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FOCUSTimothée Acheritogaray : « Il fallait garder confiance en nous et dans le devenir de Sokoa »

Le directeur général de l'entreprise historique de sièges Sokoa située à Hendaye a récemment acquis aux enchères un bâtiment aux Joncaux. Un investissement de 6 millions d'euros pour se donner les moyens de développer leur pôle « Soft Seating » Il nous raconte…
©SOKOA

Parlez-nous de ce nouveau domaine dans lequel SOKOA a investi depuis 2014

Timothée Acheritogaray : C’est une tendance du marché, qu'on appelle le « soft seating » ou espaces de convivialité. Traditionnellement, il s’agissait des espaces d'accueil mais cela se développe de plus en plus avec l’évolution des espaces et des modes de travail avec davantage de créativité, d’échanges, de réunions informelles, etc. C'est quelque chose qui n'existait pas il y a encore 15 ans dans notre secteur, et nous avons donc développé plusieurs gammes pour répondre à cette nouvelle tendance.

Ces nouvelles gammes vont des assises modulaires, aux poufs, en passant par les tabourets, les chauffeuses ou bien encore les canapés. Nous avons développé différentes assises qui correspondent à différents besoins et temps dans une même journée.

Passer du siège giratoire au « Soft Seating », est-ce toujours le même métier ?

T.A : L'assise de type conviviale s'adresse aux mêmes clients, ce sont simplement des besoins nouveaux. D’un point de vue technique ce sont des méthodes de travail différentes, des savoir-faire distincts : plus de garnissage, de houssage, de tapisserie ou encore de couture. Cela implique des équipes, des process et des lignes de production différentes avec, comme toujours, un vrai travail de polyvalence.

Étant donné notre écoute du marché, nous étions déjà à l’affût et prêt à développer ces nouvelles gammes. Jean-Louis Iratzoki, designer historique de SOKOA, nous a proposé comme premier modèle de cette nouvelle tendance le concept Mendi. Le succès a été au rendez-vous et immédiat dès sa sortie en 2014. Nous avons pu depuis développer d’autres gammes dans les espaces de convivialité comme Lotua ou Ildo. Et cette dynamique continue car en mars 2023, les nouveaux produits Rhune et Emeki viendront compléter notre gamme.

Qu'est-ce qui vous a décidé à rechercher un nouveau bâtiment ?

T.A : Nous avions fait une première acquisition aux Joncaux à Hendaye à l'époque où l'espace de convivialité était naissant, un petit bâtiment, « Sokottiki », d'environ 1 200m² en 2014 qui au fur et à mesure des années devenait trop étroit par rapport au volume de production et surtout aux perspectives avec les nouveaux produits qui arrivaient. Nous avons commencé à nous intéresser en mars 2020 à un bâtiment mis aux enchères dans la même zone. La vente a été reportée à cause de la situation sanitaire et les enchères sont revenues sur la table en septembre 2020. À cette époque, nos entrées de commandes affichaient -25% à -30% en mai, juin, juillet et août 2020.

Mais je suis resté très confiant pour SOKOA car la crise et ses conséquences n’étaient pas intrinsèques à l’entreprise, elles étaient même exogènes. Il fallait garder conscience des atouts nombreux de SOKOA pour à la fois passer au mieux cette crise et rebondir au plus vite dès lors que la croissance reviendrait. Il convenait dès lors de se saisir de l’opportunité de ce nouveau bâtiment.

J'étais persuadé que nous en aurions besoin à court-moyen terme, à l'horizon 2022-2024. Il faut mesurer que cet investissement nous permet de passer de 150 modules par jour à « Sokottiki » à 350 à terme dans les nouveaux locaux, nommés « Lekueder ».

Comment s'est déroulé la vente aux enchères pour acquérir le bâtiment « Lekueder » ?

T.A : Un groupe de travail a été constitué et a œuvré sur le sujet. J’ai par la suite été amené à présenter et porter ce dossier au conseil d'administration de Sokoa. Conseil qui a approuvé ce projet d’acquisition. Nous avons donc fait une première enchère en octobre 2020, que l'on a perdu puis j'ai sollicité le conseil d'administration pour surenchérir. Il a fallu être rapide parce que la surenchère devait avoir lieu dans les10 jours. C’est ici l’avantage d’avoir un Conseil d’administration et les prises de décision associées en local, avec une grande réactivité.

Cette surenchère a permis que ce bien reste la propriété d'une société du Pays basque. Nous sommes restés malgré tout dans les prix du marché, à savoir 4,5 millions d'euros pour un bâtiment de 6 300 m² couverts sur un terrain de 10 000 m² en très bon état. Il était surtout parfaitement adapté à ce que l'on souhaitait en faire et ce qu'on y fait maintenant. Avec la réhabilitation, les lignes de production et les différents aménagements, l'investissement total s'élève à 6 millions d'euros.

Siège Mendi
©SOKOA

Quand avez-vous pris possession du bâtiment ?

T.A : Nous avons pris possession du bâtiment le 14 mars 2021. Par rapport à la sortie du confinement en mai 2020, nous avions alors eu une reprise de l'activité au niveau de Sokoa, que l’on peut situer à partir d'octobre 2020. Nous sommes depuis cette date sur un niveau élevé d'activité, ce qui montre qu’il fallait garder confiance en nous et dans le devenir de l’entreprise et prendre en mains notre avenir.

C'était un pari moyen-long terme et dans le projet Sokoa, c’était indispensable de faire l’acquisition de « Lekueder ». Cela aurait été très compliqué de faire sans. Fin 2021 et durant le premier semestre 2022, nous avons réhabilité le bâtiment. Sachant qu'entre temps, il nous a été particulièrement utile, puisque comme beaucoup d'entreprises, pour retarder les hausses tarifaires ou éviter les pénuries, nous avons été amenés à surstocker en termes de composants et matières premières. Et ce surstockage, nous l'avons notamment réalisé dans ce nouveau bâtiment pendant plusieurs mois. On a ainsi pu augmenter nos stocks de près de 50%. Tout cela a été rendu possible grâce à l'assise financière très solide de Sokoa. Notre modèle d’actionnariat populaire et de proximité nous permet en effet de disposer de marges manœuvres suffisantes et nous offre la possibilité de raisonner sur le temps long.

Quand a-t-il été opérationnel ? 

T.A : Le démarrage de l’activité à « Lekueder » a débuté fin août 2022, tout récemment, parce qu'il y a eu des travaux de réhabilitation à exécuter ainsi que le déménagement des lignes de production qu'on ne pouvait faire que lors d'une période de fermeture, à savoir août. Il y a eu un très gros investissement des équipes depuis quasiment 2 ans. Le transfert sur les 3 semaines d'août était l'aboutissement, mais avant cela, il y a eu un travail d'anticipation, de planification, de coordination avec l'ensemble des différents corps qui sont intervenus pour les travaux. À noter le travail absolument remarquable de l’ensemble des équipes qui ont permis la réalisation du transfert dans de très bonnes conditions et la réussite du projet.

Sébastien Soumagnas

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