Bernard Cazeneuve a confirmé l’augmentation du nombre des morts sur les routes françaises en 2014. Face à cette première année de hausse depuis 12 ans, il lance une nouvelle série de mesures.
Un bilan historique avait été enregistré en 2013 pour la sécurité routière, avec 3.268 morts correspondant à une baisse de 10,5% et 403 vies épargnées. Du coup, le gouvernement avait affiché un objectif de diminuer à 2.000 le nombre de tués par an sur les routes en 2020.
Hélas, en 2014, la tendance a été de nouveau en augmentation avec 120 morts de plus en un an (3.388 personnes tuées, +3,7%). C’est la première fois depuis 12 ans qu’on enregistre une hausse. Et depuis 1973, année au cours de laquelle on avait déploré un chiffre record et impressionnant de 18.000 tués, la mortalité a été divisée par 5 en France.
Ce qu’il faut savoir…
L’Observatoire national interministériel de la sécurité routière a constaté que les usagers vulnérables (piétons, cyclistes, cyclomotoristes) ont payé un lourd tribut cette année. Il relève aussi que les accidents corporels augmentent avec notamment une hausse des blessés graves.
Cependant, pour Pierre Chasseray, de l'association 40 millions d'automobilistes, cette hausse doit être relativisée : « En termes de morts sur les routes, l'année 2014 est la deuxième meilleure année depuis que les statistiques existent ».
Pour expliquer cette évolution de l'accidentalité, il convient aussi de prendre en compte le rôle joué par la météo. En effet, le temps doux et persistant sur l'Hexagone, a fait repartir le trafic à la hausse et les accidents avec. Exception faite de l’été, pendant lequel les pluies abondantes ont amené les motards à moins rouler et les chiffres ont en baisse de 11,6% en juillet et de 7,1% en août.
26 mesures pour enrayer la hausse…
Bernard Cazeneuve a présenté lundi une nouvelle série de mesures pour tenter de faire repartir à la baisse les chiffres de la mortalité sur les routes.
Parmi ces mesures, le taux d'alcoolémie légal sera abaissé à titre expérimental de 0,5 à 0,2 gramme par litre de sang pour les conducteurs novices.
Autre décision importante, l’utilisation des oreillettes, des casques et des écouteurs seront interdits au volant pour améliorer « l'attention des conducteurs ». Cela concerne, bien entendu les kits mains libres pour les téléphones portables.
De plus, pour « améliorer la visibilité entre piétons et conducteurs » et faire baisser les accidents mortels en ville, le plan prévoit aussi l'interdiction de se garer à moins de 5 mètres « avant les passages piétons ».
Les autres mesures…
Modernisation accrue de l’enseignement de la conduite, en lien avec les formateurs agréés. La réforme du permis de conduire ouvre la conduite accompagnée dès 15 ans avec possibilité de passer l’examen de conduite à 17 ans et demi : des jeunes conducteurs mieux formés, c’est une accidentalité réduite.
Généralisation d’un module de sensibilisation à la sécurité routière en classe de seconde dès la rentrée 2015, ainsi que lors des journées de défense et de citoyenneté suivies par les jeunes à partir de leur 18ème année. Alors que la formation à la sécurité routière s’interrompt aujourd’hui en classe de 3ème, il s’agira de mieux préparer les jeunes à devenir des usagers responsables jusqu’à l’âge du permis de conduire.
Développement des opérations de sensibilisation aux risques liés aux pratiques addictives et à l’utilisation du téléphone portable au volant. Sensibilisation de l’opinion à la question des blessés de la route – une campagne nationale d’information sera lancée dès le mois de février
Mise en place sur le site de la Sécurité routière (DSCR) d’une rubrique « à l’épreuve des faits », délivrant à nos concitoyens une information de qualité et réactive face aux idées reçues et fausses affirmations sur la sécurité routière (technique du fact-checking).
Renforcement des contrôles des exploitants de débits de boissons autorisés à fermer entre 2h00 et 7h00 qui ont obligation de mise à disposition de dispositifs d’autocontrôle. Sanctionner administrativement en cas de non-respect, jusqu’au retrait des autorisations d’ouverture tardive, voire de vente de boissons alcoolisées.
Expérimenter dans 11 départements, en lien avec la Mildeca, la technique du double prélèvement salivaire en matière de dépistage des stupéfiants, en vue de la généraliser et d’augmenter ainsi le nombre de contrôles.
Préciser la réglementation du surteintage des vitres à l’avant des véhicules pour garantir le bon contrôle de certains comportements dangereux (utilisation du téléphone au volant, non port de la ceinture de sécurité ...).
Permettre aux maires d’abaisser la vitesse sur de grandes parties, voire sur la totalité de l’agglomération (et non plus uniquement dans quelques rues), pour réduire le nombre et la gravité des collisions.
Observer, sur certains tronçons de route à double sens identifiés comme particulièrement accidentogènes, l’impact d’une diminution de la vitesse maximale autorisée de 90 à 80 km/h.
En lien avec la Chancellerie, renforcer les sanctions pour les conducteurs qui, stationnant sur les passages piétons, sur les trottoirs ou sur les pistes cyclables, mettent en danger les piétons en les obligeant à les contourner.
Relancer le déploiement de radars feux rouges et leur associer systématiquement un module de contrôle de la vitesse, notamment en agglomération.
Poursuivre la modernisation du parc des 4 200 radars afin de mieux lutter encore contre la vitesse excessive ou inadaptée sur les routes (radars chantiers pour la sécurité des personnels, radars mobile de nouvelle génération).
Lutter contre les contournements de la loi en matière de contrôle automatisé, notamment : en déployant des radars double-face qui permettront aux enquêteurs de mieux identifier les auteurs des infractions ; en rappelant sur les avis de contraventions que les personnes morales ne peuvent se substituer aux personnes physiques pour l’acquittement des amendes qui, comme les éventuels retraits de points de permis, s’appliquent au conducteur en infraction.
Uniformiser la taille et le format des plaques d’immatriculation des deux-roues motorisés, afin de faciliter les contrôles.
Rendre obligatoire pour les usagers de deux-roues motorisés le port du gilet de sécurité en cas d’arrêt d’urgence, comme c’est déjà le cas pour les automobilistes.
Exiger, lors de la demande de certification d’immatriculation d’un véhicule, la désignation d’une personne titulaire du permis de conduire correspondant au type de véhicule à immatriculer. Cette personne sera responsable en cas d’infraction constatée, à défaut d’identification du conducteur en infraction.
Agir contre le défaut d’assurance en se donnant les moyens techniques de vérifier l’adéquation entre les véhicules assurés et les véhicules immatriculés.
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