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Du champ à l’assiette, Maïsadour accélère le virage agroécologique

Entre souveraineté alimentaire, agriculture régénératrice et relance de la filière volaille, le groupe Maïsadour traverse l’exercice 2024-2025 avec pour objectif de transformer durablement l’agriculture du Sud-Ouest.
Maïsadour a présenté le 5 octobre dernier leur rapport d'activité
Maisadour DR
Semences résilientes, fermes pilotes, agriculture décarbonée et dynamique animaux, Maïsadour veut conjuguer performance et respect du vivant, avec une conviction forte qu’elle résume ainsi : « Nous avons la maîtrise complète de nos filières, de la graine à l’assiette. »
L'entreprise est au côté des agriculteurs
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L’exercice 2024-2025 de Maïsadour vient confirmer la solidité de la coopérative, qui conjugue résultats satisfaisants et investissements massifs pour redessiner ses filières. Bien plus qu’un simple ajustement stratégique, il s’agit d’un véritable changement d’ère, où l’innovation, la transition agroécologique et la souveraineté alimentaire se mêlent pour créer l’agriculture de demain.

Semences, sols et résilience

Ce chantier s’enracine d’abord dans la génétique. Depuis plusieurs années, MAS Seeds s’attaque à l’un des défis majeurs de l’agriculture moderne, c'est à dire produire mieux dans des conditions plus incertaines. Ses programmes de recherche ont donné naissance aux gammes WATERLOCK et HélioSMART, pensées pour rester productives lorsque la météo s’emballe. Elles répondent aux sécheresses, tolèrent mieux les maladies et assurent une production stable aux agriculteurs, y compris lors d’années mouvementées.

Cette stratégie n’a rien d’un simple verdissement. En effet, 40 % des semences commercialisées en 2025 proviennent déjà de ces programmes d’innovation, et 25 % des productions sont issues de l’agriculture régénératrice, avec un objectif fixé à 100 % en 2028. Maïsadour le dit sans détour : « Aujourd’hui, 2 800 agriculteurs utilisent une solution d’agriculture régénératrice sur 176 000 hectares. »

C’est une marche résolue vers une agriculture qui régénère plutôt qu’elle n’épuise... un positionnement assumé par le Directeur Général Christophe Bonno : « Le groupe Maïsadour construit, avec ses adhérents, ses salariés et ses partenaires, l’agriculture de demain, en lien avec notre stratégie AMBiTiON 2030. Maïsadour rend ainsi concrète l’agriculture régénératrice et décarbonée. Le groupe travaille également pour assurer la souveraineté alimentaire à long terme. Pour mener ces actions, le Groupe se transforme et impulse un véritable collectif d'acteurs afin de promouvoir ses produits et valoriser ses savoir-faire. »

Maisadour renforce ses filières animales
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Une agriculture régénératrice qui prend racine

Pour accélérer la transition, Maïsadour agit comme un véritable tremplin. Les agriculteurs qui produisent un maïs régénératif bénéficient d’une prime de 100 euros par hectare, une première en Europe qui vient rémunérer l’effort de transition. La première campagne représente 855 hectares, un signal encourageant pour une production encore jeune mais déjà structurée.

Outre son aspect technique, cette transformation est aussi économique. Issu de son partenariat avec Earthworm Foundation, Maïsadour élabore un modèle capable de rémunérer durablement les pratiques régénératrices. Trente agriculteurs testent aujourd’hui cette démarche complète, qui mêle accompagnement, formations et suivi agronomique. La coopérative veut ainsi dépasser le simple conseil technique pour proposer une voie où transition et revenu agricole ne sont plus des concepts opposés.

La diversification fait également partie des leviers d’avenir. La nouvelle filière pomme de terre, menée avec l’industriel Roger & Roger, offre une alternative stable et à forte valeur ajoutée. Une manière de répartir les risques, de créer de nouveaux débouchés et de concrétiser la feuille de route AMBiTiON 2030, qui place la résilience au cœur de la stratégie.

La société veut développer sa filière poulet
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Maïsadour renforce ses filières animales

Face à une demande croissante, notamment en poulet du quotidien, de plein air et en totale liberté, Maïsadour met les moyens. En effet, pas moins de 7,5 millions d’euros ont été mis sur la table pour financer de nouveaux bâtiments et 1,6 million par an pour soutenir la rémunération des éleveurs. Une première en France.

Pour Michaël Dolet-Fayet, Président de la filière volailles, cette dynamique dépasse largement la coopérative : « La filière volaille ne concerne pas que Maïsadour, on parle ici de filière qui créé des emplois, qui créé de la valeur, qui maintient l’activité agricole et qui contribue à la souveraineté alimentaire de la France. Le sujet concerne donc beaucoup d’autres : banquiers, services de l’État, la Région… nous avons aussi besoin de tout le monde. »

Le Préfet des Landes, Gilles Clavreul, salue d’ailleurs cet engagement : « Maïsadour incarne une agriculture en mouvement. »

Avec la création de Maïsadour Gastronomie, qui regroupe les pôles volailles et canards, la coopérative renforce encore la chaîne de valeur, rationalise ses opérations et consolide sa compétitivité.

Le maïs a souffert de la météo en 2025
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Produire mieux, produire durable

La performance n’a de sens, pour Maïsadour, que si elle s’inscrit dans la durée. Le groupe a obtenu en 2025 le niveau « Exemplaire » du label RSE, une reconnaissance qui couronne des années d’engagement. Ses émissions ont déjà diminué de 11 % depuis la période de référence et chaque investissement intègre désormais un volet environnemental. Pour Daniel Peyraube, président de Maïsadour, cet équilibre est vital : « Maïsadour a su préserver un équilibre essentiel : investir avec constance dans la durabilité et la performance, tout en accompagnant nos adhérents vers une transition agroécologique ambitieuse et réaliste. »

Il insiste également sur la responsabilité collective : « La transition agricole, la souveraineté alimentaire et la compétitivité de nos productions ne peuvent pas reposer uniquement sur les épaules des agriculteurs. » Dans un contexte où changement climatique, crises sanitaires et tensions géopolitiques redessinent les priorités, la coopérative veut tenir son rôle de bouclier économique et technique.

Pour construire un modèle solide « de la graine à l’assiette », Maïsadour doit aussi renforcer ses filières en aval. La création de Maïsadour Gastronomie, en octobre 2025, marque un tournant stratégique. En rassemblant Delpeyrat et Fermiers du Sud-Ouest, le groupe unit ses forces autour d’une seule entité qui totalise désormais 1 400 salariés et 450 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Cette nouvelle organisation fluidifie la logistique, mutualise les équipes et renforce la compétitivité, tout en offrant aux clients une gamme complète allant de la volaille aux poissons. « Le groupe Maïsadour construit l’agriculture de demain, en lien avec notre stratégie AMBiTiON 2030 », affirme Christophe Bonno. Il souligne également l’importance du dialogue : « Maïsadour engage un dialogue constructif avec les ONG, à l’image de son partenariat avec Earthworm Foundation. »

Un modèle économique solide

Si le résultat net consolidé reste légèrement négatif (-2,8 millions d’euros), il s’inscrit en nette amélioration de six millions d’euros. L’excédent brut d’exploitation atteint 63,7 millions d’euros, confirmant la solidité du modèle coopératif. Avec 1,408 milliard d’euros de chiffre d’affaires, Maïsadour peut poursuivre des investissements lourds : modernisation d’usines, robot de sexage dans l’œuf, piscicultures, outils MAS Seeds ou encore plan de développement de la volaille.

Une stratégie de long terme, pensée comme une navigation face au changement climatique où l’agriculture doit pouvoir compter sur des filières stables, des outils performants et un collectif fort. Au sein de la coopérative, on aime rappeler que « nous avons la maîtrise complète de nos filières, de la graine à l’assiette ». Une manière de dire que l’avenir ne se construit pas uniquement dans les laboratoires ou les conseils d’administration, mais surtout dans les champs, les élevages et les ateliers, aux côtés des agriculteurs.

Sébastien Soumagnas

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