Quand Baptiste et Eugène Fabre ont lancé leur rôtissoire sur le marché du Cap-Ferret en 2016, rien ne laissait présager qu’ils finiraient à la tête d’une filière de volaille landaise. Pourtant, c’est bien leur passion pour le goût, leur attachement au terroir et leur volonté de bien faire qui les ont poussés à remonter toute la chaîne, du marché au maïs.
Originaires de Pissos, dans les Landes, et fils d’agriculteurs, ils ont grandi avec "l’amour de la terre et l’exigence de la qualité", qu’ils ont, depuis, transmis dans chacune de leurs volailles. "Nous pensons qu’un bon produit, c’est avant tout une belle manière de le faire !", rappellent-ils. Une vision du métier héritée de leurs parents et cultivée au quotidien.
Le poulet version terroir
Ce sont les marchés qui leur ont servi de tremplin, et leur rôtissoire ambulante de salle de classe. Rapidement, les deux frères comprennent que derrière chaque poulet croustillant se cache un maillon agricole, souvent mal reconnu. Ils refusent de voir leur projet se faire plumer par la grande distribution et décident en 2021 d’ouvrir leur propre abattoir à Ychoux.
"Nous avons commencé petit, avec une rôtissoire sur les marchés. Face au plaisir et à la joie de nos clients, nous avons eu envie de partager avec plus de monde", se souviennent-ils. Du marché au supermarché, leur promesse reste la même : la qualité, sans compromis.
Chez les Frères Poulet, pas de label Rouge ni de logo bio tape-à-l’œil. Mais un cahier des charges au cordeau. "Nous maîtrisons et assurons la qualité de nos produits du poulailler jusqu’à votre assiette dans une logique de circuit court", insistent les frères. Un modèle d’autant plus précieux qu’il garantit des revenus équitables aux producteurs et évite les gaspillages. Un fonctionnement rodé où l’attention au bien-être animal n’est jamais laissée de côté. "Tout est mis en place pour limiter le stress avant l’abattage", explique Baptiste. Le respect se joue jusqu’au dernier battement d’aile.
Des éleveurs dans le même panier
"Nos éleveurs suivent une méthode d'élevage rustique et naturelle, permettant aux poulets de gambader sous les pins jusqu’à maturité [NDLR : 100 jours, contre 21 pour le Label Rouge et le Label Bio], ce qui leur confère une chair fine et savoureuse", insiste Baptiste
Leur succès repose aussi sur un réseau d’éleveurs landais avec qui ils partagent les mêmes valeurs. Ici, le lien est humain, basé sur le respect et une envie commune de produire autrement. "Nous travaillons tous les jours à valoriser le terroir et magnifier le travail de nos éleveurs", rappellent les deux frères, convaincus que cette alliance est la clé d’une agriculture plus durable.
Garder les poulets dans les circuits courts
La fratrie revendique un fonctionnement à taille humaine, où chaque nouveau client est intégré avec soin, et où la croissance est maîtrisée. Eugène rappelle qu’ils ont grandi dans le respect des choses bien faites, lui qui avait complété sa formation par un BTS agricole en alternance chez un éleveur.
Ce lien à la terre, à l’élevage, ils l’ont hérité de leurs parents. Fils d’agriculteurs à Pissos, ils ont passé leurs week-ends d’enfance à aider leur père. Si aujourd’hui leur quotidien commence à six heures du matin et s’achève souvent à la nuit tombée, ils n’envisagent pas de faire machine arrière. Leur projet est clair : continuer à valoriser les savoir-faire locaux, en circuit court, avec des méthodes artisanales et du bon sens paysan.
Leur poulet a déjà eu droit à son heure de gloire télévisée, en figurant dans un épisode de « Top Chef, les grands duels », ce qui est "une chance de voir nos poulets sublimés par deux candidats talentueux !" Une récompense pour les deux frères signifiant la reconnaissance d’un produit qui respecte à la fois la terre, l’animal et le consommateur.
Sébastien Soumagnas
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