En 1772, Dominique Labarthe se lance dans la fabrication de sabots de marche en bois. Son fils, Martin, et son petit-fils, Jean, lui succéderont dans l'atelier de Pouillon. Puis, Jules, la 4e génération des sabotiers de la famille Labarthe, installe son atelier à Saint-Étienne-d'Orthe. Un déménagement qui persiste encore aujourd'hui. « Les sabots étaient réalisés entièrement à la main jusque dans les années 30. Mon grand-père et son frère, Georges et Pierre, ont alors acheté une machine qui permettait de reproduire un sabot à la fois. Plus tard, au début des années 70, mon père a acheté de nouvelles machines doubles, permettant d'être plus précis, et d'aller encore plus vite. C'est d'ailleurs celles que j'utilise encore aujourd'hui », comte Claude Labarthe, 7e et actuelle génération à la tête de l'entreprise familiale.
Une arrivée logique dans la lignée de ses ancêtres pour celui qui a baigné depuis tout petit dans le bois. « J'ai appris à travailler le bois en menuiserie, puis j'ai rejoint l'entreprise en 1988. J'étais simple salarié avant de reprendre l'entreprise ». Une arrivée par passion, également motivée par le développement du tourisme dans les Landes, qui apportait avec lui la multiplication de la fabrication de sabots décoratifs. « Nous faisons toujours du sabot de marche aujourd'hui, c'est d'ailleurs ce que les clients demandent le plus ! ».
COUP DE POUCE
Une clientèle très vaste, composée de jeunes, qui découvrent le sabot et son confort, et de moins jeunes qui ont connu le sabot d'antan. « Je ne peux que conseiller d'utiliser le sabot ! C'est utile pour aller dans son jardin ou pour dans la maison, c'est chaud, sain, naturel, et un très bon isolant ! Il est taillé de façon à être très confortable, et à ce qu'on puisse y insérer un chausson pour que ce soit encore plus agréable. Et puis c'est aussi une façon d'éviter de consommer des produits en plastique ou en caoutchouc, c'est un produit authentique ! », scande le sabotier landais.
En effet, le sabot des Landes est réalisé en bois d'aulnes, un arbre que l'on retrouve sur les bords de l'Adour. « En France, il existe une dizaine de sabotiers, et chacun utilise un bois différent en fonction de sa région », précise Claude Labarthe, l'un des deux sabotiers landais, mais seul et dernier sabotier traditionnel au sein du département, le second atelier réalisant des sabots en cuir, plus modernes.
« Il faut savoir que le bois que je travaille doit être tendre, donc il est travaillé avec sa sève. Il est d'abord scié grossièrement, puis installé sur un tour à sabot. Là, je réalise un pied, et la machine reproduit l'autre pied à l'identique. Ensuite on creuse le sabot, et de la même façon, une autre machine reproduit le même schéma pour les deux pieds. Ensuite les finitions doivent être faites sur un bois sec, dont il y a environ trois semaines de séchage, avant de poncer, teindre, vernir, et poser une lanière en cuir. Si c'est un sabot de marche, c'est prêt, et si c'est un sabot décoratif, cela demande encore quelques précisions, gravures, etc. ». Sans le temps de séchage, Claude Labarthe passe environ 30 minutes sur la création d'une paire. « À l'époque, il fallait 4 heures, à la main ! ».
Il propose ensuite ses sabots à la vente dans son atelier, ou dans quelques expositions artisanales qu'il réalise plusieurs fois dans l'année. « Je fais aussi visiter l'atelier pour que les gens puissent découvrir mon métier. Il y a souvent un pic d'activité l'été grâce au tourisme, et beaucoup de visites également au printemps et à l'automne. C'est plus calme en hiver, mais la saison thermale recommençant assez rapidement, elle ramène quelques personnes aussi ». Et pour les fêtes ? « Souvent, ce sont des particuliers qui viennent me voir pour réaliser des cadeaux ! ».
Aujourd'hui seul, Claude Labarthe ne pense pas que l'activité du Sabot des Landes perdure encore vers une 8e génération. « Je suis à la retraite depuis deux ans, mais je continue de travailler pour ne pas tout arrêter d'un coup. Et puis c'est un métier passion, j'aime faire découvrir mon métier et les sabots. Tant que je peux, et que je veux, je vais continuer ! Je ne cherche pas à augmenter ma production, juste continuer comme c'est. Et puis c'est déjà très bien d'avoir une histoire sur autant de générations ! Ce n'est pas tous les jours qu'une affaire familiale dure aussi longtemps ! », relativise-t-il.
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