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PAUSE CAFÉLa cage aux phobes !

Ophiophobes, catagélophobes, atélophobiques, n’ayez plus peur, entrez, venez admirer le savant mélange de nos peurs les plus dingues associées à leur qualificatif tout aussi barré…
Araignée positionnée en gros plan sur sa toile

Les plus connues sont certainement l’agoraphobie ou ochlophobie en fait (foule), et l’arachnophobie (araignées), mais un petit tour d’horizon m’a fait en découvrir des carrément incroyables, non pour le doux nom qu’elles portent, mais surtout pour la peur qu’elles décrivent, parfois plus dingue en soi que la phobie qui y est associée.

J’ignore combien vous parviendrez à en mémoriser, mais il est certain que pour faire cuistre dans les soirées mondaines, on a rarement trouvé mieux.

Restons d’abord dans les domaines courants des petites et grosses bébêtes ! Ça fonctionne toujours (prévoir fond sonore de cris et hurlements). La batrachophobie, facile, batraciens, c’est la peur des grenouilles. Tandis que l’ophiophobie, un peu plus difficile, est la peur des serpents. Ou l’acarophobie - pensez acariens - est la peur des piqûres d’insectes. Jusque-là, c’était fastoche.

Les journalistes de la Rédac’ de PresseLib’ me parlaient justement de leur tendance à la leucosélophobie. Bigre ! Ça se complique, on dirait. Pourtant, ce n’est rien d’autre que la peur de la page blanche. Pour le coup, j’ai un peu souffert de catagélophobie, peur du ridicule pour ignorer le terme. Enfin, tant qu’ils ne sont pas atteints d’onomatophobie, peur d’un nom ou d’un mot, l’édition de demain reste garantie ! On leur souhaite presque de subir une atélophobie, peur de l’imperfection, non ?

Une coquette lettrée m’avouait plusieurs effrois cumulés : une éreuthophobie à son premier rencart (la peur de rougir), et surtout une rhytiphobie (peur d’avoir des rides) face à son jeune prétendant qu’elle avait choisi imberbe car elle souffrait de trichophobie, peur des poils, c’est ballot ! Doublée d’une doraphobie, peur de la fourrure, tapis saint-Maclou sur la poitrine s’abstenir. À laquelle, ne coupons pas le cheveu en quatre, s’ajoutait une pogonophobie redoutable (peur des barbes) mais, et l’imberbe l’était, elle l’abandonna quand même car elle était péladophobique (peur des chauves). De toute façon, leur histoire était vouée à l’échec (je peux placer ici que la peur d’échouer est l’arychiphobie ?) car elle refusait les jeux érotiques trop avancés en raison d’une terrible ptéronophobie.  C’est grave, docteur ? Ah oui, quand même… La peur d’être chatouillée avec une plume ! Stoppons ici notre inventaire un instant. J’y pense : il y a donc quelqu’un, un jour, qui a voulu identifier sa peur des guilis-guilis de plume et a eu recours à un scientifique, qui est allé à son tour nous dégoter un terme aussi abscons que grec ? Ça vous chatouille ou ça vous gratouille ?

Revenons-en à nos moutons… Personne ne craint les moutons, ça va ? Donc, disais-je, poussée à bout, ma coquette était au bord du suicide, mais je lui dis, dans un argument implacable : surtout, ne fais pas ça, je ne le supporterai pas, je suis autocheïrothanatophobique. Autrement dit, j’ai une peur bleue (rouge, jaune, verte) du suicide. Ouf ! Vous noterez que je me suis bien décarcassée pour la placer, celle-là.

Cela étant, il y a les phobies rigolotes. Du genre que, décemment, tu n’arrives pas à prendre au sérieux (ou alors, seulement en te concentrant très fort sur les impôts, l’inflation et ta facture d’électricité, sans oublier la mort de Coco le coq). J’avoue un faible pour la tératophobie, peur des monstres (pas courant, en même temps), et si vous voyez quelqu’un qui marche le nez en l’air, c’est peut-être parce qu’il est poète certes ou pire, kéraunothnetophobique (à tes souhaits) et donc qu’il craint la chute des satellites (euh, c’est sérieux, là ?). On va dire qu’il est poète, c’est plus simple. Le climacophobe ne redoute pas les changements climatiques mais bien les échelles et les escaliers. L’insulte suprême : « hey, le climacophobe, je te fais la courte-échelle ? » C’est violent, on est d’accord.

Perso, je reconnaitrais bien une petite iatrophobie, peur du médecin, mais jamais, jamais, je ne souffrirai de chinophobie (peur de la neige), ou de triskaïdékaphobie (peur du nombre 13, merde c’est aujourd’hui). Les ados sont certainement hypégiaphobiques (peur des responsabilités) et de fieffés lachanophobiques (peur des légumes). En ce qui concerne le dernier point, j’ai aussi quelques noms en placard, si vous payez bien, je balance…
Pour terminer, vous apprendre que si cet édito vous effraie et que vous avez peur de tout, vous souffrez probablement de pantophobie. Et si vous avez peur d’avoir peur, hormis que c’est le signe incontestable que vous êtes irrécupérable, alors vous êtes phobophobique…

En revanche, j’ai beau chercher, fouiller, toujours aucun dico de grec, de latin, d’hébreu, de tibétain qui me dise comment s’appelle la peur des cons… Et pourtant, celle-là, sûr que je l’aurais mémorisée au motif d’une pratique soutenue, hélas… Comme le monde est (parfois) mal fait !

Gracianne Hastoy, phobique à ses heures

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