Jean-Marc Dupont nous le confiait avant son départ pour les Canaries : sa folle traversée de l’Atlantique à la rame (on le rappelle accomplie au profit des blessés de guerre) n’aurait de sens que si elle était partagée. Il était donc tout naturel pour lui de répondre à l’appel lancé par le foyer de vie Pémartin sur la plateforme d’initiatives sociales Ekin.
On rappelle que l’établissement faisait partie des 6 structures médico-sociales associées depuis le début à ce projet transfrontalier Ekin, porté par les deux agences du numérique que sont l’Antic Pays Basque (à Bidart) et l’Aptes (à Saint-Sébastien). Co-financé par le Fonds européen de développement régional, ce projet a débouché sur la création d’une plateforme numérique où les établissements médico-sociaux peuvent passer des annonces et où citoyens et associations peuvent proposer du temps et des activités de loisirs aux personnes fragiles, en situation d’exclusion ou de handicap.
« Dans le contexte de la crise sanitaire, qui a beaucoup limité notre liberté de mouvement, nous cherchions de nouveaux moyens d’aider nos résidents à s’évader un peu. Nous avions lancé sur la plateforme Ekin une nouvelle annonce en ce sens, dans le but de leur faire vivre une aventure originale », explique Murielle Fouquet, AMP du pôle animation du foyer Pémartin, qui accueille des personnes en situation de handicap mental.
Après les balades à moto, l’établissement s’est ainsi associé à sa manière au beau défi de Jean-Marc Dupont, parti des Canaries le 13 décembre dernier et arrivé à la Martinique ce 10 mars, après 87 jours de traversée à la rame.
Que du positif pour les résidents…
D’abord, l’aventurier était venu au foyer le 25 novembre, avec son bateau, afin de présenter son défi aux résidents, lesquels se sont engagés à parcourir ensemble la même distance que lui sur la terre ferme, à la marche (sur le vaste domaine de Pémartin) ou sur un vélo d’appartement, chacun à son rythme, soit autour de 5.000 kilomètres. « L’initiative nous a d’abord permis de lutter contre la sédentarité et de favoriser l’activité physique des résidents, motivés par ce défi », précise Murielle Fouquet. Dans les locaux du foyer, ceux-ci ont en outre déployé une fresque kilométrique pour suivre le périple de Jean-Marc Dupont. Ils y ont accroché dessins, photos et coupures de presse relatives à l’odyssée.
L’aventurier tenait également un journal de bord que les résidents ont lu quotidiennement avec beaucoup d’intérêt. Deux fois par semaine, via l’application Cov On, ils ont en retour exprimé leurs ressentis sur ce voyage au long cours, livré leurs impressions, prodigué leurs encouragements au navigateur et posté des photos, par exemple de leurs marches de groupe.
L’arrivée de l’aventurier a aussi été préparée : des cadeaux en provenance de Pémartin l’attendaient à la Martinique avec son épouse. Touché, il a chaleureusement remercié les résidents en vidéo via WhatsApp. Au bout du compte, une bonne moitié des 80 résidents du foyer Pémartin (66 en internat et 14 en externat) auront été impliqués dans cette belle histoire.
Et entre vents défavorables, tracas techniques et pépins physiques, leurs encouragements n’auront pas été de trop pour Jean-Marc Dupont, qui a trouvé les ressources pour surmonter toutes ces difficultés. Une fois retapé (il a quand même perdu 20 kilos dans l’affaire…), il viendra naturellement échanger avec les résidents sur sa traversée. Au foyer, il fait maintenant un peu partie de la famille.
« Il ne ressort finalement que du positif de cette initiative », résume Murielle Fouquet, qui note que la crise sanitaire a encore renforcé l’intérêt de la plateforme Ekin, toujours génératrice de nouvelles idées. Ateliers ludiques, chant, golf, lectures à voix haute ou découverte de l’art urbain à Bayonne font actuellement l’objet d’annonces, et la liste n’est pas exhaustive.
Si vous gérez un établissement ou avez du temps à donner aux personnes vulnérables autour d’une activité de loisir, n’hésitez pas à aller jeter un œil sur le site d’Ekin : d’autres belles histoires sont encore à écrire !
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