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ZOOMGros défi pour les Esturgeons de l’Adour

L’exploitation piscicole de Riscle, aujourd’hui propriété de la Manufacture Prunier, était déjà pénalisée par la crise actuelle. Elle vient, en plus, de subir les effets des crues de l’Adour…
ESTURGEON
Des travaux étaient en cours sur la digue permettant l’alimentation des bassins, déjà endommagés par une crue en fin d’année dernière. Mais l’Adour a encore débordé récemment dans le secteur de Riscle.

Avec 10.500 m2 de bassins hébergeant 550 tonnes de poissons, l’exploitation aquacole de Riscle, dans le Gers, fait figure de référence française dans l’élevage d’esturgeons en vue de la production de chair et de caviar. L’activité, lancée dans les années 90 par Pierre Tachon, était entrée en 2011 dans le giron de Prunier Manufacture, entité du groupe Caviar House constitué par le milliardaire Pierre Bergé.

Ce groupe en était devenu l’unique actionnaire en 2015. Il avait déjà acquis l’exploitation périgourdine de Laurent Sabeau à Montpon-Ménestérol dès le début des années 2000. Le dirigeant est toujours aux manettes de Prunier. Pierre Tachon, lui, avait quitté son navire gersois en 2016.

Depuis le début du confinement et après un bon début d’année, nos Esturgeons de l’Adour sont privés de leurs débouchés habituels, à savoir les restaurants, les collectivités et les boutiques. Plus de 260.000 esturgeons d’âges divers se retrouvent un peu coincés dans la quarantaine de bassins alimentés par le canal du Tarsaguet, qui rejoint l’Adour.

Car comme nous tous en ce moment, ils prennent de l’embonpoint, et ceux qui sont à maturité doivent malgré tout rester confinés pour ne pas être perdus. La direction évaluerait à 20 tonnes la biomasse supplémentaire générée sur un mois. Les 8 salariés du site, répartis en deux équipes, continuent de les nourrir en essayant de maîtriser un peu leur croissance.

Un coup de malchance au mauvais moment…

Les esturgeons de ces bassins représenteraient une production totale de 6 millions d’euros. L’exploitation, qui s’étend sur 3 hectares, dispose également d’une écloserie pour les alevins.

Avec la crue de l’Adour qui a eu lieu dans le secteur de Riscle, un nouveau souci est venu se greffer à cette situation déjà délicate. En effet, cette crue est survenue alors que depuis début avril, des travaux étaient en cours sur la digue voisine de Lacaussade, déjà endommagée en décembre pour les mêmes raisons… Les barrages provisoires de retenue d’eau ont été emportés.

Un coup de malchance alors que ces travaux, retardés à cause des problèmes posés par le coronavirus, arrivaient à leur terme… La semaine dernière, sur place, on craignait déjà la décrue, à cause de l’éventuelle accumulation de vase qui pouvait empêcher l’alimentation des bassins. Mais on espérait tout de même que les travaux puissent reprendre dès cette semaine.

La Manufacture Prunier et ses 19.000 m2 de bassins produiraient 13 à 15 tonnes de caviar et 150 tonnes de chair de poisson par an. Le caviar pèserait pour 90% dans son chiffre d’affaires. Les élevages sont soumis aux critères de la charte « Qualité aquaculture France », qui impose une traçabilité des produits, l’absence d’alimentation à base d’OGM ou de farines animales, le respect de l’environnement et le bien-être animal.

On rappelle que les femelles sont abattues entre 6 et 10 ans. Les œufs représentent alors 10 à 12% de leur poids. Pour s’assurer de leur qualité, des échographies sont réalisées. À maturité, les esturgeons sont déplacés et placés plusieurs semaines dans l’eau claire avant que leurs œufs ne soient prélevés.

Après tamisage à la main, les œufs sont lavés, pesés, mêlés à du sel, séchés, mis en boîte et affinés. Les mâles, eux, sont expédiés dès la fin de leur troisième année en Périgord, pour produire filets et pavés. L’exploitation a également recours aux échographies afin de distinguer les sexes des esturgeons. L’exploitation de Riscle en réalise 80.000 chaque année.

Informations sur le site internet – cliquez ici

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