On connaît bien sûr Picasso le peintre avec notamment « Les demoiselles d'Avignon », marquant la naissance du cubisme, et « Guernica » dénonçant la guerre civile espagnole. Mais sa création a également abordé un large spectre de techniques dont la lithographie, la céramique, la sculpture, la gravure.
Intéressons-nous au Picasso des années d'après-guerre. En 1946, il a alors près de 65 ans ; après les heures sombres vécues à Paris durant lesquelles il a aussi perdu sa mère, il s'installe à Vallauris avec sa nouvelle compagne Françoise Gilot. Un autre lieu, une autre vie marquée par la naissance de ses enfants Claude en 1947 et Paloma en 1949.
Cette même année 1949, il illustre Carmen d'un rare et exceptionnel ensemble de gravures. La nouvelle, écrite par Prosper Mérimée en 1845, inspire 30 ans plus tard Georges Bizet qui crée un opéra aujourd'hui de renommée mondiale.
Carmen évoque, en une intrigue brève mettant en scène peu de protagonistes, des thèmes éternels autant qu'universels de l'art et de l'humanité tels que la liberté, la mort, la passion, la jalousie...
Pour Picasso, Carmen c’est aussi l’Espagne, le pays natal où il n’est jamais revenu ; c’est le tempérament fier et passionné de l’héroïne, à l’image des femmes de ce rude pays de soleil et de lutte ; c’est la dramaturgie du combat dans l’arène face au taureau-minotaure préfigurant l’affrontement à mort des amants.
Riche d’autant de symboles chers à Picasso, cette flamboyante tragédie ne pouvait le laisser indifférent. C'est ce magnifique ensemble de 30 gravures au burin que nous vous proposons de découvrir cet été.
Une série de visages illustrant la gamme des sentiments et des passions qui animent les personnages de la nouvelle de Mérimée.
Mais c'est avant tout, un trait pur, net et sobre qui révèle l’incomparable virtuosité du geste de Picasso allié à une maîtrise parfaite de cette exigeante technique qu'est la gravure au burin.
Picasso livre ici l'étendue de son talent, de son imaginaire, de la perfection du geste qui crée, de la ligne juste gravée avec aisance.
Nous vous convions à vous laisser porter par ces visages aux personnalités diverses, aux sentiments multiples que révèlent les lignes tantôt courbes et sensuelles, tantôt cubisantes et affirmées.
Quelques mots sur la gravure au burin dite aussi taille douce... Ce procédé de gravure qui remonte au XVe siècle est le plus ancien et le plus difficile. Picasso l'a utilisé ici pour le trait pur qu'il permet d'obtenir dans la gravure et l'aspect velouté du fini.
Cette technique consiste en une incision nette d'une plaque de cuivre et rejet des copeaux à l'aide d'une tige d’acier trempé, affûtée et fixée dans un manche. Le geste doit être précis et juste.
Puis, la plaque de cuivre est enduite d’encre qui doit pénétrer jusqu’aux plus fins des traits. Le surplus d’encre est délicatement essuyé avant le passage à la presse.
La plaque est alors posée sur la presse et couverte de la feuille de papier qui sous la pression s’enfonce et s'imprègne de l’encre, révélant le motif.
Cette exposition est réalisée avec l’accord de l’Administration Picasso.
Galerie Bouscayrol - 5 avenue de la Reine Victoria à Biarritz - du lundi au samedi, de 15h à 19h. Tél : 06 85 22 34 58
Informations sur la Galerie Bouscayrol, cliquez ici
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire