Travailler le bois sonnait comme une évidence pour Aloïs Rappold, dont le père était constructeur de maisons en bois. C'est donc tout naturellement vers les métiers d'ébéniste et de menuisier qu'il se tourne, jusqu'à un moment précis... « Mon frère a eu l'idée de faire des lunettes en bois. J'ai essayé de les faire, de relever le défi », commence-t-il. « Les premières, ce n'était vraiment pas ça... J'allais chez des opticiens pour faire tailler les verres, et c'est là que je voyais ce qui n'allait pas. Petit à petit je corrigeais les soucis ».
Une paire, deux paires, trois paires... Aloïs Rappold progresse et se passionne pour le produit. « C'est arrivé à un moment où je voulais faire autre chose que des chantiers et des maisons en bois ». Lenha (pour « petit bois » en gascon) voyait donc le jour en 2014. Dix ans après les premières lunettes fabriquées, du chemin a été parcouru, puisque ce sont aujourd'hui entre 1000 et 2000 paires qui sortent de l'atelier d'Azur chaque année. « C'est beaucoup par rapport au travail d'un seul artisan ! Je dirais que c'est environ dix fois plus », explique-t-il après un rapide calcul mental. « Ça surprend souvent les opticiens ! Mais comme j'ai tout imaginé et conçu seul, je suis rodé, ça va vite ».
Deux gammes sont disponibles : des lunettes en acétate, les plus importantes pour l'activité d'Aloïs Rappold, et des lunettes en bois, les plus particulières. « Les lunettes en acétate cela représente 80% de mes ventes aujourd'hui. C'était nécessaire d'en fabriquer, car c'est surtout avec cette matière que travaillent les opticiens. Les lunettes en bois sont bien plus rares ».
Et pourtant si singulières, puisque artisanales et donc uniques. « J'achète des feuilles de bois, souvent auprès de professionnels qui se débarrassent de leurs stocks. Cela permet de donner vie à ce bois. Et cela me permet de créer des associations uniques ». Du bois de chêne, de poirier, de noyer, mais aussi de rose, et d'autres essences plus rares. « En fonction de ce qu'on va utiliser et d'où on va le chercher, on va trouver des couleurs bien particulières ». C'est ensuite dans son atelier, avec ses mains et ses machines, que l'artisan donne vie à ses dessins.
« Je ne travaille qu'avec des professionnels, des opticiens », poursuit-il. Ils sont entre 20 et 25, majoritairement dans le Sud-Ouest, mais Lenha peut aussi se retrouver dans le Sud, le Sud-Est, l'Ouest, et en région parisienne. « J'ai préféré m'orienter vers cette clientèle pour une question d'efficacité. Les lunettes c'est leur métier, ils savent de quoi ils ont besoin, tout va très vite. Alors qu'avec un particulier, il y a toute la phase d'échange, de pédagogie, cela prend beaucoup plus de temps ».
Un équilibre qui correspond à Aloïs Rappold. « Je ne pensais pas en arriver là ! Maintenant, je vois que cela fonctionne, donc pour l'avenir, l'objectif est toujours de se stabiliser. Si j'y arrive, je serais déjà très content », explique celui qui part sur quelques salons d'artisans durant l'année pour faire connaître son activité et son métier. « Je vois qu'il y a de l'avenir. En 2008 beaucoup d'industriels sont partis suite à la crise économique, mais aujourd'hui, ils commencent à revenir. Et le métier commence aussi à intéresser les jeunes. Ça va se développer ! », affirme-t-il. Et ce n'est pas nous qui allons le contredire, il a sûrement tous les outils pour y voir plus clair...
Timothé Linard
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