On pourrait penser que, comme la grande majorité des élevages, l’été et la sécheresse de l’année 2022 - s’annonçant déjà comme première d’une longue série - auraient flanqué un coup de mou à l’installation aquacole Gambas d’ici, installée à Idrac-Respaillès, près de Mirande.
« Pas du tout » répond Géraud Laval. « J’ai même eu le meilleur rendement depuis le début de mon installation. L’espèce tropicale que j’élève apprécie les fortes températures, et j’ai conçu mon système de bassins en circuit fermé. Même si le niveau a bien baissé cet été, je les avais suffisamment remplis au printemps ».
Contrairement à la filière mondiale des crevettes en système intensif faisant d’elle la première consommatrice de farines et huiles de poissons en grande partie en provenance du Pacifique, Géraud a choisi une méthode où ses crevettes sont nourries avec des sous-produits de l’agriculture locale, et ne nécessite que très peu d’énergie. De quoi lui éviter d’être impacté par la flambée des prix qui touche autant les ressources naturelles que l’alimentation, et lui permettre de vendre ses gambas sans augmentation des prix.
« Je produis des juvéniles, ce qui fait que je peux contribuer à l’installation de nouvelles exploitations aquacoles pour proposer des produits frais et locaux aux consommateurs. Malheureusement, certains départements refusent l’élevage de la crevette, car l’administration qui considère cette espèce comme exotique ne prend pas en compte les connaissances scientifiques démontrant qu'elle ne peut pas survivre l’hiver en zone tempérée. Elle ne présente donc aucun danger d’invasion dans le milieu naturel chez nous, surtout en installation fermée comme la mienne, précaution supplémentaire ».
C’est le cas notamment dans l’Ain, qui représente la plus grande zone de pisciculture en étangs de France, où les producteurs sont dépités parce qu’ils se retrouvent bloqués par l’administration. « Nous aimerions que la règlementation soit la même pour tout le monde. Nous avons donc créé avec d’autres producteurs l’Association Interprofessionnelle de la Crevette d’Eau Douce, l’AICED, pour défendre les intérêts des producteurs et travailler en collectif, avec l’INRAE ». Le problème a d’ailleurs été abordé tout récemment à l’Assemblée Nationale par Jérôme Buisson, député de l’Ain, s’adressant au ministre de l’Agriculture.
Géraud sait que sa technique d’élevage de crevettes correspond aux attentes actuelles de la société, à travers une autonomie alimentaire des territoires garantie par une production locale, fraîche, saine, et éco-responsable. C’est aussi pour cela qu’il a à cœur de déployer ces systèmes porteurs grâce à des associations.
COUP DE POUCE
Appel à des producteurs intéressés pour participer au développement de cette démarche éco-responsable : l’élevage de crevettes tropicales selon la méthode de Gambas d’ici et à partir de ses juvéniles.
Il est aussi possible de rejoindre l’association interprofessionnelle AICED
Des crevettes exceptionnelles, mais pas que…
Pour ne pas laisser ses bassins sans vie en période hivernale, Géraud y produit des truites arc-en-ciel, qui ont besoin, elles, d’une eau froide à moins de 20° pour s’épanouir.
« La vente débute sur le site en février, et se poursuit jusqu’à début mai. Il y a aussi des événements qui sont annoncés sur la page Facebook ! ».
Informations Gambas d’ici sur le site internet
Marielle Fourcade
AUTRES COUPS DE POUCE
On file les dimanches matin de 10 heures à 12 heures chez Gambas d’ici, au lieu-dit La Gravière à Idrac-Respaillès pour s’offrir du poisson ultra-frais à déguster en famille ou avec des amis, tout en soutenant un producteur local dans sa démarche bonne pour nous et pour la planète. Ouvert à tous, sans réservation. On peut également visiter la pisciculture.
Si vous voulez encourager la démarche vertueuse de Géraud Laval : envoyez-lui un message et suivez-le sur sa page Facebook, et relayez largement cet article auprès de vos connaissances.
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