Ah que n'a-t-on pas entendu comme sornettes et autres stupidités quand il a fallu s'accorder sur le fait que, oui ou non, les animaux étaient dotés de sensibilité, voire de sentiments ! Loin de moi l'idée d'entrer dans le débat. Ah non, n'y comptez pas !
C'est un peu comme discuter d'une possibilité de vie après la mort. Il y a ceux qui y croient mordicus, ceux qui n'y croient pas mordicus, et tout ce petit monde discute sans que personne sache rien de rien (puisqu'il y a évidemment peu de "témoignages" officiels sur le sujet, rares étant ceux qui ont fait l'aller-retour, le billet de sortie étant généralement un ticket simple). Chacun restant campé sur ses positions. Discussion inutile.
Donc, de façon éminemment personnelle et subjective, je sais simplement que je ne saurais pas traverser la vie sans un animal de "compagnie", et en prenant de l'âge, je jalonne ma propre existence de leur présence à mes côtés. C'est aussi "bête" que ça.
Et…
Comme je feuilletterais un vieil album de photos jaunies par le temps et où sont figés les portraits d'êtres chers. Il y a eu Micky, quand j'étais enfant, qui venait m'accompagner et me chercher à l'école du village. Un chat noir et blanc, qui m'a évité le réveil matinal pendant des années, puisqu'il me léchait consciencieusement le visage, chaque matin, à 6h45 pile poil (sans jeu de -chats-mots), pas une minute de plus, pas une de moins.
Il y a eu Chamallow, un chartreux caractériel, qui ouvrait le frigo et se servait à l'intérieur, et quand il se faisait gronder, boudait face au mur. Il y a eu Chipie, la petite chienne qui a rempli mon cœur d'amour pendant onze belles années. Et qui m'a un jour traînée dans l'appartement jusqu'au téléphone, pour que je puisse appeler les secours. Je n'invente rien.
Il y a eu Zapata, le petit chat noiraud qui mettait ses petites pattes autour de mon cou et frottait son nez contre le mien en guise de câlin. Il y a encore la vieille Marratu, une autre caractérielle, névrosée de surcroît, qui malgré son grand âge prend encore des "crises de folie" le matin, et traverse la maison en courant comme si elle était poursuivie par un fantôme effrayant, et se réfugie dans mon placard à chaussures, pour y faire consciencieusement ses griffes, ce qui fait que toutes mes godasses sont lacérées, et absolument imprésentables.
De mes voyages, je rapporte également le souvenir d'animaux. Ce chat, en Grèce. Ces chiens, au Mexique. Encore un chat en Italie. Croisés, caressés, aimés le temps d'un instant, mais jamais oubliés. Car les animaux apportent à qui sait la recevoir une dose de tendresse que les humains (qui se comportent parfois comme des animaux, en pire) ne savent plus donner depuis longtemps.
J'entends les mécontents, ceux qui prétendent qu'il y a assez d'enfants malheureux à secourir sans s'encombrer de bestioles qui foutent des poils partout (depuis quand n'a-t-on plus assez d'amour à donner pour ainsi le restreindre, le quantifier, l'ordonner par priorités ?).
J'entends ceux qui prétendent qu'on n'aura jamais un intérieur propre avec un animal dans les pattes (on a connu des êtres humains autrement plus crados à vivre, mais bon...).
J'entends ceux qui jurent que la responsabilité est trop grande, parce qu'il faut "s'en occuper" ! Oui mais bon, même les plantes vertes, il faut les arroser, et elles ronronnent quand même vachement moins bien, faut le dire !
Bref, on peut se déchaîner, tout dire, tout argumenter, mais les faits sont là. On peut agir "bêtement", quand les bêtes nous étonnent de leur intelligence. Et ce n'est pas un hasard si nos sociétés stressées ont de plus en plus besoin de leurs animaux de compagnie, qu'il s'agisse des basiques chiens et chats, ou des NAC, furets, serpents, rats...
Certaines vertus thérapeutiques sont même prêtées à nos animaux, et en premier lieu celle de calmer le stress. La statistique assure que les propriétaires de chats font moins d'infarctus que les autres ! Je ne citerai pas l'exemple d'Oscar, le chat vivant dans une unité hospitalière de Rhode Island, aux Etats-Unis, et doté d'une prescience qui le fait se coucher près des patients prêts à trépasser. C'est exceptionnel mais ne sert pas mon propos du jour.
En revanche, je ne cache pas mon étonnement singulier, chaque fois qu'un animal retrouve ses maîtres, même des années plus tard. Le tout dernier en date est en fait une petite chatte japonaise, nommée Suika. Elle avait disparu après la catastrophe de Fukushima, et le tsunami de 2011. Ses maîtres, la famille Yamagishi, l'avaient cherchée pendant trois mois, puis avaient abandonné, contraints d'abdiquer devant la triste évidence. Mais Suika est retombée sur ses pattes, et ce 10 avril 2014, a pointé le bout de son museau auprès de sa famille.
Son cas n'est pas unique. En Islande, le chat Örvar n'avait pas apprécié l'arrivée d'un petit rival canidé dans la famille et était sorti prendre l'air pour éviter de s'énerver sur le toutou agité. Sans jamais revenir. Son maître l'avait cherché partout, sans résultat. Sept ans plus tard, le matou a réapparu, et a immédiatement répondu à son prénom, avec forces ronrons.
Encore plus fort, ce mois de janvier 2014, on a pu entendre l'histoire d'Olive, réapparu dans les Côtes d'Armor au foyer de ses maîtres, dix ans après sa disparition. Amoché, vieilli, mais vivant et près des siens à nouveau. Le record - pour l'instant - appartenant au chat Bandit de Boston, disparu 13 ans auparavant et qui a retrouvé ses maîtres en 2013.
Pour tous ces animaux hors du commun, à l'extraordinaire parcours, les interrogations sont multiples : où sont-ils allés pendant leur absence, comment ont-ils survécu, est-ce une simple mémoire affûtée ou des sentiments réels qui les poussent à revenir vers leurs maîtres ? Peut-être vaut-il mieux ne pas tout élucider, et se laisser aller à la rêverie douce selon laquelle ils agissent par pur amour, et pure fidélité.
Un peu de tendresse dans ce monde de brutes, ça ne fait pas de mal. Y compris si cette tendresse est un peu "poilue" ! Et puisqu'il ne leur manque que la parole, laissons le silence couvrir leurs errances et maintenir le mystère intact.
Enfin, moi je dis chat, je dis chien...
Gracianne Hastoy
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