Eiffage a été autorisé à racheter les 49,99% de parts détenues depuis 4 ans par Casil Europe dans l’aéroport de Toulouse-Blagnac. On rappelle que le reste desdites parts se divise toujours entre les 10,01% de l’État et les 40% des 4 acteurs publics locaux que sont la Métropole toulousaine, la Région Occitanie, le Département de la Haute-Garonne et la CCI.
La décision a été communiquée par l’Autorité, qui l’a justifiée en avançant qu’elle « n’a pas identifié de problèmes de concurrence susceptibles de survenir à l’issue de l’opération », compte tenu d’abord d’une « part de marché cumulée qui reste faible » pour les deux entités concernées. Car pour l’instant, en effet, Eiffage n’exploitera par ailleurs que l’aéroport de Lille-Lesquin, à partir du 1er janvier 2020. Il n’aurait donc pas un impact significatif dans le secteur de l’exploitation aéroportuaire.
De même, l’Autorité n’a pas identifié de risques d’effets verticaux pervers, c’est-à-dire (par exemple) de voir Eiffage en profiter pour obtenir des marchés de travaux sur le site de l’aéroport, puisque « la quasi-intégralité des marchés passés par ATB sont soumis à une procédure de publicité ou de mise en concurrence encadrée par les dispositions du code de la commande publique, que le groupe Eiffage ne constitue pas un fournisseur important d’ATB et qu’il ne représente, chaque année, qu’une part négligeable dans les achats d’ATB ». En d’autres termes, la voie est libre pour Eiffage.
La fin d’un feuilleton explosif…
La nouvelle a été accueillie avec autant de joie que de gravité par les 4 actionnaires publics locaux, qui ont encore une fois pointé du doigt « la gestion strictement mercantile » de Casil Europe, acteur uniquement « guidé par l’appât d’un gain immédiat ».
Au début du mois de novembre, l’assemblée générale de la société ATB a d’ailleurs encore acté le versement de 16,2 millions d’euros de dividendes aux actionnaires, en dépit de l’avis contraire des entités publiques locales, qui regardent désormais vers l’avenir : « La cession de ses parts par Casil Europe devra permettre la mise en place d’une nouvelle politique en matière de gouvernance, de distribution de dividendes et d’investissements, dans des perspectives de long terme. Cette infrastructure indispensable au développement économique doit être pilotée dans le respect du territoire et de ses habitants », ont-elles commenté.
On rappelle que Casil Europe et Eiffage étaient entrés en négociations exclusives au printemps en vue de la cession des parts de la société chinoise, émanation européenne du consortium que forment Shandong Hi-Speed Group et Friedmann Pacific Asset Management. Ce consortium possédait déjà une entité Casil en Chine (Casil pour « China Airport Synergy Investment Limited »). Eiffage avait devancé d’autres prétendants, à savoir Vinci et le groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d’Épargne, ici alliée au fonds Ardian).
On ne sait pas encore à combien se montera la transaction, dont le prix plancher a été fixé par Casil Europe à 440 millions d’euros, montant sur la base duquel Eiffage s’était dit prêt à discuter. On se souvient que Casil Europe n’en avait déboursé que 308 pour acquérir ses parts. La plus-value ne manquera donc pas de faire jaser, car le chinois sortira gagnant d’une opération de court terme critiquée par de nombreux acteurs, à commencer par la Cour des comptes.
Mais comme dirait l’autre : le passé, c’est le passé, et demain est un autre jour…
Plus d’informations sur toulouse.aeroport.fr
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