Depuis un mois, l’inquiétude gagne les salariés de la Société hydro-électrique du Midi, qui pourraient bien devenir les « dindons de la farce » d’une mise en concurrence des installations hydro-électriques de l’État, conséquence de la mise en demeure adressée l’an dernier par la Commission Européenne à 7 États-membres dont la France.
Car là où le gouvernement semble décidé de protéger la Compagnie nationale du Rhône et EDF dans l’optique de préserver l’indépendance et la sécurité des approvisionnements énergétiques sur le sol national, la Shem, elle, n’a encore obtenu aucune garantie.
Le 10 novembre dernier, l’Alliance CFE-Unsa Énergies a adressé un courrier à Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique) pour alerter le gouvernement et l’opinion sur cette situation. Dans la foulée, a été lancée une pétition en ligne, laquelle a déjà recueilli plusieurs milliers de signatures.
Les syndicats, qui déclarent soutenir le gouvernement « dans sa volonté d’obtenir de la Commission européenne la prolongation de la concession de la Compagnie Nationale du Rhône comme la validation d’un schéma (le projet Hercule, NDLR) qui permet d’éviter le démantèlement de l’opérateur hydroélectrique EDF », s’inquiètent de constater qu’il n’a pourtant pas été défini « de modèle permettant d’éviter à la Shem, elle aussi, la mise en concurrence de ses propres concessions ».
En demande de garanties…
À l’arrivée, alors que c’était surtout le quasi-monopole d’EDF en France qui était pointé du doigt par l’Europe, c’est finalement la Shem qui pourrait en faire les frais… L’ouverture à la concurrence ne devrait théoriquement plus concerner que les concessions échues de la société : « Il est important de rappeler que les barrages de la vallée d’Ossau (64), de la vallée du Louron (65) et de la vallée de la Têt (66) sont exploités dans le cadre de concessions conclues entre la Shem et l’État et qui sont arrivées à échéance en 2012, représentant 40% de la puissance installée de la Shem. Le maintien d’une mise en concurrence sur ces concessions reviendrait par conséquent à condamner la Shem, du fait des appétits des multiples acteurs internationaux qui ont déjà manifesté leurs ambitions, sans réciprocité possible ». Et au-delà, toutes les concessions de la Shem sont naturellement vouées à être échues dans l’avenir…
Finalement, les mécontents sont nombreux, puisqu’un tiers des salariés d’EDF étaient mobilisés le 26 novembre dernier, tout comme la moitié des employés de la Shem. Les uns luttent contre ledit projet Hercule qu’ils voient menacer leurs acquis, et les autres pour leur emploi. L’inquiétude des 320 salariés de la Shem est partagée par le DG de la société lui-même : interrogé par La Tribune, Cyrille Delprat a dit comprendre leur mobilisation.
L’alliance de syndicats a déploré le risque de voir disparaître une entreprise centenaire qui rayonne des Pyrénées Atlantiques jusqu’aux Pyrénées Orientales en passant par le Massif central et son siège toulousain. La Shem « constitue pour les différentes vallées, un partenaire économique privilégié et fiable. Sa disparition entraînera de fait des destructions d’emplois sur tous ces territoires, que ce soient les emplois des salariés de la Shem ou les emplois indirects qu’elle créés », indique l’alliance syndicale, invoquant les enjeux majeurs que sont en France l’hydroélectricité et la gestion de la ressource en eau.
On rappelle que la Shem exploite 56 usines et 12 barrages en France, pour une puissance installée de 783 MW.
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