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    Un fonds américain prend le contrôle de Latécoère

    Suite à son OPA amicale sur l’équipementier aéronautique toulousain, le fonds américano-canadien Searchlight détient désormais 62% du capital...
    LATECOERE 0
    En avril dernier, ce fonds d’investissement avait déjà acquis 26% de l’entreprise aéronautique, fournisseur de rang 1 des principaux donneurs d’ordres du secteur, à commencer par son principal client Airbus.

    C’est une nouvelle page qui se tourne dans la longue histoire de Latécoère, entreprise historique du secteur aéronautique installée depuis maintenant plus d’un siècle à Toulouse. L’équipementier, spécialisé dans les aérostructures (portes d’avion, fuselages, etc.) et les équipements et systèmes d’interconnexion (panneaux de cockpit, meubles avioniques, bancs de test, systèmes de divertissement en vol, etc.), est désormais contrôlé par Searchlight, un fonds établi à Toronto, New York et Londres.

    Ayant dans un premier temps acquis 26% de l’entreprise toulousaine, ce fonds avait lancé une OPA amicale, avalisée par Matignon et validée le 30 octobre dernier par l’AMF, en dépit de mises en garde de la part d’un groupe de députés. Avait simplement été exigée la rétrocession à un fonds d’investissement français de 10% du capital de Latécoère (en cas de sortie de cote). Mais quoiqu’il arrive, l’entreprise toulousaine (659 millions d’euros de chiffre d’affaires pour environ 5.000 salariés) passera bien sous pavillon étranger, puisque Searchlight dispose maintenant de 62,76% de son capital.

    Un équipementier d’envergure internationale…

    Engagée dans un plan « Transformation 2020 », l’entreprise s’était largement internationalisée ces dernières années. L’an dernier, elle avait ouvert un site de 5.000 m2 à Plovdiv, en Bulgarie. Plus récemment, elle inaugurait sa nouvelle usine indienne de Belagavi, posant un premier pied en Asie. Cette dernière usine doit « compléter l’appareil de production des harnais du groupe Latécoère et devrait atteindre un effectif de 300 personnes en 2022 ».

    L’équipementier est aussi implanté au Mexique, au Brésil, aux États-Unis, au Canada, au Maroc, en Tunisie, en Allemagne, en République Tchèque... Et bien sûr en France, avec son siège et plusieurs sites à Toulouse ou alentour, parmi lesquels celui de sa toute nouvelle usine 4.0 de Montredon, lancée l’an dernier et censée produire 500.000 pièces par an. On notera en outre que Latécoère dispose d’établissements à Liposthey (40), Gimont (32), Vitrolles et Montpellier.

    En marge de la médiatisation de ce dossier jugé stratégique par certains, Yannick Assouad, directrice générale de Latécoère depuis 2016, a précisé que l’opération ne changerait rien à la donne opérationnelle pour l’entreprise, dont les centres de décision resteront à Toulouse. « Le fonds Searchlight est un acteur financier. Il n’a évidemment pas vocation à opérer Latécoère », a notamment précisé la dirigeante. Ce fonds se serait fixé un horizon d’investissement de 5 ans.

    L’opportunité plutôt que la menace…

    Malgré l’émotion de certains députés, il n’y aurait donc pas franchement lieu de s’inquiéter. Tout au contraire, cette évolution au capital devrait permettre à l’entreprise de poursuivre son plan de développement avec un soutien solide. On rappelle qu’en 2014, la société historique des bigourdans Gabriel et Pierre-Georges Latécoère, qui fut au départ de l’aéronautique toulousaine, connaissait d’assez sérieuses difficultés, avec 300 millions d’euros de dettes au compteur.

    Cette dette n’avait pu être restructurée, déjà, qu’avec le concours des fonds américains Apollo et Monarch, qui l’avaient transformée en capital. Ces deux fonds n’ont pas souhaité poursuivre l’aventure et leurs parts sont donc passées au printemps à Searchlight, investisseur qui semble disposé à accompagner l’équipementier dans ses projets (au contraire d’acteurs français qui n’ont malheureusement pas donné suite). A priori, on ne peut donc pas vraiment parler d’une mauvaise nouvelle pour le fournisseur de rang 1 d’Airbus, Boeing, Bombardier, Dassault Aviation ou encore Embraer. À plus forte dans une industrie dont la dirigeante a rappelé qu’elle était « déjà largement internationale ».

    L’opération capitalistique se poursuit jusqu’au 20 décembre, avec encore une possible montée en puissance de la part du fonds Searchlight. Celui-ci pourra au passage se targuer d’avoir au portefeuille une technologie Li-Fi de Latécoère, en voie d’industrialisation avec l’aide de deux partenaires (Signify, l’ex-Philips Lighting d’un côté, et le sud-coréen Huneed Technologies de l’autre). Ce système « Light Fidelity », qui comme son nom l’indique s’appuie sur la lumière visible, permettra d’obtenir 100 à 200 fois le débit du Wi-Fi, et ce en vol, sans interférer avec les appareils de bord. Il semble bien que pour Latécoère, la transformation se poursuivra encore après 2020…

    Plus d’informations sur latecoere.aero

     

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