Installée à Urrugne, la Ferme Larrea incarne ce que le Pays basque sait produire de mieux : une agriculture enracinée dans le réel, fière de ses traditions, mais capable de se réinventer sans perdre le Nord. Depuis les années 40, la famille Exposito cultive cette terre avec la même énergie que les produits qui en sortent. Il y a d’abord eu les bœufs, une poignée de vaches laitières, puis le maraîchage mené par la grand-mère. Aujourd’hui, c’est une exploitation moderne et diversifiée où le lait, la pomme de terre, les chips artisanales, les yaourts et les verrines gourmandes jouent en équipe.
La ferme, c’est avant tout une affaire de famille. Pierre Exposito a repris le flambeau à 20 ans pour continuer l’œuvre de ses parents, Pantxoa et Marie. En 2005, son fils Beñat l’a rejoint, laissant de côté le maraîchage au profit de la transformation de pommes de terre. Puis, en 2011, Xabi complète le trio familial pour faire perdurer un modèle agricole qui ne fait pas dans l’industriel, mais dans le respect du vivant. Une cinquantaine de vaches laitières, une quarantaine de génisses, des terres exploitées avec soin et un credo : "produire moins, mais mieux".
De la vache au yaourt...
Rien de plus simple qu’un yaourt… à condition qu’il soit bien fait. Et à la ferme Larrea, on n’aime pas la demi-crème. Les yaourts sont élaborés sur place, à partir du lait tout droit sorti du pis, dans une unité de production flambant neuve. En effet, « le lait avec lequel nous fabriquons nos yaourts vient des vaches que nous élevons, ce qui nous permet de garantir une qualité de lait élevée et constante », précise le fermier. Ici, chaque pot est un concentré de cohérence : une vache qui a grandi en plein air, une alimentation équilibrée, un respect du cycle naturel, et un soin particulier pour le bien-être animal.
Ce souci du détail a été récompensé en 2025 par une médaille d’argent au Concours International de Lyon dans la catégorie yaourt fermier nature. Une fierté pour les Exposito, qui ne cherchent pas la gloire, mais reconnaissent que ce genre de distinction met un peu de lumière sur les efforts du quotidien. Et les pots ont aussi changé de look : plus gourmands, plus joyeux, ils invitent à ouvrir les yeux avant même d’ouvrir le couvercle.
… Du champ aux chips
On ne plaisante pas avec la chips, surtout quand elle est faite maison. Ici, la pomme de terre est cultivée avec amour avant d’être transformée à la ferme, selon « une recette au secret bien gardé qui fait la renommée de nos chips, bien au-delà de la Côte Basque ! » Ni grasse, ni fade, elle tape dans le mille entre tradition et exigence.
Les vendredis après-midi et les samedis matin, la ferme ouvre ses portes et ses bocaux. Là, les clients découvrent l’autre volet de la production : les verrines. Boudins, pâtés, chichons, plats cuisinés… Autant de recettes que « nous élaborons et fabriquons artisanalement avec des ingrédients locaux, majoritairement issus de nos productions. » Pas de bla-bla, mais du mijoté. La gamme s’étoffe et s’adresse aussi bien aux gourmets du coin qu’aux visiteurs de passage. Le goût d’ici, dans des pots qui voyagent bien.
Une famille, un terroir
Ce que la ferme Larrea revendique, ce n’est pas une énième innovation sortie d’un laboratoire de foodtech, mais une vision humble et lucide de l’agriculture. Celle où le circuit court n’est pas un gadget marketing, mais une nécessité quotidienne. Le lait est produit sur place, transformé sur place, vendu sur place ou dans un rayon qui garde le goût du territoire. La pomme de terre ne voit pas défiler des kilomètres avant d’être découpée. Et les animaux, eux, vivent à un rythme paysan, loin du tumulte des chaînes à haut débit.
Cette rigueur du terrain, c’est aussi celle d’une génération qui a su s’emparer des outils modernes (techniques innovantes, traçabilité poussée, packagings modernes), sans jamais perdre la boussole du bon sens agricole. Ici, on travaille avec la nature, pas contre elle. On transforme, mais on ne trahit pas.
À l’heure où la standardisation menace de tout aplatir, la ferme Larrea fait figure de contre-exemple vibrant. Chaque produit est le fruit d’une terre, d’un savoir-faire, d’une histoire. Et cette histoire s’écrit à plusieurs mains, celles de Pierre, de Beñat, de Xabi, et de tous ceux qui, dans l’ombre des étables ou au cœur du labo, mettent du cœur à l’ouvrage.
La ferme Larrea n’a pas attendu les injonctions politiques pour penser durabilité, souveraineté alimentaire ou bien-être animal. Elle incarne, sans tambour ni trompette, une forme de résistance gourmande. Celle qui prouve qu’en gardant les pieds dans la terre, on peut aussi viser les étoiles… ou du moins la médaille d’argent à Lyon.
COUP DE POUCE
Manger local, c’est un acte engagé, une manière de nourrir une économie de proximité, de préserver les savoir-faire, et de garantir un revenu digne à celles et ceux qui se lèvent tôt pour faire pousser, traire, élever, transformer.
Derrière chaque pot de yaourt fermier, chaque chips artisanale, chaque verrine de terroir, il y a des mains qui travaillent la terre, des familles qui transmettent un métier, des fermes qui résistent à la standardisation alimentaire. C'est pourquoi Beñat et Xabi méritent vraiment un coup de pouce de notre part. Comment ? N'hésitez pas à parler d'eux à vos proches et de partager cet article sur vos réseaux sociaux, afin d'inciter les gens à consommer local.
Choisir les produits d’une exploitation comme la Ferme Larrea, c’est refuser les circuits longs et opaques, c’est préférer la traçabilité au marketing, c’est privilégier la qualité sur la quantité. En optant pour une alimentation enracinée dans votre territoire, vous devenez le maillon d’une chaîne vertueuse : celle du goût, de l’économie locale, de l’environnement préservé.
C’est dans les choix quotidiens, sur les étals du marché, au coin d’une ferme ou dans un rayon bien sourcé, que se joue l’avenir de notre agriculture. Alors, faites-vous ce petit coup de pouce à vous-même : soutenez le travail bien fait, achetez malin, mangez local. Votre palais, votre planète et vos voisins vous diront merci.
Ferme Larrea
620 D810
64122 Urrugne
T. +33 (0) 5 59 47 08 36
Mail
Sébastien Soumagnas
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