A l'heure où les agriculteurs montent au créneau devant l'immobilisme de l’État français concernant leur situation, et bien que les attentes sur la Loi d’Orientation Agricole, Egalim ou encore la PAC pèsent sur le futur gouvernement, Maïsadour se tourne vers l'avenir et garde l'objectif de dégager une valeur ajoutée suffisante pour pérenniser les exploitations et la coopérative comme l'indique Daniel Puyraube, le Président du Groupe : « La conjoncture économique et les aléas, climatiques ne laissent pas trop de répit au monde agricole. La transformation du Groupe est en marche, nous devons la poursuivre, nous avons une quasi-obsession avec les élus du Conseil d’Administration : dégager plus de marge pour les agriculteurs et pour le Groupe. »
Des performances financières solides
Avec près de 8 000 agriculteurs adhérents et 4 500 salariés, Maïsadour s’impose comme un acteur incontournable de l’agriculture dans le Sud-Ouest de la France. Depuis sa création en 1936, la coopérative s’est donnée pour mission de valoriser les productions agricoles de ses membres tout en innovant pour répondre aux enjeux économiques, sociétaux et environnementaux.
En dépit des défis économiques et climatiques, Maïsadour clôt son exercice 2023-2024 sur une note encourageante. Avec un chiffre d'affaires réel atteignant 1,976 milliard d’euros, la coopérative enregistre une progression de 14 % de son excédent brut d'exploitation (EBE). Ces performances sont portées par des secteurs stratégiques comme les semences, la nutrition animale et l'accouvage. Christophe Bonno, directeur général, souligne : « Nous réalisons un exercice satisfaisant, malgré une inflation persistante et des marchés volatils. »
Cette performance repose notamment sur les secteurs des semences, de la nutrition animale et de l’accouvage, qui représentent des piliers stratégiques. En revanche, les difficultés rencontrées dans certaines activités alimentaires, notamment en raison de la contraction des marchés liée à l’inflation, rappellent la nécessité d’adapter en permanence les modèles économiques.
Cap sur l'agriculture régénératrice
Face à l’urgence climatique et aux attentes sociétales croissantes, Maïsadour a placé l’agriculture régénératrice au cœur de sa stratégie AMBiTiON 2030. Ce programme ambitieux vise à transformer les pratiques agricoles pour réduire l’empreinte environnementale tout en améliorant la rentabilité des exploitations. Christophe Bonno le martèle : « La performance de nos actions et la rentabilité de nos filières est l’objectif ultime de notre stratégie d’entreprise. L'an dernier nous avons été pionniers avec notre AMBiTiON 2030, et cela a été un vrai levier de mobilisation des équipes. »
En 2024, plus de 450 diagnostics carbone simplifiés ont été réalisés sur les exploitations agricoles du réseau. Ces évaluations permettent d’identifier les émissions de gaz à effet de serre et de proposer des solutions adaptées : optimisation des intrants, adoption de couverts végétaux pour protéger les sols et favoriser le stockage de carbone, ou encore diversification des cultures pour améliorer la résilience.
« L’agriculture de demain sera durable ou ne sera pas », affirme Christophe Bonno. À travers ses initiatives, Maïsadour entend devenir un modèle de référence en matière de transition écologique.
L’innovation au service des exploitants
Pour concrétiser ses ambitions, Maïsadour investit massivement dans l’innovation. La rentabilité des filières reste au cœur de ses préoccupations. En réponse à la hausse de consommation de volaille (+11,4 % en 2024), la coopérative vise 600 000 volailles supplémentaires sur le prochain exercice. Avec un budget prévisionnel de 30 millions d’euros pour l’exercice 2024-2025, le groupe multiplie les partenariats stratégiques, notamment avec Earthworm Foundation. Parmi les initiatives phares, on retrouve :
Les cabanes connectées : Ces dispositifs permettent une gestion à distance des élevages, améliorant la productivité tout en réduisant les coûts et l’impact environnemental.
Le projet LICORN : Cette solution innovante aide les agriculteurs à décarboner leurs cultures grâce à l’optimisation des techniques de fertilisation et à l’utilisation de capteurs avancés.
L’agrivoltaïsme : Maïsadour développe des projets qui combinent production agricole et génération d’énergie solaire, offrant ainsi une double valorisation des terrains.
« Nous sommes la seule coopérative à maîtriser l’ensemble de la chaîne, de la graine à l’assiette. C’est notre spécificité et notre grande force », souligne Christophe Bonno. Cette intégration verticale permet à Maïsadour de déployer des solutions adaptées aux réalités du terrain.
Un engagement RSE affirmé
La dimension sociétale et environnementale reste un pilier central pour Maïsadour. Le groupe vise une réduction de 25 % de ses émissions de CO2 d’ici 2035 et de 58 % d’ici 2045, grâce à un plan structuré associant réduction et séquestration carbone. « Réduire notre empreinte est une fierté : nous avons déjà diminué notre empreinte carbone de 17 % », précise Christophe Bonno.
Parallèlement, Maïsadour multiplie les projets liés aux énergies renouvelables. En plus du développement de centrales photovoltaïques sur les exploitations agricoles, le groupe étudie des modèles d’économie circulaire pour valoriser les déchets agricoles en biogaz ou en compost. Ces solutions permettent de réduire la dépendance aux énergies fossiles tout en créant de nouvelles sources de revenus pour les agriculteurs.
Conscient que la transition écologique repose sur les compétences des exploitants, Maïsadour investit également sur un levier essentiel, à savoir la formation. Chaque année, plusieurs centaines d’agriculteurs participent à des ateliers pratiques, des formations techniques et des échanges sur les bonnes pratiques environnementales.
« L’accompagnement humain est crucial. Il ne suffit pas de proposer des outils ; il faut aussi s’assurer qu’ils soient utilisés efficacement », explique Christophe Bonno. En travaillant main dans la main avec ses adhérents, la coopérative s’assure que la transition se fasse de manière progressive et durable.
Vers un modèle inspirant
Au-delà de ses performances économiques et de son impact régional, Maïsadour ambitionne de devenir un modèle pour le secteur agricole. En conciliant compétitivité économique et durabilité environnementale, le groupe prouve qu’une autre voie est possible. Selon Christophe Bonno, « notre engagement RSE va se poursuivre en 2025 avec les actions initiées par le programme NEOCOOP de la Région Nouvelle-Aquitaine et l’embarquement de tous nos agriculteurs vers l’agriculture régénératrice. »
« L’avenir, c’est à nous de l’écrire. Il ne faut pas attendre, mais agir ! Les mondes agricoles et agroalimentaires ne laissent pas de place aux attentistes. », conclut Daniel Peyraube. Grâce à des investissements stratégiques, une vision à long terme et une volonté d’impliquer l’ensemble de ses parties prenantes, Maïsadour trace un sillon prometteur pour l’agriculture de demain.
Sébastien Soumagnas
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