. Le maire n’est plus respecté, pas plus que quiconque porte un uniforme, policier, gendarme, pompier, voire postier. La faute à qui vous voudrez, selon que vous soyez de droite, de gauche, ou d’ailleurs. Chacun peut faire sa liste selon son propre ressenti.

Lors de la récente réunion des maires de France, un autre chiffre a été révélé : 63,1 % disent avoir été victimes d’incivilités, un terme regroupant des réalités allant de l’impolitesse à l’agression. Soit 10 % de plus qu’en 2020. L’AMF a par ailleurs introduit une page sur son site Internet afin de recenser les témoignages d’agressions. Il suffit de remplir le formulaire chaque fois qu’un élu ou un membre de sa famille en est victime, du fait de ses responsabilités.

Depuis deux ans, « les élus sont systématiquement appelés à porter plainte » en cas d’agression, comme le précise l’AMF. Et le ministère de l’Intérieur a derechef pris la roue, enjoignant les parquets et présidents de cours d’appel à « donner une réponse pénale systématique et rapide » aux élus agressés, et à « retenir le qualificatif d’outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique » en cas d’insultes. Quant aux forces de l’ordre, elles sont priées de prendre en charge de façon particulièrement « diligentes » les plaintes des élus. Les procureurs de leur côté devant « les informer, de façon individualisée et systématique, du suivi précis des procédures et des suites judiciaires décidées. »

Cela suffira-t-il ? Il semble bien que nous soyons entrés dans une ère d’irrespect et de violence, qu’il va être difficile de juguler, sous peine d’être accusé d’hitléro-nippon, de va’t’en guerre et de tortionnaire. Un problème d’éducation, assurément, le temps où les élèves se levaient quand le maître entrait en classe, faisant partie des images d’Epinal. En attendant, selon un sondage Ifop, un maire sur deux (55 %) entend ne pas se représenter en 2026… Et chez nous, que fait-on ?

Dominique Padovani

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