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Publié le Mis à jour le

CHANGER DE VIELes moutons d’or de Sébastien Perrou

Il aime profondément son Gers natal, au point d’avoir choisi d’en faire profiter les touristes pendant de nombreuses années. Avant de revenir à ses moutons.
Sébastien Perrou dans son champs avec ses moutons

« J’ai toujours été attiré par la culture locale, le patrimoine, les traditions, les fêtes et la gastronomie du Gers ; il fait vraiment partie de moi. Je suis né à Eauze, et je suis capable de vous faire un brûlot d’armagnac comme ça, lors d’un repas entre amis.  Alors, j’avais envie de le faire découvrir aux autres, et après avoir obtenu mon BTS, j’ai travaillé à l’Office de Tourisme d’Auch. J’étais à l’accueil, et je faisais aussi partie d’un service qui organise des séjours pour des groupes… » raconte Sébastien.

J’ai eu un déclic en voyant sur les réseaux sociaux une vidéo de moutons…

Quatorze ans plus tard, un petit bonhomme viendra chambouler son existence et son cheminement personnel, en le faisant papa. Sébastien a 40 ans, les priorités ne sont plus les mêmes, la vie familiale doit s’organiser différemment. Il veut prendre le temps d’être auprès de son fils et son épouse ; après son congé paternité, il pose - chose rare - un mois de congé sans solde.

En parallèle, la crise sanitaire s’invite dans notre quotidien, nous obligeant à revoir toutes nos certitudes et à reconsidérer l’avenir. L’heureux jeune père n’y échappe pas, d’autant que son activité professionnelle est lourdement impactée par les restrictions. Les touristes annulent leurs séjours, six mois de travail partent en fumée. La motivation n’est plus la même.

Ce qui m’a plus, outre le contact avec les animaux et l’aspect écologique, c’était aussi le côté social

« J’ai quitté l’Office de Tourisme en novembre 2020, sans trop savoir ce que j’allais faire. Peu avant Noël, j’ai eu un déclic en voyant sur les réseaux sociaux une vidéo de moutons en région parisienne. Nous-mêmes en avons quatre ici pour entretenir notre parc depuis cinq ans. J’avais appris à m’en occuper, à les tondre… mais jamais je n’aurais pensé en faire mon métier. J’ai creusé l’idée, et je suis tombé sur la profession de prestataire d’entretien d’espaces verts en éco-pâturage. Ce qui m’a plu, outre le contact avec les animaux et l’aspect écologique, c’était aussi le côté social, puisqu’ils sont installés près des habitants ».

Depuis Laval, “Animal & cité” lui propose une formation à Bordeaux. Un séjour dans une éco-ferme de la région parisienne lui permettra ensuite de mettre en pratique ses connaissances.

Sébastien est alors fin prêt pour accueillir son premier cheptel de 18 bêtes, privilégiant races anciennes et rustiques menacées de disparition : des moutons de Ouessant (les plus petits au monde), de Soay, venus des Hébrides Écossaises, semblables à des mouflons, et enfin des Landais, issus de l’élevage de Cazaubon, “La l’Uby des moutons”. 

Il créé sa société Slow Paysages le 1er décembre 2021, et commence à prospecter auprès d’entreprises et de collectivités. Très vite, l’entreprise Prolainat, basée à Blanquefort, manifeste son intérêt dans le cadre du développement de sa démarche Responsabilité Sociétale d’Entreprise. Les huit premiers moutons arrivent en avril 2022, pour y entretenir les espaces verts de la manière la plus douce et écologique qu’il soit.

En plus de tondre l’herbe sans impacter l’environnement, les moutons vont réveiller le sol en le piétinant…

Puis, ce sera au tour de la Ville d’Auch, très impliquée dans l’entretien naturel de ses jardins, de répondre favorablement à la proposition de l’éco-pâtureur. Les herbes du parc du Couloumé, du bassin d’Embaquès, et du Barrail sont désormais confiées aux bons soins de ses paisibles ruminants, attirant bien sûr la curiosité des promeneurs qui n’hésitent pas à engager la discussion autour des enclos.

« En plus de tondre l’herbe sans impacter l’environnement, les moutons vont réveiller le sol en le piétinant, ce qui va favoriser la pousse de graines sauvages jusque-là en sommeil. En attirant les insectes polinisateurs, qui eux-mêmes inciteront les oiseaux insectivores à revenir, l’apparition de ces plantes et fleurs participe au développement de la biodiversité » souligne Sébastien.

À la tête aujourd’hui d’un cheptel de 35 bêtes, il assure l’installation et le suivi de ses protégés, que ce soit pour des entreprises, des collectivités, ou des particuliers. Les moutons sont généralement accueillis pour une durée de huit mois (d’avril à novembre) sur un même lieu, contrairement à l’éco-pastoralisme où ils sont amenés à se déplacer.

Une fois leur “mission” terminée, ils regagneront tranquillement la bergerie de Slow Paysages, pour y passer l’hiver, à l’abri des intempéries.

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