« Dans les années 90, le petit groupe fondateur de l'association se posait beaucoup de questions par rapport au chômage dans les zones rurales, et plus particulièrement par rapport au chômage des femmes. C'est en partie pour ça que la couture a été l'activité retenue », explique Clémentine Ollivier, aujourd'hui présidente de Art Haute Lande. « Mais il n'y a aucune discrimination, nous avons déjà accompagné des hommes ! », précise-t-elle. « La couture était également un choix pratique, car ne demandait pas un matériel de pointe, ni un espace de travail important ».
C'est donc en 1994 que l'association voit le jour, avec à l'époque une seule salariée en insertion. « Aujourd'hui, nous comptons 7 personnes en CDDI (contrat à durée déterminée d'insertion NDLR.) ». Une évolution nécessaire pour répondre à une demande qui ne cesse de croître. « Je pense que même si nous doublions le nombre de postes, nous aurions toujours des candidats », déplore la présidente. « C'est un public qui se rajeunit également... Si au lancement de l'association les salariées étaient principalement des femmes en fin de carrière, sans qualifications précises, aujourd'hui la moitié de l'effectif a la trentaine et est qualifiée ».
Art Haute Lande accueille ainsi majoritairement des femmes, qui leur sont pour la plupart orientées par des travailleurs sociaux, France Travail, et d'autres partenaires. « Nous leur apportons une formation de couture afin de pouvoir répondre aux besoins de l'association, mais l'idée n'est pas d'en faire des couturières. Disons que la couture c'est une activité support pour nos salariées. L'enjeu de leur passage chez nous, c'est de retrouver le monde professionnel conventionnel ».
Cela passe donc par un accompagnement professionnel, sur des choses aussi simples que le respect des horaires, la présentation, le travail en équipe, jusqu'à l'accompagnement à la création d'entreprises par exemple. « Et il y a une dimension sociale importante également. Nous pouvons leur apporter de l'aide administrative, ou les orienter vers nos partenaires qualifiés ». On parle alors, en cas de besoin, d'un suivi médical, d'un accompagnement pour l'obtention du permis, de la mise en relation avec des structures solidaires, etc.
Bien que la couture soit un support pour les salariées, cela reste une dimension importante pour l'association, puisque c'est son activité principale, et sa source principale de revenus. « Nous sommes aidés par l'État et le Département pour les CDDI, et nous bénéficions également de subventions, mais cela ne suffit pas pour faire vivre l'association et payer tous les salaires », explique Clémentine Ollivier.
Ainsi, dans son atelier de Sabres, Art Haute Lande propose plusieurs prestations : la retouche et réparations de vêtements, et la création d'autres pièces, accessoires, et linge de maison. « Notre spécialité, ce sont les tabliers ! ». Dans le courant de l'année dernière, une friperie a également vu le jour, avec des habits entre 1 et 3 euros. « C'est une toute petite boutique, car nous n'avons pas énormément de place dans l'atelier. Alors nous avons pensé à faire une formule itinérante mensuelle ». Une démarche en partenariat avec des Ehpad locaux, Art Haute Lande se rendant dans les établissements partenaires. « Pour les résidents, c'est un moyen de voir du monde et de s'ouvrir vers l'extérieur, et pour nous c'est un moyen de développer nos actions et de toucher plus de monde ! ».
COUPS DE POUCE
Pour se faire connaître et continuer à toucher le plus de monde, l'association organise également des défilés ponctuels avec les pièces qu'elle crée. « Nous participons à plein d'événements tout au long de l'année ! Nous sommes présents sur des festivals, comme Musicalarue par exemple ». L'association vous invite à les suivre sur les réseaux sociaux afin de ne pas manquer leurs prochains événements pendant lesquels ils collectent d'ailleurs des dons de vêtements et de textile. « Les gens peuvent aussi nous faire des dons à la boutique ! Depuis l'année dernière, nous avons obtenu le label « Bonus Réparation » qui permet de déduire une partie du coût de l'opération pour les clients. C'est un moyen d'inciter à la réparation plutôt qu'à simplement jeter ».
Cette dimension d'upcycling, Art Haute Lande aimerait d'ailleurs la développer à l'avenir. « Mais ça demande du temps et surtout de la place que nous n'avons pas ! Alors en attendant, on va surtout se concentrer sur les projets en cours, et s'assurer de les mener à bien », relativise Clémentine Ollivier. L'association va d'ailleurs lancer une cagnotte de financement participatif pour l'aider à acquérir des brodeuses. L'idée est de répondre à un besoin des résidents des Ehpad, qui doivent étiqueter leurs vêtements.
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