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Publié le Mis à jour le

Le Landais Nicolas Gutierrez, l'un des derniers pipiers de France

Installé depuis 6 ans à Belus, au Nord de Peyrehorade, il excelle dans une activité méconnue et aujourd’hui rarissime, la fabrication et la restauration de pipes...
Ils sont à peine une dizaine en France à réaliser ces objets uniques, associés à une époque que les moins de vingt ans ont du mal à imaginer.

Amoureux de tabac et désireux de travailler le bois, Nicolas Gutierrez s'est naturellement tourné vers ce métier d'un autre temps. « Je voulais changer d'horizon professionnel et j'espérais pouvoir apprendre la restauration de mobilier d'art auprès de mon oncle. Malheureusement, ce dernier nous a quitté, et je n'envisageais pas d'apprendre auprès de quelqu’un d'autre que lui... J'ai cherché un autre secteur et je suis tombé sur la fabrication de pipes ».

Au début, par manque de moyen et pour financer l'équipement de son atelier, le néo-pipier s'oriente vers la restauration de pipes. « C'est, paradoxalement, un savoir-faire encore plus rare que celui d’un fabricant. Je ne connais en France que deux autres artisans qui possèdent un sens du détail suffisamment développé pour fournir un réel travail de restauration. Pourtant, on compte 7 ou 8 artisans pipiers dans l'Hexagone ».

Autodidacte et fier de l’être

Cette rareté du métier s'accompagne d'un manque cruel d'apprentissage, poussant Nicolas Gutierrez à apprendre sur le tas. « Je suis autodidacte. Il n'existe aucune formation, pas d'apprentissage, officiellement le métier n'existe plus. Il est, au même titre que les sabotiers, classé avec les métiers de réalisation d'objets décoratifs en bois ».

« C'est en parcourant les forums francophones mais surtout internationaux, que j'ai découvert les premières pistes de réflexions, les indices sur les bons gestes, le matériel. C'est ainsi que j'ai appris, au fur et à mesure, seul, à développer mes propres techniques ».

Dans son atelier de Belus, tout ou presque est fait main. « Les deux seules machines que j'utilise me servent aux opérations de perçages, de polissage et de mise en cire. Tout le reste est fait à la main, à l'aide de nombreuses limes, et de longues heures de ponçage », explique-t-il en comparant ses produits avec ceux proposés dans le commerce, réalisés en usine et dont on ne connaît pas forcément la provenance.

« Mes clients peuvent savoir quels matériaux j'ai utilisé pour fabriquer leur objet, et c'est un gage de confiance ». Des matières premières européennes, issues du pourtour méditerranéen pour son bois, et d'Allemagne pour ses tuyaux. Rien ne vient perturber l'expérience du consommateur.

« J'utilise de la bruyère pour fabriquer les pipes. C'est un bois qui ne laisse pas de goût parasite au moment de fumer. Il permet donc au consommateur de profiter pleinement de son tabac ».

Un travail minutieux donc, qui demande du temps et de la patience. « Pour une forme classique il me faut environ 3 à 4 jours de travail. Si le client désire une pipe un peu plus travaillée, dans une forme libre, il faut facilement compter entre 30 et 35 heures de travail ».

« En fonction de la nature du tabac que l'on souhaite y fumer et des conditions de son utilisation ou de la sensibilité à une forme, il faudra des parois plus ou moins généreuses, un tuyau plus ou moins long, tout cette recherche prend du temps ».

Car oui, Nicolas Gutierrez est à l'écoute de ses clients, et leur propose des produits uniques à leurs envies. « En fonction du tabac, de l'utilisation, et la forme, il faudra des paroies plus ou moins étroites, un tuyau plus ou moins long, et tout cela demande du temps ».

Avec des prix relativement abordables pour le travail fourni, et un résultat final qui, dans certains cas, peut également être décoratif, le pipier landais réussissait enfin à rentrer dans ses frais en début d'année. « Depuis le dernier déconfinement, l'activité s'est terriblement réduite, les gens sortant avec précaution et ne consommant plus depuis chez eux ».

De plus, Nicolas Gutierrez souligne des points qui rendent difficile son activité. « Le transport du tabac par voie postale est désormais interdit en Union Européenne, et dans les bureaux de tabac classiques, il n'y a que très peu de choix de tabac pour pipe. Puis ils sont en général de mauvaise qualité... Si les clients ne peuvent plus trouver ce dont ils ont envie, ils vont diminuer ou pourraient même arrêter, et par échos, nous aussi... »

Ainsi, pour prévenir une baisse d'activité, l'artisan a d'ores-et-déjà développé une seconde activité créative : la réalisation d'anneaux à partir d'anciennes pièces de monnaies.

Informations sur le site internet de NG Pipes dans les Landes

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