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CHANGER DE VIEDe la Sierra Madre aux vallons gersois, le voyage initiatique de Damien Soitout

Son parcours professionnel ressemble à celui de tout aspirant au rêve américain. Pourtant, désormais, loin de Miami, des jets privés et des yachts de luxe, c’est à Aignan qu’il a trouvé le bonheur pour lui et sa famille…
Portrait de DAMIEN SOITOUT avec des lunettes de soleil devant un paysage valloné

Lorsqu’il lève les yeux de son ordinateur, il n’en finit pas de s’extasier sur la douceur de vivre et la quiétude qui règnent sur Aignan, son village de cœur niché dans la campagne gersoise. Exit les hauts buildings américains, le bruit, la pollution, et la pression constante comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

Son parcours professionnel ressemble pourtant comme deux gouttes d’eau à celui de tout aspirant au rêve américain, tel qu’on le découvre dans les journaux et sur les plateaux de télévision. Une réussite prodigieuse, qui vous propulse sous les feux de l’actualité pour ne plus vous lâcher.

« J’ai passé mon bac ES à Redon ; je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire par la suite. C’est à l’occasion d’un stage de découverte chez Yves Rocher que tout a commencé. Ils avaient un problème de maintenance de serveur depuis quatre ans, qui leur coûtait beaucoup d’argent. C’était tout bête, et je leur ai proposé une solution. Trois mois plus tard, le problème était résolu. Ils m’ont alors proposé un poste de consultant pour trois mois » raconte Damien Soitout.

Le tout jeune homme de vingt ans s’envole ensuite vers les États-Unis, près de la capitale Washington, pour y étudier tout en étant accueilli dans une famille, en contrepartie de quelques tâches. « Je suis tombé chez des entrepreneurs, et je leur ai montré les choses sous un nouvel angle. Ils m’ont aidé à leur tour à intégrer un master en administration d’entreprise ».

Il crée avec des étudiants de sa classe “Gyo Translation”, une entreprise de traduction qui fonctionne très bien, et croise sur le campus le regard de celle qui deviendra son épouse. Tous deux partent pour le Mexique, où il devient professeur universitaire de business economy et d’anglais dans le privé. Il monte sa deuxième entreprise, recrutant des consultants venus de l’étranger pour insuffler une nouvelle culture dans les entreprises mexicaines.

C’est en 2014 qu’il renouera avec la France. « Je suis revenu quelques mois dans le Gers, où j’avais passé la plupart de mes vacances scolaires dans la famille de ma mère. Je ne savais pas si le Mexique était vraiment pour moi. J’ai travaillé avec la Cave des producteurs réunis de Nogaro, et j’ai ouvert le marché latino. J’ai rencontré un Américain qui trouvait le Floc de Gascogne génial, et souhaitait que l’on fasse quelque chose ; nous avons fondé le groupe CPF, spécialisé dans l’import-export de vins et spiritueux ».

Le groupe se transforme alors en fonds d’investissement, basé à Miami, et diversifie ses activités de consulting auprès des plus grandes entreprises et institutions publiques. La notoriété prend le dessus.

Pendant six ans, je n’ai pas pris de vacances. Je n’ai pas vu ma fille ainée grandir

« Je voyageais beaucoup, je passais à la radio, à la télé, je n’avais pas un week-end de libre. Pendant six ans, je n’ai pas pris de vacances. Je n’ai pas vu ma fille ainée grandir. Puis il y a eu le Covid, nous avons travaillé comme des fous pour les hôpitaux. J’ai commencé à fatiguer, à me dire que ça suffisait. C’est devenu encore plus compliqué lorsque des différends sont apparus entre les associés… ».

Le groupe décide alors de se répartir les entreprises. Damien garde la partie consulting, pharmaceutique et import-export de vins et spiritueux, « celles qui prennent le plus de temps » lâche-t-il en riant. Mais il réussit à se dégager de ses responsabilités en nommant un fidèle collaborateur au poste de PDG, et publie “100 Hours”, invitant à un travail d’introspection avant de chercher à améliorer nos vies.

Pour moi, c’est le meilleur village au monde… 

« Pendant longtemps, je me suis bien amusé dans le milieu du business. Mais là, je ne voulais plus de stress. Nous avons pris quelques semaines de congés pour venir voir ma famille en France. Nous sommes arrivés par surprise le jour de l’anniversaire de ma mère, et nous ne sommes plus repartis. Nous nous sommes installés ici fin juillet 2021. Pour moi, c’est le meilleur village au monde, riche de personnes de nationalités différentes qui ont toutes une histoire, et de gens qui se fichent pas mal des yachts et des jets privés, qui ne demandent rien de plus qu’être tranquilles ». 

L’entrepreneur de 31 ans se consacre aujourd’hui au consulting via “Solution Succès” - dont le site regorge de conseils en développement personnel, business, finances - en savourant le plaisir de regarder s’épanouir pleinement ses trois filles, dont la petite dernière âgée de cinq mois, aux côtés de son épouse qui apprend elle aussi à apprécier la “vraie” vie.

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