C'est un peu par hasard que Svitlana Myndiuk, ukrainienne de naissance, s'est retrouvée au Pays basque. « J'ai quitté mon pays en 2018. Au début j'étais sur Paris, chez des connaissances. Je n'étais pas vouée à rester en France, j'étais venue pour deux jours, puis je suis revenue pour un mois. Puis mes connaissances ont déménagé au Pays basque, alors je les ai suivis », commence-t-elle, dans un français impeccable agrémenté d'un accent chantant de l'Est de l'Europe.
Après quelque temps à travailler dans des restaurants locaux, pour voir comment cela se passait en France, Svitlana Myndiuk décide de sauter le pas et de créer son propre établissement. « Ça a été long et compliqué, mais avec mon fiancé (depuis devenu son mari NDLR.) nous avons réussi à trouver un fonds de commerce ». Un petit bout d'Ukraine venait alors de naître à Biarritz.
Entre ces murs, des plats typiques ukrainiens. « C'est une cuisine différente de la cuisine européenne, car elle est assez intuitive. Elle n'est pas grasse non plus. À vrai dire, il n'y a qu'un ou deux plats qui sont gras, mais nous mettons un peu de vodka pour éviter que les aliments n'absorbent l'huile, et au goût l'alcool ne se sent pas ! ». Une cuisine qui demande beaucoup de préparation en amont, et que la gérante réalise avec l'aide d'une seconde salariée, elle aussi ukrainienne. « Il n'y a que des ukrainiens pour faire de la cuisine ukrainienne ! », plaisante-t-elle.
Dans les assiettes, on retrouve donc des plats ukrainiens, de l'Est, mais aussi du reste de l'Europe, tous avec des produits locaux. « Je n'ai pas un gros cercle de fournisseur, au contraire. Le restaurant n'est pas loin d'un Grand Frais, et j'aime bien aller faire les courses le matin même pour avoir des produits frais et d'ici ». Un moyen également de marier les cuisines ukrainienne et européennes. « Je pense que chaque cuisine se croise avec une autre, c'est aussi ce que j'essaie de partager ici », explique celle qui prends plaisir à faire découvrir son pays et ses coutumes.
Car l'attachement de Svitlana Myndiuk à son Ukraine natale et à ses compatriotes est toujours très présent. « Avec ma famille nous sommes retournés en Ukraine le 20 février. Le 24, la guerre éclatait alors nous avons décidé de rentrer. Nous avons pris avec nous une femme et sa fille pour les aider ». Un premier geste solidaire qui en a appelé d'autres.
« Pendant un temps, nous avons aidé plusieurs familles. Nous avons été en contact avec le Collège Saint-Vincent pour les accompagner à trouver un logement, nous les avons aidés pour leurs démarches administratives, pour se faire des papiers, et même pour trouver du travail ». C'est également avec la Croix-Rouge que de l'aide a été proposée pour traduire et pour guider les réfugiés à leur arrivée au Pays basque, pour y rester ou simplement en passage avant d'aller vers d'autres directions.
« Aujourd'hui cela s'est calmé car les gens savent quoi faire, où aller, etc. Avant ce n'était pas le cas, les premiers avaient besoin d'aide. Mais je suis toujours disponible pour aider s'il le faut, j'en ai envie, et beaucoup en ont besoin. C'est aussi un plaisir pour eux, c'est rassurant, de pouvoir parler dans leur langue et de pouvoir manger comme à la maison », poursuit Svitlana Myndiuk, en évoquant l'exemple de palois venus au restaurant avec trois familles de réfugiés qu'ils hébergent. « Les enfants étaient ravis, et cela apporte de la chaleur humaine à tout le monde ! ».
Alors si l'envie vous prend d'expérimenter ce qu'est l'hospitalité ukrainienne, et par échos sa cuisine, on vous donne rendez-vous à Biarritz, Chez Anna !
Timothé Linard
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