Peu à peu, nous avons fait grosso modo le tour de toutes les situations, en vous prodiguant à chaque fois des conseils utiles, judicieux, adaptés, en un mot parfaits.
Le boulot, vous êtes au point, l'entretien de recrutement aussi, les trucs qu'il ne faut plus dire, les améliorations grammaticales ou de langage, bref. Vous êtes désormais des pros.
Maintenant, je vous propose de passer au niveau supérieur. Soyons grivois, une fois n'est pas coutume…
Chuut, planquez cet écran derrière un tableau excel avec plein de chiffres, le sujet du jour est hautement intime et privé. Mais tout de même, je ne peux pas vous lâcher à votre "toute première nuit sexe" sans vous briefer un peu avant. L'ambiance, c'est important dans ces moments-là. La parole aussi, quoi que vous en pensiez. Il y a des trucs qu'il ne faut surtout pas dire sous peine de refroidir tous les élans (non, pas les rennes, les autres !).
Notez que cette chronique est à double usage : d'une part, elle vous permettra d'éviter de foirer lamentablement votre "first" dans un langage universellement valable et reconnu ; d'autre part, si vous avez déjà compris que demain matin, au réveil, vous ne voudrez plus revoir le ou la personne qui s'apprête à partager votre lit, ces remarques vont se transformer en atouts à employer à la volée.
Ne me remerciez pas : si vraiment votre petite affaire est mal engagée, vous pouvez puiser deux ou trois phrases en simultané dont émailler vos galipettes, et je vous garantis, résultats assurés, que ça va dégager à côté, on parie ? Ne me remerciez pas, c'est bien naturel.
C'est parti et c'est chauddddddddddddd, voici les petits trucs à lancer, l'air de rien, au moment fatidique, et qui devraient provoquer quelques réactions valant leur pesant de cacahuètes :
- Souris, c'est pour la caméra !
(Si elle ou lui ne se fige pas aussitôt, attention pervers ou perverse en puissance, méfianceeeee...)
- C'est dingue, ta soeur fait exactement pareil...
(On vous fait pas un dessin, là. C'est du lourd, du rédhibitoire. Si elle n'a pas de soeur, vous pouvez utiliser sa mère ou sa grand-mère, c'est encore plus radical). Encore plus drôle si c'est dit par la fille...
- Spécial garçons : Grouille un peu, c'est bientôt la fin de la mi-temps...
(Fonctionne selon les mêmes critères que le déshabillé sexy devant le match de foot ou de rugby, où vous soupirez "mais pousse-toi, j'ai loupé le but/l'essai, là, t'es relouuuuuu...")
- Elle vient quand déjà, ta mère ?
(Au cas où vous sentiriez que ça va être trop rapide, très très bon ralentissement, parfois définitif, mais ça vaut le coup d'essayer, non ?)
- Tu peux me passer la télécommande s'il te plaît ? Quoiiiiii, tu l'as juste à côté de ton pied, là !
(variante : brailler quand elle/il a par mégarde, au hasard d'une position osée, appuyé sur la zapette et ôté votre programme préféré)
- Tout bien réfléchi, t'as raison : éteignons la lumière...
(variante plus gentille mais tout aussi efficace : "t'en fais pas, toutes les filles en ont, de la cellulite !") ; (autre variante : "tu sais, y a pas de honte à prendre du Viagra, tu devrais y penser...")
- Spécial filles : "Je veux un enfant de toi, là, maintenant..."
(l'effet est immédiat, en moins de trois secondes, vous devriez pouvoir regarder l'épisode des Experts qui va commencer)
- J'avais jamais fait gaffe, mais le peintre qui nous a refait le plafond a fait un pur boulot de saligaud, hein !
(variante : "ouhlalala, toute cette poussière sur le lustre, fais-moi penser à nettoyer dès que t'auras fini")
- Re Spécial filles : "Mince, je me souviens plus... Je l'ai prise ma pilule ou pas ? Boh allez, tant pis, pour aujourd'hui, ça ira comme ça..."
(dans la même rubrique que l'envie d'enfant, comptez jusqu'à trois, voilààààà, c'est fini...)
- Je sais pas si je t'ai déjà raconté que tata Ginette est morte dans ce lit ? Comme je te le dis...
(variante : pépé Gaston, mémé Suzette, l'arbre gynécologique, pardon généalogique entier peut servir de prétexte...)
- Whaou, ça tu le fais tout pareil que mon ex, dis donc...
(version goujat-e : "que MES ex", en rajoutant : "mais vous avez fait la même école du sexe ou quoi ?")
- Non, mais non, ça me dégoûte pas... Faut juste que je m'y fasse, c'est tout...
(pour plus d'efficacité, mimer la nausée, imparable)
- Ah ? T'as commencé, là ?
(ou sinon, plonger de façon absorbée dans la contemplation de l'ongle de votre majeur gauche, en donnant l'impression d'être un peu absent(e)...)
- T'avais raison, on aurait dû prendre une douche avant... Enfin, toi surtout...
(c'est pas joli-joli d'attaquer sur le physique et les odeurs corporelles, mais en revanche, c'est très, très efficace)
- Oh pétard, ça va faire super ça sur mon Instagram, tu permets ?
(les moins jeunes préféreront Facebook ou Twitter, bande de ringards !)
- Attends, j'envoie juste un texto à mes cop's pour leur raconter le truc, là... Deux minutes... J'ai vite fait
(Et lui ou elle aura également très vite fait de déguerpir. Sinon, pervers, perverse, tout ça, capito ?)
- C'est bizarre, je t'imaginais plus... Enfin moins...
(Possibilité d'inverser la formule à loisir : je t'imaginais moins... Enfin plus...)
- Allez tant pis, t'es pas canon-canon, mais là vraiment, j'ai envie-envie !
(comment ça, violent ? Oh de suite ! Venez pleurer quand le pot de colle restera collé à vos basques (corses, béarnais, tout ça)...)
- Spécial garçons : Incroyableeeeee, on dirait des vrais, dis donc !
(variante, en pire :" t'as jamais eu peur que ça explose ?")
- Re Spécial garçons : T'es sûre que je te dois rien ? Ca me fait bizarre...
(variante, en très pire : "Ah mais on s'était pas compris, je croyais que t'étais une professionnelle...")
- Je t'ai déjà filé mon 06 ? Non ? Tant mieux...
(rajout possible pour un petit effet de goujaterie : "... Mais vas-y, termine tranquille...")
- Déjà ?
(Un mot et tout est dit, les délices de la précision littéraire et... érotique - ou pas...)
- Faut que je t'avoue un truc...
(prendre un air vraiment embêté, c'est assez anti-stimulant normalement)
- Re re Spécial filles : Mes parents vont t'a-do-rer !
(version radicale : "tu préfères un mariage intime ou une grande fête avec 300 invités ?")
Allez, un petit coup de déo, quelques fleurs en guise de préliminaires, et c'est émue que je vous vois vous diriger, dignement armé(e)s, vers votre premier rendez-vous chaud, chaud, chaud. Vous me raconterez si ça a marché ?
Enfin bon, moi je dis ça, je dis rien
Gracianne Hastoy
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