À première vue, celles-ci n’ont rien d’extraordinaire : des murs blancs, un sol vert pâle, un mobilier sommaire, imitation bois clair, une salle-de- bain d’hôpital traditionnelle, une petite télé accrochée au mur, en face du lit, au-dessus duquel sont encastrés deux néons dans un plafonnier… Mais à bien y regarder, le lit ne correspond pas aux standards du lieu. En effet, on retrouverait bien volontiers ces matelas Bultex dans une confortable chambre d’hôtel plutôt que dans un hôpital ou une clinique. Il y a aussi cette petite caméra de vidéosurveillance et un petit boitier noir…
C’est avec sa blouse blanche et bleue et ses lunettes violettes en bois vissées sur le nez que le docteur Guillaume Colin, pneumologue à la Polyclinique depuis l’ouverture du centre, nous fait visiter les lieux. « La création du Centre du Sommeil des Pyrénées de la Polyclinique Marzet complète l’offre de soins de notre établissement de centre-ville. Il existait déjà une prise en charge à l’hôpital de Pau ou bien chez d’autres professionnels, mais l’ambition de ce centre est de créer un pôle de sommeil ».
Face à l’augmentation des besoins médicaux liés aux troubles du sommeil de la population de la région paloise, la Polyclinique Marzet (gérée par le groupe GBNA Polycliniques depuis 2020). Une équipe de trois médecins prend en charge tout ce qui touche à la mauvaise qualité du sommeil : des troubles respiratoires comme les apnées du sommeil, jusqu’à l’insomnie, en passant par les troubles de la vigilance, les troubles du rythme circadien (Ndlr : l’horloge interne) ou encore l’hypersomnie. Pour le moment, ce centre ne traite que les adultes, mais d’ici les prochains mois, les enfants aussi seront pris en charge à la Polyclinique Marzet.
Le sommeil au centre de tout
En s’appuyant sur le modèle du Pôle d’Exploration des Apnées du Sommeil de la Nouvelle Clinique Bel-Air, le Centre du Sommeil des Pyrénées (https://centredusommeildespyrenees.fr/) est organisé autour d’un plateau technique et d'une équipe pluridisciplinaire. Celle-ci réalise différents examens : la polysomnographie (examen complet permettant d’enregistrer l’activité respiratoire, les mouvements, les différents cycles de sommeil), la polygraphie ventilatoire (pour identifier les apnées du sommeil) ou encore les tests de vigilance (pour les cas d’endormissement pendant la journée, ou vérifier l’efficacité du traitement d’une maladie du sommeil).
Concrètement, le parcours patient est simple : son médecin traitant lui prescrit une consultation auprès de l’équipe du centre du Sommeil, qui va établir un diagnostic à la suite des examens. « Les patients arrivent en fin de journée pour passer la nuit dans une des chambres. Un casque et des capteurs sont répartis sur sa tête et le haut du corps du patient pour évaluer son sommeil. La surveillance vidéo nous aide aussi à poser un diagnostic, en évaluant les gestes-réflexes. Le lendemain, les patients peuvent partir chez eux ou commencer leur journée de travail, pas besoin de poser des jours de congés », précise le pneumologue.
Cette nouvelle offre de soins permet également de réduire les délais de prise de rendez-vous. Ici, pour avoir un créneau, l’attente est actuellement d’un mois (un délai assez court dans le domaine médical). Il faut dire que le service tourne déjà à plein régime : les cinq chambres enregistrent 25 patients par semaine.
Créer une véritable offre de proximité grâce à un réseau de professionnels
« Le sommeil permet au corps et au cerveau de récupérer, de recharger ses batteries. Les troubles du sommeil ont un réel impact sur leur vie au quotidien. Ils entrainent des somnolences, pertes de vigilance, difficultés de concentration. Il peut y avoir également un impact non négligeable sur sa santé : par exemple, sur le long terme, les apnées du sommeil favorisent l’hypertension, les fonctions neurologiques et augmentent les risques cardio-vasculaires. Plus généralement, il n’y a pas un organe qui n’est pas impacté par le manque ou bien une mauvaise qualité de sommeil », remet en perspective le Dr Colin.
Le Centre du Sommeil souhaite ainsi renforcer ces liens avec la médecine de ville et les spécialistes (ORL, neurologues, cardiologues, psychiatres, psychologues, sophrologues, des kinésithérapeutes, endocrinologues, obstétriciens…). Cette collaboration assurera au patient une prise en charge de proximité dans les Pyrénées-Atlantiques et le sud des Landes. « Beaucoup de spécialités sont concernées par les troubles du sommeil. Le but de ce centre est de créer une véritable offre de soin grâce à un large réseau de professionnels ».
Encadré- Les troubles du sommeil en France
1 personne sur 3 est concernée par des problèmes de sommeil ;
16 % des adultes souffrent d'insomnie chronique ;
5 % souffrent du syndrome d'apnée du sommeil ;
8 % souffrent du syndrome des jambes sans repos ;
Dormir moins de 5 heures de sommeil par nuit augmenterait de 48 % le risque d’infarctus, et de 15 % celui de subir un AVC ;
Les Français dorment en moyenne 1h30 de moins qu'il y a 50 ans ;
La France est le deuxième plus grand consommateur de somnifères en Europe : derrière la Suède, pour les benzodiazépines hypnotiques, et derrière le Portugal pour les benzodiazépines anxiolytiques ;
Sources : Enquête de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) de 2016 ; Enquête INSV de 2017 ; Department of Environmental and Occupational Health, université du Nevada, rapport de thèse 2017 ; Laboratoire du sommeil de l’hôpital Yagüe de Burgos (Espagne), étude de 1999 ; Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, rapport de 2013 ; INSV. INSERM/Pinci, Alexandra
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