La pandémie a eu des conséquences dévastatrices sur le trafic aérien, et Pau n’y a pas échappé. Avant cette crise, l’aéroport Pau Pyrénées accueillait 600.000 passagers par an, dont 300.000 voyageurs pour la liaison avec Orly.
Mais depuis 2020, le trafic peine à reprendre. En 2024, l’aéroport Pau-Pyrénées est passé sous la barre des 300.000 passagers (268.647 exactement), avec une baisse vertigineuse de fréquentation pour la ligne Pau-Orly, : seulement 120.000 passagers l’an dernier.
Cette baisse vertigineuse s’explique principalement par l'effondrement du trafic entre Pau et Orly. La liaison assurée par Transavia est passée de 36 à 7 vols hebdomadaires.
La filiale low cost d’Air France a tenté de relancer la liaison en 2022, mais sans parvenir à renverser la chute du trafic. Elle a finalement été suspendue le 27 octobre, en raison d’un coefficient de remplissage trop faible et d’une baisse régulière, la rendant lourdement déficitaire.
Quatre mois après l’arrêt de la liaison Pau-Orly, l’annonce de sa réouverture la semaine dernière a été un grand soulagement pour l’ensemble des acteurs institutionnels et économiques béarnais.
« Il existe une forte intimité entre l’aéroport Pau Pyrénées et la ligne Pau-Orly : elle fait partie des premiers vols commercialisés, et a été ininterrompue pendant plus de 60 ans. Cela explique le choc ressenti à l’annonce de ce divorce prononcé par Transavia, qui, du jour au lendemain, a décidé de suspendre cette ligne, malgré le besoin vital qu’elle représente pour l’attractivité du Béarn », présente Didier Laporte.
Un enjeu de taille pour le Béarn
Après des mois d'incertitude, le ciel s'éclaircit enfin. La réouverture de cette ligne est une excellente nouvelle pour le Béarn, qui était sous le choc de son interruption il y a près de 4 mois.
« Depuis octobre 2024, nous avons constaté une baisse d’activité chez les entrepreneurs béarnais. On a vu un glissement vers la ligne de Roissy, qui est au bord de la saturation aujourd’hui. Nous espérons que la clientèle affaires qui s’est tournée logiquement vers l’aéroport de Tarbes revienne à Pau. Nous avons mené une étude concernant l’impact du prix sur la décision d’achat entre les aéroports de Pau et de Tarbes. Finalement, le prix du billet joue peu dans la décision, ce n’est pas un frein déterminant dans le choix de la compagnie et du lieu de départ », ajoute Didier Laporte.
La reprise de cette liaison était une revendication forte des acteurs économiques et politiques locaux. Tous s'étaient mobilisés pour sortir de l'impasse et trouver une solution pérenne. Cette réouverture est donc une victoire collective, qui témoigne de l'engagement de tous pour le développement du Béarn.
Les chefs d’entreprise béarnais ont besoin de la plateforme paloise. Le Syndicat mixte de l’Aéroport de Pau Pyrénées leur avait envoyé un questionnaire afin d’avoir leur avis sur la nécessité d’avoir une liaison Pau-Orly.
« Avec la baisse du nombre d’aller-retour entre Pau et Paris, les Béarnais se sont dirigés vers l’aéroport de Tarbes. Aujourd’hui, nous avons une liaison opérationnelle, avec des horaires qui conviennent parfaitement à notre clientèle d’affaires (70% des passagers de Pau-Orly). Pour qu’elle soit pérenne, nous devons nous mobiliser. Cet appel s’adresse donc à tous les Béarnais », insiste Didier Laporte, président d’Air’py.
« Un important défi » pour Amelia
La réouverture de la ligne Pau-Orly apporte un signal positif à l'économie locale. Elle va permettre de renforcer les liens avec la capitale, de développer le tourisme et de créer des emplois. C'est une bouffée d'air frais pour le Béarn, qui peut ainsi envisager l'avenir avec plus d'optimisme.
C'est la compagnie Amelia, filiale du groupe Regourd Aviation, qui a repris le flambeau, avec deux vols quotidiens du lundi au vendredi, offrant ainsi une connectivité essentielle pour les acteurs locaux. Avec un objectif d’environ 70.000 passagers vers Orly et entre 80 et 85% de taux de remplissage de son appareil.
« Il est clair que c’est une ligne à risque. C’est pour cela que nous démarrons prudemment, avec une capacité de 49 sièges. Si nous sommes saturés et que cet appareil ne peut pas répondre à la demande, nous avons prévu d’utiliser un Embraer 190 en complément (100 places). Notre objectif est d’assurer la pérennité de cette liaison. Nous ne sommes pas venus pour une période éphémère ni pour faire de la philanthropie. Nous sommes là, car nous croyons au potentiel de cette ligne et à sa nécessité. Nous nous donnons jusqu’à octobre prochain pour décider que cette ligne soit rentable », confie Alain Regourd, PDG de la compagnie Amélia.
Du lundi au vendredi, il est donc prévu deux vols par jour entre Pau et Orly (7h30-9h et 17h30-19h) et deux Orly-Pau (9h40-11h10 et 19h50-21h20). Le week-end, il y aura un seul aller-retour. Le samedi, Pau-Orly (7h30-9h) et Orly-Pau (9h40-11h20) ; le dimanche, Pau-Orly (17h30-19h) et Orly-Pau (19h50-21h20). Avec un tarif moyen de 164 euros un aller-retour en moyenne.
« Le Béarn reste enclavé et la France centralisée. Avoir une connexion directe avec Paris n’est donc pas un caprice, mais une nécessité, autant pour nos entrepreneurs que pour les habitants du territoire. Nous avons besoin d’une mobilisation générale, de toutes les forces vives du territoire et de tous les Béarnais pour rendre cette ligne pérenne », appelle Jean-Louis Pérez, premier adjoint au maire de Pau.
Le Syndicat mixte va accompagner la compagnie avec une aide de minimis de 300.000 euros. Parallèlement, des discussions sont toujours en cours avec l’aéroport Tarbes-Lourdes Pyrénées pour une « stratégie gagnante-gagnante ».
Noémie Besnard
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