Lucille Bonnet et Thomas Panzolato se sont rencontrés lors de leurs études à Anglet (en Arts appliqués) et ne se sont plus quittés depuis. Née dans une famille d’agriculteurs, Lucille a toujours été proche de la nature et s’est orientée vers le métier de paysagiste, en se spécialisant dans les paysages comestible et thérapeutique.
Fils et petit-fils de chefs cuisiniers Thomas a quant à lui préféré devenir concepteur designer de produits. Ces deux Landais ont vécu sept ans à Marseille afin de finir leurs cursus et débuter dans la vie active. C’est au cours de cette période qu’ils ont déniché une nouvelle technique pour assouvir leur passion : les plantes aromatiques.
« On ramène de nos voyages des plantes aromatiques, et comme n’avait pas de jardin, on a cherché une méthode pour les faire pousser en hors-sol. C’est ainsi que nous avons découvert le principe de l’hydroponie », raconte Thomas. Ce système de production remplace la terre par de l’eau. Ce qui fait que les plantes ont les racines directement dans l’eau et puisent ce dont elles ont besoin.
Une ferme pour changer d’air…
En 2015, le couple décide de revenir dans les Landes pour changer de vie. « Lucille voulait davantage suivre le rythme des plantes à travers son métier et avec la charge de travail que j’avais, j’ai fini par faire un burn out. J’avais besoin de changer d’air », confie Thomas.
De retour à Saint-Martin-de-Seignanx (chez les parents de Lucille), nos deux amoureux des plantes projettent de créer une exploitation de plantes aromatiques. Sur les conseils de proches, ils vont parler de leur idée à des chefs cuisiniers et leur présenter des échantillons issus de leur collection personnelle. « Après avoir goûté nos plantes, ils ont tous voulu collaborer avec nous », sourit Thomas.
La ferme originale de Lucille et Thomas voit donc le jour sur une parcelle que la famille Bonnet leur loue. Le couple installe donc une serre de 625 m2 pour y faire pousser près de 80 variétés de plantes à l’époque. Aujourd’hui, on peut y contempler 250 plantes aromatiques, en plus de la collection personnelle du couple : une grainothèque de près de 600 espèces.
Entre 35 et 50 restaurateurs dans le Sud-ouest…
Cédric Béchade
Les plantes aromatiques de L’Autre Campagne ont rapidement séduit les professionnels de la cuisine. Ils collaborent ainsi avec 35 restaurants, parmi lesquels celui de Cédric Béchade (l'Auberge basque), des Frères Ibarboure, d’Andrée Rosier (Les Rosiers à Biarritz), le restaurant Maïtenia à Ciboure ou encore Les Pipelettes à Pau, qui a adhéré dès le début au projet de leur ferme. Mais au cours de la saison estivale, il arrive que la petite ferme landaise travaille avec une cinquantaine d’établissements.
« Quand nous avons débuté, nous avions autant de professionnels que de particuliers comme clients. Aujourd’hui, c’est plus de l’ordre de 90% de chefs, mais nous souhaitons augmenter notre activité à destination des particuliers dans les prochaines années », assure Thomas.
Un cycle naturel…
La particularité de L’Autre Campagne est la production de plantes aromatiques en hydroponie un système de production qui remplace la terre par de l’eau. Ce qui fait que les plantes puisent directement l’eau et les nutriments dont elles ont besoins.
De plus, Lucille et Thomas utilisent une sous-famille de l’hydroponie : l’aquaponie. Au lieu de mettre des engrais chimiques, ils ont introduit des poissons rouges dans leur serre. Ils leur donnent à manger, leurs excréments nourrissent les plantes aromatiques, qui récupèrent le CO2 pour oxygéner l’eau dans laquelle vivent les poissons. « Grâce au circuit fermé, on récupère l’eau et l’engrais qui n’ont pas été absorbés par les plantes et en rajoute si besoin. Ce procédé nous permet d’économiser beaucoup d’eau », explique Thomas.
Faire découvrir les plantes aux particuliers…
Afin de faire découvrir les différentes utilisations des plantes aromatiques et leur métier, Lucille et Thomas organisent une visite guidée par mois et des brunchs. « On propose une formule avec un repas maison. Ça nous permet de donner des idées de recettes simples aux visiteurs et de leur faire découvrir de nouvelles saveurs », explique Thomas.
Des soirées gastronomiques, sur le même concept que les restaurants éphémères, sont également programmées : « Un chef travaille nos produits, sur place ou dans sa cuisine, en fonction de son inspiration et les propose à une trentaine de convives », détaille Thomas.
Depuis l’hiver dernier, Thomas et Lucille ont commencé à faire des produits transformés. Ils souhaitent par ce biais permettre à des personnes qui n’ont pas l’habitude de cuisiner d’obtenir des produits de qualité à base de plantes aromatiques. « Nous voulons développer cette activité. Nous projetons également d’agrandir notre ferme pour y faire du maraîchage bio en pleine terre. Ce sera notre nouveau challenge », conclut Thomas.
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Photos : L’Autre Campagne, Alan Dussarrat et Nathanaël Djimbilth
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