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    Une nouvelle bataille des grands crus à Saint-Émilion ?

    Se prépare en ce moment le nouveau classement des stars de l’appellation. Prévu pour 2022, il fait déjà monter la pression autour des chais et des châteaux...
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    Révisé tous les 10 ans depuis 1955, ce classement départage grands crus et premiers grands crus classés A et B. Le dernier classement en date, réalisé en 2012, avait été établi après 6 années d’un imbroglio judiciaire causé par le précédent. Et il est toujours contesté.

    Au même titre que le fameux guide Michelin pour les restaurants, le classement des vins d’appellation « Saint-Émilion grand cru » ne manque jamais de faire débat. Et après 15 années de bataille juridique, il n’est pas certain que le prochain classement, prévu pour 2022, fasse exception.

    On rembobine. Si l’AOC Saint-Émilion existe depuis 1936, c’est en 1954 qu’apparaissent les nouvelles appellations Saint-Émilion « grand cru », « grand cru classé » et « premier grand cru classé », à l’origine du classement lancé l’année suivante avec l’aval de l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine).

    Censé être révisé tous les 10 ans, il avait pour objectif de stimuler une saine concurrence entre les viticulteurs locaux pour obtenir des vins de la meilleure qualité possible. C’est le seul classement de ce type dans le Bordelais. Ceux des vins du Médoc, de Graves et de Barsac-Sauternes ne sont qu’exceptionnellement modifiés.

    Le classement 2022 en préparation…

    Finalement, ce classement n’a été révisé que 6 fois (1959, 1969, 1986, 1996, 2006 et 2012). En 2006, il a donné lieu à une fronde de propriétaires déclassés, dont celui du Château Croque-Michotte, domaine historique situé à deux pas de l’illustre Cheval Blanc.

    Deux ans plus tard, 8 propriétés obtiennent une annulation du classement. Suite à d’autres péripéties juridiques, les propriétés figurant dans les deux classements de 1996 et 2006 avaient été autorisées à garder les élogieuses mentions figurant sur leurs étiquettes, et ce jusqu’à l’élaboration d’un nouveau classement en 2012, cette fois sous l’autorité directe de l’INAO.

    Ce dernier classement met 82 propriétés en avant, avec 64 grands crus classés, 14 grands crus classés B, et 4 grands crus classés A, champions toutes catégories que sont les châteaux Ausone, Cheval Blanc, Angélus et Pavie. Pas moins de 14 propriétés sont déclassées.

    En 2013, rebelote : plusieurs viticulteurs demandent l’annulation du nouveau classement, et 3 d’entre eux (châteaux Croque-Michotte, Corbin Michotte et La Tour du Pin Figeac) portent même plainte contre X pour prise illégale d’intérêts, visant indirectement les propriétaires des châteaux Angélus et Trottevieille, qu’ils considèrent comme juges et parties dans le processus d’évaluation.

    En première instance (2015) comme en appel (2019), ils n’avaient pas obtenu satisfaction pour des raisons de forme. Mais le mois dernier, le Conseil d’État, saisi en dernier recours, a décidé de renvoyer l’affaire devant la cour administrative d’appel de Bordeaux, appelée à juger sur le fond de la validité de ce classement de 2012. En parallèle, comparaîtront lesdits propriétaires d’Angélus et Trottevieille pour se défendre des accusations de prise illégale d’intérêts.

    Le procès s’ouvre ce lundi, alors même qu’est lancé par l’INAO l’appel à candidatures pour le classement 2022 (les dossiers pourront être retirés jusqu’à fin juin). Cette fois, les dégustations devraient compter pour 50% dans la note finale, mais nul doute que les modalités de classement vont encore occasionner des débats.

    Compte tenu des investissements et des efforts consentis par un certain nombre de propriétés locales, les attentes sont déjà énormes. Et l’on ne serait pas étonné qu’avec ce nouveau classement aillent… de nouvelles contestations.

    Plus d’informations sur le site internet, cliquez ici

     

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