Michel Camdessus fut pendant douze ans le directeur du Fonds monétaire international (FMI), et s’illustra comme un « humaniste du bien commun partagé de l’humanité ». Une définition que fit de lui précisément Roger Etchegaray.
Dans un livre présenté par l’auteur Bernard Lecomte, à Espelette, il y a quelques années, « J’ai senti battre le cœur du monde », l’on découvrait la relation personnelle entre Roger, le cardinal, et Michel, l’économiste directeur du FMI. Qui avait fort mal commencé !
De façon épistolaire et rude toutefois puisque le cardinal y regrettait « les décisions autoritaires du FMI peu démocratiques, sans une suffisante considération des urgences sociales des peuples et de la spécificité de chaque situation. »
D’autres s’y seraient vexés définitivement, mais c’était sans compter sur l’intelligence courtoise et le tempérament si basque de Michel Camdessus. Au lieu de cela donc, dès les années 84 et jusqu’en 2000 où Michel Camdessus quitte le FMI après trois mandats successifs, les deux hommes entretiennent des relations ténues : celles d’un homme d’influence avec un homme d’église, les deux partageant une audience internationale. Économique pour le premier, spirituelle pour le second.
Qu’il s’agisse de justice et de paix, des urgences du monde, des famines, des guerres civiles ou endémiques, des catastrophes naturelles, tous les deux ont bien des sujets brûlants en commun. Roger Etchegaray mène son entreprise internationale avec Cor Unum depuis le Vatican, en sus des missions diplomatiques couvertes à la demande du Pape Jean-Paul II.
Souvent, elles vont de pair : aux nécessités du monde, répond la nécessité des actions. Le cardinal parcourt ainsi la plupart des pays de la planète bleue, excepté l’Albanie et la Corée du Nord. Michel Camdessus, lui, les connaît tous pour les fédérer au sein du FMI. Seul le Cuba de Fidel Castro sera un apanage du cardinal sur son ami économiste.
« L’amour à bout portant », formule d’Emmanuel Mounier, personnaliste français, qu’aimait reprendre Roger Etchegaray, face aux détresses humaines, était une vertu partagée – encore une – par les deux hommes.
Dans l’introduction de son propos, Michel Camdessus a comparé Roger Etchegaray au cardinal Lavigerie dont la statue est érigée à la place du Réduit à Bayonne, dans l’emplacement de l’ancienne porte royale de la ville donnant sur le pont Saint-Esprit. Soufflant presque l’idée de dresser à son tour une autre statue en l’honneur du cardinal espeletar.
Les souvenirs complets de Michel Camdessus peuvent se retrouver dans son ouvrage « La scène de ce drame est le monde », d’une troublante actualité dans une Europe à nouveau confrontée à la guerre.
Les téléspectateurs de KTO recevront ce poignant témoignage dans les prochaines semaines dans les pays francophones. Gageons qu’ils prendront autant de plaisir à découvrir ces deux destins croisés d’une grandeur d’âme exceptionnelle que le parterre d’auditeurs de la Ville de Bayonne a pu en avoir le privilège.
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