Commençons par le commencement : la prononciation. Ce mot norvégien se prononce « couche-lit ». Derrière ce terme un peu inusité, se cache une philosophie, norvégienne donc, qui prône le confort, le « cocooning », l’intimité et la quiétude. Ou la bonne vieille image d’Épinal : une fille vautrée sur le canapé moelleux, roulée dans un bon plaid polaire, un thé à la main, un livre de l’autre, une cheminée projetant sa flambée crépitante dans la pièce (ou au pire des bougies) et la neige qui tombe au dehors. Vous voyez le genre ? Eh bien, vous savez tout du Koselig ou presque alors !
En fait, c’est un tantinet plus complexe que cela, déjà parce que le mot est intraduisible en français, on ne peut que trouver des approximations. Kos pourrait se décrire comme « sensation confortable ». Cela va de l’image décrite plus avant, mais peut englober tout ce qui est grosses chaussettes, vin chaud, chocolat, éléments naturels (bois, laine, fleurs séchées, paysage de forêt, ou de montagne…)
Comme les lecteurs PresseLib’ sont un public averti, vous allez évidemment me répondre : « Oh, on connaît ! C’est comme le « hygge », la philosophie cocooning danoise à la mode ! » Oui mais non. Vertu en commun, les deux philosophies préconisent de passer du temps avec les proches ou la famille, ou des amis. Ambiance chaleureuse et confortable, moments intimes, rires, complicité, tout ce dont on rêvait pendant qu’on était confinés, oui ! Ceux qui pensent déjà aux futures soirées raclettes sont très Koselig !
Mais la similitude s’arrête là. Le Koselig va plus loin car d’aucuns le définissent comme, non pas une philosophie, mais une méthode d’organisation. Tout va être pensé pour se sentir bien chez soi. Du coup, on se rapproche plutôt d’une idée du feng-shui… sinon qu’ici, haro sur les Asiatiques, la tendance nous vient des pays scandinaves, Suède, Norvège, Finlande… Y verra-t-on une relation de cause à effet : en somme les pays connus pour être les plus heureux du monde !
Une façon de vivre heureux et commode
En un mot comme en cent, l’objectif sera de transformer nos espaces de vie en lieux si agréables qu’ils touchent (j’ai failli écrire « confinent » mais je me suis ressaisie à temps) à la sanctuarisation de la paix pour leurs hôtes. Accueillant est peut-être sa meilleure traduction, finalement. Pour les Norvégiens, cela passe obligatoirement par une socialisation. Il n’y a pas de Koselig sans échanges. Ainsi qu’une reconnexion avec la nature, du genre « je n’hésite pas à affronter la nature, même par temps dégueu, je chausse mes bottes, ma grosse doudoune, et je file sous la pluie ou dans le froid pour une revigorante balade ». Essayez ! Éteignez-moi ce Netflix deux minutes !
L’ordre comme priorité
Ok, commodité, socialisation, on commence à comprendre le truc. Mais attention, pour obtenir cette ambiance chaleureuse et détendue, hors de question de vivre dans un lieu où règnent chaos, désordre et donc stress… Ici, l’ordre devient donc instrument du bonheur.
La première clé – et l’une des plus importantes – consiste à se débarrasser de tout ce qui est inutile ou n’a pas de valeur émotionnelle, car cela ne contribue pas au confort, et toc ! Objets cassés, usés, qui sont restés oubliés longtemps au fond d’une armoire doivent donc dégager, zou ! Selon les Norvégiens, sans cela, on se polluerait par du « bruit visuel », pas moins… Pas obligé d’en venir au minimalisme, mais tout de même. On ne garde que ce qui rend l’ambiance plus belle : couvertures, tons pastels, jolis objets décoratifs, lieux ordonnés. Cela rejoint complètement la tendance des blogs coréens (du Sud hein… parce que la coolitude de la Corée du Nord apparaît encore un peu incertaine… oups) qui font un tabac, décrivant en musique suave au piano, des intérieurs soignés et très « chauds », une cuisine délicate et traditionnelle, des balades à la campagne, des thés chauds, des confitures réconfortantes, des repas en famille, e tout avec seulement des sous-titres, et pas de voix off. Envoûtant ! Les plus jeunes diront : ennuyeux ! En gros, Corée ou Norvège, Feng-shui, minimalisme, Hygge ou Koselig, tout cela revient à un éloge de la lenteur, un apaisement des sens dans un monde qui va de plus en plus furieusement vite... Rien que de lire ça, et on sent de suite qu’on lâche.
C’est pas tout, je vous laisse, j’ai un excellent livre à terminer, entourée de mes chats, en buvant un bon chocolat enroulée dans mon plaid… Vive l’hiver !
Gracianne Hastoy
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